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de la fausse conscience

qu’il semble, une sorte de cercle vicieux. Où sont les deux personnages que réclame toute espèce de tromperie, à savoir le trompeur et le trompé, le fourbe et la dupe ? Il n’y en a pas deux, mais un seul qui est moi-même. « Qui donc trompe-t-on ici », comme dit Basile dans le Barbier de Séville. Autant au jeu d’échecs faire jouer ma main droite contre ma main gauche, autant chercher à me voler moi-même en faisant passer mon argent d’une poche dans l’autre, que de chercher à me mentir à moi-même.

Il n’est pas besoin cependant de descendre bien avant dans le cœur humain pour y trouver l’explication de cette énigme, si singulière en apparence, de la fausse conscience. Disons d’abord qu’il ne faut pas la confondre avec la conscience erronée, telle que l’entendent les théologiens. La conscience erronée peut être l’effet d’une ignorance invincible qui ne laisse subsister aucune responsabilité ; tandis que la fausse conscience est de notre fait et n’admet pas d’excuse.

On a dit de l’hypocrisie qu’elle est un hom-