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IV

Chantez pour le pauvre chanteur !
Et qu’à votre voix, jeunes filles,
Du bagne affreux tombent les grilles !
Que son esprit, sous les charmilles[1],
Revienne au chant libérateur !
Suffit qu’un refrain lui sourie :
L’exilé revoit sa patrie ;
Allez, ô blonde théorie !
Chantez pour le pauvre chanteur !

V

Pitié pour le pauvre chanteur !
Seigneur qui nous dictes nos rimes,
Seigneur de bonté qui n’opprimes
Que les méchants fauteurs de crimes,
Seigneur de l’esprit créateur !
Au chansonnier dans l’indigence,
Verse tes trésors d’indulgence,
Ressuscite l’intelligence !
Pitié pour le pauvre chanteur !

  1. Cette pièce fut composée et récitée par l’auteur à l’occasion de la représentation donnée, au printemps de 1896, par les poètes-chansonniers au bénéfice du pauvre Jules Jouy, que la cruelle maladie, à laquelle il devait succomber, retenait alors captif dans une maison de santé de Picpus.