Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

servaient jadis les Scandinaves (Danemark, Suède, Norvège, Allemagne septent.) et dont leurs prêtres se réservaient la connaissance. L'alphabet runique n'a que 16 lettres; elles sont formées de barres horizontales et verticales; plusieurs ressemblent au plus ancien alphabet grec. On trouve surtout en Suède (dans la prov. d'Upland et l'île de Gottland), dans le Schleswig, et même dans l'Amérique du Nord, des pierres dites pierres runiques, qui sont couvertes de ces caractères. On conjecture que les runes dérivent des caractères phéniciens, et qu'ils auront été apportés par des navigateurs de Phénicie, qui auraient pénétré dans la Baltique. Quelques-uns pensent au contraire qu'ils ne datent que du IXe s. de J.-C. En effet, les plus anciennes inscriptions runiques connues ne remontent pas au delà.

RUPEL (la), riv. de Belgique (Anvers), se forme à Rumpst, à 7 kil. N. E. de Malines, par la réunion de la Dyle et de la Nèthe, et va se joindre à l'Escaut, en face de Rupelmonde, à 13 kil. S. O. d'Anvers, après un cours de 15 kil. Elle est très-large : les vaisseaux la parcourent à la voile.

RUPELLA, nom latinisé de La Rochelle.

RUPELMONDE (c.-à-d. Bouche de la Rupel), v. de la Belgique (Flandre orient.), sur l'Escaut, en face de l'embouch. de la Rupel, à 15 kil. N. E. de Dendermonde; 2800 hab. Quelques-uns y font naître le géographe Mercator.

RUPEN ou ROUPEN I, roi d'Arménie, fondateur de la dynastie des Rupéniens, qui régna sur l'Arménie jusqu'au XIVe s., fut souverain de la Petite-Arménie (Cilicie et Cappadoce) de 1080 à 1095. — II, roi de l'Arménie Cilicienne (1174-85), abdiqua en faveur de Léon, son frère, et se retira dans un couvent. — Fils du comte de Tripoli Raymond et d'Alix, fille de Rupen II, fut exclu du trône d'Antioche par Boémond, mais le recouvra, grâce à l'intervention de Léon, son grand-oncle, roi d'Arménie. Il ne paya ce prince qu'en tentant de le déposséder, mais il échoua. Attaqué de rechef par Boémond, puis par le baron Constantin, il perdit la couronne et la vie en 1221.

RUPERT (S.), apôtre de la Bavière, prêcha la foi dans ce pays de 700 à 712, et devint en 716 év. de Salzbourg.

RUPERT (Robert DE BAVIÈRE, dit le prince), né en 1619, m. en 1682, était fils de l'électeur palatin Frédéric V (qui avait épousé la fille aînée de Jacques I, roi d'Angleterre) et neveu de Charles I. Il fut un des principaux généraux de Charles dans la guerre civile, eut part à la bataille d'Edge-hill, près de Warwick (1642), fit lever le siège d'York (1644), mais perdit les batailles de Marston-Moor (1644) et de Naseby (1645), et fut forcé de rendre Bristol à Fairfax. Comblé d'honneurs à la Restauration, il devint amiral avec Monk (1666). Il quitta les affaires en 1679 pour ne plus s'occuper que de physique et de chimie. On lui attribue plusieurs inventions, entre autres celle de la gravure a l’aquatinta. Il a laissé des Mémoires, publiés seulement en 1849, à Londres.

RUREMONDE, Roermonde en flamand, v. forte de Hollande (Limbourg), au confluent de la Roër (ou Ruhr) et de la Meuse, a 44 kil. N. E. de Maëstricht; 8000 h. Anc. évêché, suffragant de Liège. Drap, autres lainages ; commerce important. Patrie du géographe Mercator (que d'autres font naître à Rupelmonde). — Fortifiée et érigée en ville en 1290 par Othon III, comte de Gueldre ; prise par les Hollandais sur les Espagnols en 1572 et 1632, mais rendue à l'Espagne; reprise par les Hollandais en 1702; cédée en 1716 aux Impériaux, qui en firent la capitale de la Gueldre autrichienne. Prise par les Français en 1792, elle fut sous leur domination le ch.-l. d'un des arrondissements du dép. de la Meuse-Inférieure jusqu'en 1814. L'évêché, érigé en 1561 par Pie IV, a été réuni à celui de Liège en 1801.

