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IV

sont aujourd’hui dans toutes les bouches. C’est que depuis un siècle tout a changé, les manières de voir, les goûts, les jugements, et pour ainsi dire les faits eux- mêmes ; tant la critique et les recherches nouvelles ont transformé l’histoire ! Sans nous asservir à ces caprices de la mode, nous avons suivi dans une juste mesure le mouvement des esprits, et nous avons réglé le choix, le nombre et l’étendue des articles sur l’importance réelle qu’ils devaient avoir pour notre époque. Nous avons donné une attention toute particulière aux articles consacrés aux gens de lettres, aux savants, aux philosophes, qui occupent généralement bien peu de place dans les traités d’histoire générale, et qui souvent sont fort négligés ou tout a fait omis dans les dictionnaires abrégés. Bacon a dit ingénieusement : « L’histoire du monde sans l’histoire des savants, c’est la statue de Polyphême a qui on a arraché l’œil, et qui a ainsi perdu ce qui donne au visage la vie et l’expression (*). » Nous n’avons pas voulu qu’on pût nous reprocher d’avoir ainsi défiguré notre œuvre. Nous nous sommes surtout attaché à résumer clairement et à bien caractériser les systèmes des philosophes, qui sont généralement si peu compris et si mal appréciés. On ne s’étonnera pas que cette partie ait été traitée avec quelque prédilection par l’auteur, qui, voué à l’étude de la philosophie, a consacré vingt années de sa vie k cet enseignement. Est-il nécessaire d’ajouter que, dans la rédaction des articles, nous nous sommes fait une loi d’observer la plus stricte impartialité ? Cela ne veut pas dire qu’indifférent au mal comme au bien, nous ayons pu rapporter, sans les flétrir, les actes odieux qui ont mérité la réprobation du genre humain, ou citer, sans les honorer, les traits de générosité, de dévouement, qui ont immortalisé leurs auteurs ; que nous ayons parlé des grands maîtres en tout genre, dans les sciences, dans les lettres, dans les arts, sans leur payer un juste tribut de reconnaissance et d’admiration ; mais dans ces appréciations, nous n’avons fait que reproduire les jugements prononcés par la postérité et consacrés par l’histoire ; supprimer ces jugements, c’eût été être infidèle et incomplet. Du reste, pour tout ce qui est encore en litige et qui peut être un objet de doute aux yeux des hommes de bonne foi, pour tout ce qui est trop récent, et pour ainsi dire actuel , nous nous sommes abstenu de prononcer, pensant que ce livre, destiné a être consulté par des personnes de toutes les opinions, n’en devait heurter aucune, et qu’ici notre rôle devait se borner k rappeler les faits, les exposer fidèlement, et à mettre ainsi devant les yeux de chacun les pièces du procès. Les matériaux s’offraient en abondance pour remplir le vaste cadre que nous nous étions tracé. Sans entreprendre ici la longue et fastidieuse énumération des ouvrages de toute espèce qu’il nous a fallu consulter, nous indiquerons sommairement ceux qui nous ont servi de base. La réputation dont la plupart de ces ouvrages jouissent à si juste titre nous dispensera de tout éloge. Ce sont : Pour l’histoire et la chronologie , l'Art de vérifier les Dates, dont les supputations sont généralement admises dans l’enseignement ; les Précis et Cours d’histoire publiés par MM. les professeurs des collèges royaux, et revêtus de l’approbation de l’Université ; — pour les événements contemporains qui ne sont pas encore entrés dans le domaine de l’histoire, les Annuaires historiques de M. Lesur et leurs continuations ; — pour l’histoire sainte , le Dictionnaire historique et géographique de dom Calmet ; — pour l’histoire de la philosophie, le Manuel de l’histoire de la philo-

(•) De Augmentis scientiarum, livre 11, ch. 4, § 1 (vol. I, p. 118 de notre édition).