Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que le duc de Brunswick, sur le point d’envahir la France, lança son fameux manifeste (août 1792).

RUBENS (P. Paul), le premier des peintres flamands, né en 1577, à Cologne ou plutôt à Siegen (Nassau), d’une famille noble et aisée d’Anvers, chassée de sa patrie par les persécutions religieuses, fit des études et fut d’abord destiné à la robe, mais il se sentit entraîné vers la peinture, étudia sous Adam Van Ort et Otto Vænius, puis visita l’Italie (1600), séjourna successivement à Rome, à Florence, à Mantoue, à Gênes, revint en Flandre vers 1610, précédé d’une très-grande réputation, fut appelé par l’archiduc Albert à Bruxelles, puis par Marie de Médicis à Paris, où il orna le palais du Luxembourg de ses peintures (1620) ; mais habita presque continuellement Anvers et enrichit de ses ouvrages la plupart des églises de cette ville. Il fut anobli et comblé d’honneurs par l’archiduc Albert, gouverneur des Pays-Bas, et par l’infante Isabelle, son épouse. Celle-ci le chargea même démissions diplomatiques près de Jacques I, roi d’Angleterre, de Philippe IV, roi d’Espagne, et des Sept Provinces-Unies. Rubens mourut en 1640, jouissant d’une grande fortune. La facilité de cet artiste tenait du prodige : le nombre de ses ouvrages reproduits par la gravure s’élève à plus de 1300. Il excellait dans tous les genres et peignait avec un égal succès l’histoire, le portrait, le paysage, les fleurs, les animaux ; cependant ses principaux ouvrages sont dans le genre de l’histoire et représentent des sujets religieux. On cite dans le nombre : la Descente de croix de la cathédrale d’Anvers ; les Quatre Évangélistes, aux Jacobins de la même ville ; le Crucifiement de S. Pierre, à Cologne ; une Assomption, le Christ mort sur les genoux de la Vierge, le Christ foudroyant l’hérésie. Paris possède de lui, outre 21 tableaux, la plupart allégoriques, faits pour Marie de Médicis et Louis XIII, la Fuite de Loth, le prophète Élie, l’Adoration de Mages, la Fuite en Égypte, le Denier des Césars, le Triomphe de la religion. On admire surtout chez Rubens la vigueur du pinceau, la magie de la couleur, le grandiose de l’effet, l’enthousiasme et la variété de la composition ; mais on lui reproche l’usage trop fréquent de l’allégorie et le mélange peu judicieux du sacré et du profane. Rubens a formé un grand nombre d’élèves illustres. Van Dyck, Jacques Jordaens, Quellyn, Téniers, etc., et a laissé un Traité estimé de la Peinture, 1622. Il était aussi un très-habile graveur. Anvers lui a élevé une statue. Son Histoire a été écrite par A. Vanharfelt. — Albert Rubens, son fils (1614-57), se distingua par ses connaissances en histoire et en numismatique. On a de lui : Regum et imperatorum romanorum numismata, Anvers, 1654 ; De re vestiaria veterum, 1665.

RUBICON, Rubico, auj. le Pisatello, petite riv. d’Italie, tributaire de l’Adriatique, séparait la Gaule Cisalpine de l’Italie propre. Il était défendu à tout général romain d’entrer avec son armée dans l’Italie propre : le passage du Rubicon par César en armes fut la manifestation décisive de sa révolte et le commencement de la guerre civile (49 av. J.-C.).

RUBRICATUS, riv. d’Hispanie (Tarraconaise), est auj. le Llobregat. — Fleuve de Mauritanie Sitifienne, qui se jette dans le Bagradas, est auj. la Seybouse.

RUBRUQUIS (Guill. de RUYSBRŒCK, dit), cordelier, né dans le Brabant vers 1230, m. vers 1300, fut envoyé par le roi de France Louis IX en Tartarie (1253) pour y prêcher l’Évangile ou plutôt pour nouer des intelligences avec les Mongols, visita le khan Batou, puis le grand khan Mangou à Caracorum, fut admis à disputer, en présence de ce prince, avec des prêtres nestoriens et des imams, mais sans obtenir de résultat, et rapporta une lettre du grand khan au roi de France en Terre-Sainte. Il se fixa à son retour dans un couvent d’Acre, et de là rendit compte de son voyage à Louis par une Lettre pleine de curieux détails sur l’histoire et les mœurs des Mongols. Cette lettre a été trad. du latin par Bergeron, Paris, 1629.

