Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

semble avoir eu d'abord pour demeure l'île de Rugen, dans la mer Baltique, et les bords de l'Oder. Chassés par les Goths, les Rugiens fondèrent en 450 dans la Germanie méridionale un empire qui embrassait la Moravie et l'Autriche au N. du Danube. Cet empire, appelé de leur nom Rugiland, fut détruit par Odoacre vers 487. Après la destruction de l'empire d'Odoacre (495), le Rugiland devint l'asile des Hérules. Vers 500, les Lombards se fixèrent à leur tour dans le même pays, et refoulèrent les Hérules vers la Scandinavie.

RUGLES, ch.-l. de c. (Eure), sur la Rille, à 54 k. S. O. d'Évreux; 1853 h. Épingles et pointes dites de Paris, aiguilles, fil de fer, tréfilerie, etc.

RUHNKENIUS (David RUHNEKEN, en latin), célèbre philologue, né en 1723 à Stolpe (Poméranie), m. en 1798, fut adjoint de Hemsterhuys à Leyde pour la langue grecque (1757-61), puis professeur d'histoire et d'éloquence dans la même université, et enfin bibliothécaire de l'Académie en 1771. On a de lui : Epistolæ criticæ in Homeridarum hymnos, Leyde, 1749 et 1781 ; Timæi sophistæ lexicon vocum platonicarum, 1754; Historia critica oratorum græcorum, 1768; Velleius Paterculus, cum notis variorum, 1779; Homeri hymnus in Cererem,1181; de Vita et scriptis Longini, 1766; Opuscula oratoria, philologica, critica, 1797 et 1823 ; Antiquitates romanæ, 1835. Son érudition était immense, son jugement sûr, son style latin admirable. Wyttenbach a écrit sa Vie.

RUHR (la), riv. d'Allemagne qui naît en Westphalie (Arensberg), coule au N. O., reçoit la Lenne, la Mœne, la Wolni, et se jette dans le Rhin à Ruhrort, après un cours d'environ 200 kil. — Riv. des États prussiens, affluent de la Meuse, est plus connue sous le nom de Roer. V. ce nom.

RUHRORT, v. des États prussiens (prov. Rhénane) , au confluent de la Ruhr et du Rhin, à 24 kil. N. de Dusseldorf; 4000 hab. Construct. de bateaux.

RUINART (Dom), savant bénédictin, né à Reims en 1657, m. en 1709, fut longtemps le collaborateur du P. Mabillon. Il a publié seul : Acta primorum martyrum sincera, 1689 (il réfute dans la préface les paradoxes de Dodwell sur le petit nombre des martyrs); Historia persecutionis Vandalicæ (1694), et a donné une édition estimée de Grégoire de Tours (1699), une Vie de Mabillon (1709), un Voyage en Lorraine et en Alsace, etc.

RUINES, ch.-l. de c. (Cantal), à 11 kil. S. E. de St-Flour; 846 hab. Scieries de planches de sapin.

RUISDAEL (Jacq.), paysagiste hollandais de Harlem, 1636-81, avait d'abord exercé la médecine. Il excella dans les paysages et les marines. Nul ne sut mieux rendre la nature en général, les chutes d'eau, les forêts sauvages, et la mélancolie de certains sites, éclairés par une lumière funèbre. Ne dessinant pas aussi bien la figure, il empruntait pour cette partie le pinceau de Berghem, de Wouwermans ou de quelque autre maître. On cite surtout de lui une Chasse au cerf (à Dresde), le Coup de soleil, la Tempête ou le Coup de vent (tous deux au Louvre).

RULHIÈRE (Claude Carloman de), littérateur, né en 1735 à Bondy près de Paris, m. en 1791, fut aide de camp du maréchal de Richelieu en Guyenne, puis secrétaire du baron de Breteuil, qui l'emmena dans son ambassade en Russie (1760), put observer dans ce pays la révolution de 1762, dont il traça depuis le tableau, fut chargé d'écrire l'histoire des troubles de la Pologne pour l'instruction du dauphin (depuis Louis XVI), reçut pour ce travail une pension de 6000 fr., et parcourut l'Allemagne, la Prusse, la Pologne, afin de rassembler les matériaux de son ouvrage, qui ne parut qu'après sa mort. Il avait été reçu à l'Académie française en 1787. Les plus importants de ses écrits sont : Éclaircissements sur les causes de la révocation de l'édit de Nantes (1788); Anecdotes sur la révolution de Russie en 1762 (cet ouvrage, composé dès 1765, ne put paraître du vivant de Catherine II : il ne fut publié qu'en 1797); Hist. de l'anarchie de Pologne, ouvrage estimé, qui malheureusement n'a pu être achevé par lui; elle n'a été publiée qu'en 1807, par Daunou ; elle a été continuée par A. F. C. Ferrand, 1820, et complétée dans une nouvelle édition due à C. Ostrowski, Par., 1862. On a aussi de Rulhière des poésies, parmi lesquelles on remarque le Discours sur les disputes et les Jeus de main, poëme en 3 chants. Auguis a donné ses Œuvres diverses, 2 vol. in-8, 1819.

