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III


métrique, la même nomenclature ; faire enfin régner partout un seul et même esprit et par là échapper a ces contradictions sans nombre qu’offrent les ouvrages sortis de mains différentes. Nous avons pu aussi éviter de fréquentes répétitions : souvent, en effet, les mêmes noms, les mêmes articles se trouvent également, par exemple, dans les dictionnaires consacrés à l’histoire ou à la biographie, et dans ceux qui traitent de la mythologie ; les personnages fabuleux placés sur les confins du monde historique et du monde mythologique ont autant de titres à figurer d’un côté que de l’autre. Il en est de même de l’histoire et de la géographie, qui empiètent à chaque instant l’une sur l’autre : comment, en effet, parler d’un peuple sans faire connaître le théâtre où se sont développés les événements qui composent son histoire ? Comment parler d’un pays sans retracer les vicissitudes qu’il a subies, les révolutions qui se sont accomplies à sa surface ? En évitant toutes ces redites, nous avons gagné un terrain précieux : c’est ce qui explique comment ce Dictionnaire universel a pu être aussi complet dans chacune des parties qu’il réunit que la plupart des dictionnaires spéciaux.

Embrassant un si vaste champ, nous avons dû avant tout bien déterminer les limites dans lesquelles il fallait nous renfermer. Au milieu de cette multitude infinie de noms et de détails qui remplissent d’innombrables volumes, ce n’était pas une médiocre difficulté que de faire le triage des noms qui méritaient d’être admis dans cette espèce de Panthéon historique, que de choisir les traits caractéristiques et vraiment essentiels qui devaient entrer dans chaque article. Il y avait un milieu à garder entre le trop et le trop peu, entre une abondance qui, en donnant à ce livre une étendue démesurée, l’eut empêché de devenir usuel, et une pénurie, une sécheresse qui, en le réduisant à une aride nomenclature, lui eussent enlevé tout intérêt, toute utilité.

Dans l’histoire et la biographie, nous avons donné place à tous les événements qui ont laissé quelque trace dans la mémoire des hommes ou amené des résultats de quelque importance, a tous les personnages dont le nom rappelle quelque grande action, quelque découverte, quelque production remarquable. Dans la géographie, nous nous sommes fait une loi d’admettre tout ce qui figure parmi les divisions soit naturelles, soit politiques et administratives de chaque contrée ou de chaque état, tous les lieux auxquels se rattachent des souvenirs historiques ou qui se recommandent à l’attention par quelque monument, par quelque industrie. Pour la France, nous avons dû entrer dans des détails plus amples encore : nous avons fait connaître non seulement les grandes divisions anciennes et nouvelles, les grands centres de population et d’industrie, mais tous les chefs-lieux de canton, quelque peu importants qu’ils pussent être par eux-mêmes, parce que toute division administrative est un point de repère auquel on a fréquemment besoin de recourir.

Dans le choix des articles, nous avons eu sans cesse en vue les besoins du public auquel nous nous adressions, et de l’époque pour laquelle nous écrivions. Il en est des noms propres comme des mots de la langue ; ils sont emportés par un mouvement qui précipite les uns dans l’oubli, qui fait revivre les autres :

Mulia renascentur quæ jam cecidere, cadentque
Quæ nunc sunt in honore vocabula, si volet usus, etc.

Ainsi tel dictionnaire qui eut un grand succès dans le siècle dernier est rempli de longues généalogies, de minutieuses descriptions d’armoiries, de notices détaillées sur une foule de casuistes et de controversistcs, qui de nos jours intéresseraient bien peu de lecteurs, tandis qu’on y chercherait vainement des articles sur certains personnages du moyen âge, sur certains écrivains étrangers, sur certains philosophes, dont les noms