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I

J’ai chanté l’amour à vingt ans,
Et j’ai perdu, l’une après l’une,
Blonde ou brune, au clair de la lune,
Mes illusions et mon temps.
Mon cœur oubliait la Misère,
            Lire lon laire,
Pourtant la Misère était là.
            Lire lon la !

II

C’était un matin de rancœur ;
Ivre de ma tristesse accrue,
Je butai du pied, dans la rue,
Un pavé rouge comme un cœur.
C’était le cœur de la Misère,
            Lire lon laire,
Entre deux pavés planté là,
            Lire lon la !

III

Le pavé, se dressant vers moi :
« Combien j’ai vu de barricades.
Combien j’ai reçu d’estocades
De par la lettre de la loi !