apprenez donc que ce jeune orphelin qui a su vous intéresser, que ce porte-clefs qui depuis un an fait auprès de vous un service irréprochable, et si peu fait pour son sexe, est une femme inspirée par l’amour conjugal… ROC.
Une femme ? LÉONORE.
Voyez, en un mot, l’épouse de cette victime souffrante, et connoissez en moi Léonore Florestan. FLORESTANT.
Dieu ! PIZARE.
Qu’entends-je ? ROC.
Est-il bien possible ! FLORESTANT.
Ô prodige de force et du vertu ! LÉONORE, _toujours à ROC._
Ne souffrez pas qu’on fasse couler le sang de mon époux ; le ciel ne m’a fait pénétrer dans cet abîme que pour empêcher le plus noir des attentats… Secourez-moi, vous qu’il a choisi pour être mon soutien, répondez aux décrets de la justice éternelle. PIZARE, _s’élançant entre ROC et Léonore, et les séparant avec force._
Eh quoi ! tu pourrois céder à une femme, oublier à la fois ton devoir et ta fortune !… Vois donc qui je suis (_Il arrache son masque_), et reconnois Pizare ! ROC, _intimidé._
Le gouverneur ! FLORESTANT, _avec force._
Pizare !…. PIZARE, _avec fureur._
Oui, Pizare. FLORESTANT, _s’élançant et agitant ses chaînes._
Ah scélérat ! (_Tableau, moment de silence._) PIZARE, _donnant une bourse à ROC, qu’il éloigne peu-à-peu._
Voici cent piastres d’or que j’ajoute à celles que je t’ai données !… Tu connois mon crédit, mes trésors, ma puissance ; balanceras-tu maintenant à me seconder dans ce que je viens faire ?…. Allons, séparons-les…. (_Il s’avance une seconde fois pour frapper Florestan._)