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I

Sur la hauteur, tout près des cieux,
Quand la nuit descend sur la terre,
On voit s’allumer les grands yeux
Du bruyant moulin de Cythère…
Dis-nous pour qui tu mouds ton grain.
Moulin, pour qui tournent tes ailes ?
Mouds-tu la joie ou le chagrin ?
Mouds-tu pour eux ? mouds-tu pour elles
                Moulin Rouge,
                Moulin Rouge,
    Pour qui mouds-tu. Moulin Rouge ?
    Pour la Mort ou pour l’Amour,
    Pour qui mouds-tu jusqu’au jour ?

II

Je mouds pour que les nains, les fous,
Les déshérités, les malades
Aient, moyennant quarante sous,
Leur part d’amour et de ballades.
Je mouds pour que les malheureux,
Les orphelins, les sans-caresses,
Aient des hivers moins rigoureux
Près de leurs sœurs, les pécheresses.