ENSEMBLE. LÉONORE.
Sera maman, MARCELINE.
Sera papa. MARCELINE.
Il me semble déjà l’entendre. LÉONORE, _vivement, et avec beaucoup d’émotion._
Ah ! puissent tes enfans te rendre Même tendresse et même attachement ! MARCELINE.
Ô mon ami, quel doux frémissement J’éprouve en ce moment ! ENSEMBLE. LÉONORE, _à part._
Quelle souffrance ! Quel embarras ! Et qu’il m’en coûte hélas ! D’abuser de son innocence ! MARCELINE, _aussi à part._
Douce alliance ! Jour plein d’appas ! L’bonheur ne nous quittera pas : Oui, tout m’en offre l’assurance.
(_Pendant la ritournelle, Léonore tombe dans une profonde réverie)._ MARCELINE.
Allons, te voilà encore tombé dans les rêveries ordinaires ; c’est singulier, comme tu passes tout-à-coup d’la joie à la tristesse…. On diroit, mon ami, que tu aurois des chagrins que tu voudrois cacher. LÉONORE.
Moi ! point du tout, je t’assure. MARCELINE.
Eh bien, imite-moi donc : je ne fais que chanter et rire, moi, surtout, d’puis qu’il est décidé que tu s’ras mon mari. LÉONORE.
Ah ! si comme toi, j’avois une famille !…. Si comme toi, je connoissois mon père !…. MARCELINE.
Comment tu penses toujours a ça…. tu m’avois cependant bien promis d’être plus raisonnable.
LÉONORE.
Que veux-tu ? malgré moi cette idée me suit par-tout et me tourmente sans cesse. MARCELINE.
Je ne m’étonne donc plus de c’que tu disois l’autre jour en rêvant.