RULLUS (P. SERVILIUS), tribun du peuple en 63 av. J.-C, proposa une loi agraire tendant à faire vendre an profit du peuple toutes les terres appartenant au domaine public dans les provinces, et à faire acheter avec le produit de la vente des champs en Italie pour les distribuer aux pauvres. Cicéron, alors consul, parvint, par son éloquence, à faire rejeter par le peuple même cette loi si populaire. Nous possédons 3 des discours qu'il prononça à cette occasion.

RUMFORD (Benjamin THOMPSON, comte de), physicien et philanthrope, né en 1753 dans l'Amérique anglaise, à Rumford, auj. Concord (New-Hampshire), m. en 1814 à Auteuil, prit parti pour la métropole dans la guerre de l'indépendance, fut chargé, en 1776, de porter à Londres la nouvelle de l'évacuation de Boston par les troupes anglaises, fut nommé en 1780 sous-secrétaire d’État en Angleterre, retourna en 1782 en Amérique avec le grade de colonel pour y combattre les insurgés, quitta ce pays après la reconnaissance de son indépendance, prit du service auprès de l'électeur de Bavière Charles Théodore, fut nommé par ce prince lieutenant général de ses armées, puis chargé du département de la guerre et de la direction de la police, signala son administration par d'utiles réformes, supprima la mendicité, et appliqua la science au soulagement des malheureux : c'est lui qui forma le 1er établissement de ces soupes économiques qui portent son nom. Charles-Théodore, en reconnaissance de ses services, le créa comte et le nomma ambassadeur en Angleterre; mais quelques défauts de forme l'empêchèrent d'être reconnu comme tel à Londres. À la mort de l'électeur (1799), il quitta la Bavière, vint se fixer en France en 1802, et épousa en 1804 à Paris la veuve de Lavoisier. On doit à ce savant des recherches sur la vertu nutritive de différentes substances et sur la chaleur, ainsi qu'un calorimètre et un thermoscope; il perfectionna les cheminées, les lampes, et inventa les foyers qui portent son nom. Il était membre de la Société royale de Londres et associé étranger de l'Institut de France. Il a inséré plusieurs mémoires dans les Transactions philosophiques de Londres et dans les Mémoires de l'Institut. On a publié à part ses Mémoires sur la chaleur, Paris, 1804, et sur la combustion, 1812. Ses Essais politiques, économiques et philosophiques avaient paru dès 1798.

RUMIGNY, ch.-l. de cant. (Ardennes), à 25 kil. S. O. de Rocroy; 847 hab. Patrie de La Caille.

RUMILLY, ch.-l. de c. (Hte-Savoie), à 16 k. S.O. d'Annecy, dans une plaine fertile en grains; 4446 h.

RUMMEL (le), Ampsagas, riv. de l'Algérie, passe à Constantine et à Milah, et tombe dans la Méditerranée à l'E. de Bougie, après 150 kil. de cours.

RUMP, c.-à-d. Croupion, nom donné par dérision en Angleterre aux débris du long-parlement.

RUNDJET-SING (c.-à-d. Roi victorieux), roi de Lahore, né vers 1782 à Lahore, d'une tribu obscure, mort en 1839, se distingua dans plusieurs combats contre les Anglais, fut élu pour chef par les Seikhs vers 1800, réussit à soustraire son pays à la domination anglaise, et fut en peu de temps maître d'une vaste contrée embrassant le Pendjab, le Moultan, le Kachmir, le Peychawer et partie de l'Afghanistan. Il accueillit dans ses États les généraux français Allard et Ventura, qui disciplinèrent ses troupes, les organisèrent à l'européenne, et leur assurèrent la victoire. Depuis sa mort, son empire est devenu le théâtre de révolutions et de guerres intestines.

RUNES (du goth runa, secret), caractères dont se