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questions de morale pratique

qu’ils ont fait et que la conscience n’a rien à leur reprocher.

Il en est des nations comme des individus ; combien dans le passé et même dans le présent, parmi les plus civilisées, auxquelles a manqué, dans les choses les plus graves, le sens de ce qui est juste ou injuste ? Combien ont mis la force à la place du droit ? Enfin, à une première vue, l’histoire même tout entière, avec la diversité, suivant les temps et les lieux, des notions de justice ou d’injustice, avec tant de pratiques monstrueuses qui ont été en honneur, semble protester contre ce sens moral que nous attribuons à tous les hommes.

Notre but n’est pas de refaire une réponse déjà faite bien des fois aux objections historiques contre l’existence d’une loi universelle de justice. Nous voulons seulement montrer ici comment la conscience s’altère, dans les individus, sans que néanmoins on puisse nier qu’elle existe, pas plus qu’une loi n’est effacée d’un code quelconque pour être plus ou moins souvent violée. D’ailleurs, nous pouvons induire du petit au grand, de ce qui se passe dans la conscience