RUCCELLAI Bern.), en latin Oricellarius, né à Florence en 1449, m. en 1514, était allié des Médicis. Il fut ambassadeur à Gêne, à Naples, en France, prit une grande part au rétablissement des Médicis (1512), se rendit célèbre par la protection qu’il accorda aux savants, et par ses superbes jardins (dits encore auj. Orti Oricellarii), dans lesquels se réunissait l’Académie néoplatonicienne. On lui doit : De Urbe Roma (dans le Rerum italicarum scriptores florentini) ; De Bello italico, histoire de l’expédition de Charles VIII ; De magistratibus romanis. — Son fils, Jean R., 1475-1525, ami de Léon X, fut nonce en France, protonotaire apostolique et gouverneur du château St-Ange. On a de lui un poëme italien ; les Abeilles, tiré du 4e chant des Géorgiques (trad. par Pingeron, 1770, et par Crignon, 1786), des tragédies de Rosmonde (1525) et d’Oreste (1723), et quelques poésies. Rosmonde est une des premières tragédies régulières du théâtre moderne.

RUDBECK (Olaüs), savant suédois, né à Westeras en 1630, m. en 1702, était fils de Jean Rudbeck, évêque luthérien de Westeras et aumônier de Gustave-Adolphe, à qui l’on doit la Bible dite de Gustave-Adolphe (1618). Il exécuta à 10 ans une horloge eh bois, chef-d’œuvre de mécanique, puis étudia la médecine et s’appliqua surtout à l’anatomie, découvrit les vaisseaux lymphatiques (qu’il nomma conduits, hépatico-aqueux), ainsi que le réservoir du chyle (1649 et 50), fut nommé en 1657 professeur de botanique et d’anatomie, puis devint recteur, et enfin curateur perpétuel de l’Université d’Upsal, et établit à ses frais dans cette ville un jardin botanique. Il imprimait un grand ouvrage sur l’origine, les antiquités. et l’histoire de la Suède, lorsqu’il eut la douleur de le voir détruire dans l’incendie d’Upsal en 1702. On a de lui, entre autres ouvrages : Exercitatio exhibens novos ductus hepalico-aquosos ; Catalogus plantarum horti academiæ Upsalensis ; Atlantica, seu Manheim vera Japheti posterorum sedes, 1675. — Son fils, Olaüs R., né à Upsal en 1670, m. en 1740, fut reçu docteur en médecine à 19 ans, visita la Laponie par ordre de Charles XI (1689), et y recueillit 50 nouvelles espèces de plantes, puis parcourut la Hollande, l’Allemagne, l’Angleterre, et fonda en 1720, avec Éric Benzelius, la Société des sciences d’Upsal. Outre 12 vol. in-fol. de dessins de plantes (conservés manuscrits au musée de l’académie de Stockholm), on a de lui : Nova Samoland (Laponie), Upsal, 1701 ; Campi Elysii, 1701-1702. Il avait entrepris un Trésor polyglotte, destiné à faire voir l’origine et la filiation des langues ; mais l’incendie d’Upsal (1702) anéantit son travail.

RUDE (François), statuaire, né à Dijon en 1784, mort en 1855, était fils d’un poêlier et travailla d’abord avec son père. Ayant révélé un rare talent pour le dessin, il fut envoyé à Paris pour se perfectionner, et obtint en 1812 le grand prix. Après le retour des Bourbons, il accompagna dans l’exil M. Frémyet, son bienfaiteur, et resta plusieurs années à Bruxelles, où il reçut les conseils du peintre David. De retour à Paris en 1827, il exécuta pour l’Arc de Triomphe de l’Étoile le Départ des volontaires, groupe plein de verve et d’entrain, exposa en 1833, le Jeune pêcheur napolitain, et en 1834 un Mercure rattachant ses talonnières pour remonter dans l’Olympe, chefs-d’œuvre qu’on peut admirer au musée du Luxembourg. Il traita aussi avec succès plusieurs sujets religieux pour les églises de St-Gervais, de la Madeleine, de St-Vincent de Paul, et exécuta en 1846, pour M. Noisot (à Fixin, Côte-d’Or), Napoléon mort a Ste-Hélène. On lui doit en outre des statues du Maréchal de Saxe, de Lapeyrouse, Monge, Poussin, Godefroy Cavaignac, des bustes de Houdon, de David, de M. Dupin, etc. Toutes ses œuvres ne sont pas également heureuses : on estime moins sa Jeanne d’Arc (jardin du Luxembourg) et sa statue du Maréchal Ney (placée en 1853 à l’endroit même où le maréchal avait été fusillé, dans l’allée de l’Observatoire).

RUDIES, Rudiæ, auj. Rotigliano, v. d’Iapygie,