RURIK, fondateur de la monarchie russe, avait été chef de Varègues (V. ce mot). Appelé en 861 par les habitants de Novogorod, il leur prêta secours contre des voisins pillards; mais dès l'année suivante, il s'empara du pouvoir, et assujettit ceux qu'il était venu défendre. Il étendit son autorité sur Polotsk, Rostov, Mourom, etc., et prit le titre de grand-prince ou grand-duc. Il mourut en 879, laissant son fils Igor sous la tutelle d'Oleg, son parent. Sa dynastie occupa le trône de Russie jusqu'à la fin du XVIe siècle.

RUSCINO, auj. Perpignan, ou plutôt la Tour de Roussillon ou Castel-Roussillon, ch.-l. des Sardones, peuple de la Narbonaise 1re, à l'E., près de la Méditerranée et de l'embouch. du Telis (auj. le Tet), reçut après la conquête romaine une colonie et les privilèges de ville latine. C'est de cette ville que le pays a pris le nom de Roussillon.

RUSICADA, v. de Numidie, auj. Philippeville.

RUSSELL (William), patriote anglais, fils de Will. Russel, 1er duc de Bedford, qui avait pris parti dans les guerres civiles contre Charles I, naquit en 1639, voyagea sur le continent, entra en 1661 à la Chambre des communes, se mit à la tête de l'opposition qui, en 1672, renversa le ministère dit de la Cabal (V. ce mot), se prononça de même contre lord Danby, devenu 1er ministre, sollicita en vain une accusation en forme contre cet homme d'État, provoqua des rigueurs contre les fauteurs du prétendu complot papiste, auquel il croyait de bonne foi (V. OATES), proposa d'écarter des conseils du roi le duc d'York, depuis Jacques II (1679), eut une grande part à l'adoption par les Communes du bill qui excluait ce prince du trône, et porta ce bill à la Chambre des lords, qui le rejeta (1680). Quand Charles se mit à gouverner sans le parlement, il entra dans la conspiration de Monmouth, et fut condamné à mort, bien qu'il n'eût voulu qu'une modification dans la marche du gouvernement. Il subit son arrêt avec courage le 21 juillet 1683. Sa mort fut généralement regardée comme un assassinat juridique, et sa mémoire fut réhabilitée en 1689. — Edward R., cousin du précéd., né en 1651, m. en 1727, prit part à la révolution de 1688, fut nommé par Guillaume III membre du conseil privé, et mis à la tête de la flotte chargée de s'opposer au débarquement de Jacques II. Secondé par la flotte hollandaise, il gagna en 1692 la bataille de La Hogue sur l'amiral français de Tourville, mais il ne put empêcher la réunion des flottes françaises de Brest et de Toulon. Envoyé comme amiral en chef dans la Méditerranée, il força Tourville à s'éloigner de la Catalogne, et délivra Barcelone, assiégée par les Français (1694). Il fut en récompense nommé pair et fait comte d'Oxford. Accusé de concussions sous la reine Anne par la Chambre des communes, il fut acquitté par la Chambre des lords (1698), et replacé à la tête de l'amirauté. Il se retira lors du triomphe des tories (1714). Sa Vie a été écrite récemment par lord John Russel.

RUSSEY, ch.-l. de canton (Doubs), à 49 kil. S. de Montbéliard; 1147 hab. Marais et tourbières.

RUSSIE (Empire de), le plus vaste État du globe, s'étend en Europe, en Asie et en Amérique, de 16° 10' long. E. à 133° long. O., et de 38° 40' à 81° lat. N., ayant env. 15 000 kil. de l'E. à l'O. et 5000 du N. au S. Baignée partout au N. par l'Océan glacial arctique, la Russie a pour bornes ailleurs : 1° en Europe, à l'O., l'empire d'Autriche, la monarchie prussienne, la mer Baltique, la Suède: au S., la Moldavie et la Turquie d'Europe; 2° en Asie, au S., la Turquie d'Asie, la Perse, le Turkestan, et les vastes annexes de l'empire chinois; 3° en Amérique, l'Amérique anglaise à l'E. Des trois Russies, la Russie d'Asie est sans comparaison la plus grande; mais celle d'Europe, qui en est à peine la moitié, est infiniment plus importante. La population totale de l'empire, en y comprenant celle de la Pologne et de la Finlande, est de près de 75 000 000 d'âmes. la capitale générale est depuis 1703 St-Pétersbourg; c'était auparavant Moscou. Les divisions de l'empire russe portent pour la plupart le nom de gouvernements; quelques-unes sont appelées provinces et districts; une seule (l'anc. Pologne) a le titre de royaume