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ROSSI (Pellegrino), économiste et diplomate, né en 1787 a Carrare, entra au barreau de Bologne, mais fut forcé de s'exiler en 1815 à cause de son attachement au parti français, se réfugia à Genève et fut appelé par cette ville en 1819 à la chaire de droit romain ; représenta en 1832 le canton de Genève dans la diète constituante qui devait réviser le pacte fédéral, proposa un projet de pacte que la diète adopta, mais qui fut rejeté par les communes ; vint alors en France où il se fit naturaliser, fut pourvu de la chaire d'économie politique du Collège de France, puis appelé à l’École de droit de Paris pour y remplir une chaire de droit constitutionnel ; remplaça en 1836 Sieyès à l'Académie des sciences morales, devint en 1840 membre du Conseil de l'instruction publique et fut fait en 1844 pair de France. Envoyé en 1845 à Rome comme ministre plénipotentiaire, puis comme ambassadeur, il gagna la confiance du pape Pie IX et accepta en 1848, après quelque hésitation, le poste de chef de son ministère. Il travaillait avec ardeur à donner aux États pontificaux un gouvernement constitutionnel ainsi qu'à préparer l'unité de l'Italie lorsqu'il périt assassiné par un républicain fanatique, le 15 nov. 1848. « Rossi, dit M. Mignet, a été un théoricien circonspect, un professeur consommé, un législateur conciliant. Il a eu plusieurs patries, mais il n'a servi qu'une cause, la cause de la liberté réglée par la loi. » Ses principaux ouvrages sont : Traité du droit pénal, 1829, ou il concilie le principe d'utilité de Bentham avec celui de la justice ; Cours de droit constitutionnel, recueilli par des sténographes, 1835-36; Cours d'économie politique, 1840-54, 4 vol. in-8 (dont les 2 derniers publiés par ses fils); Mélanges d'économie, publiés en 1857. M. Mignet a lu à l'Académie des Sciences morales an 1849 une excellente Notice historique sur Rossi. Pie IX lui a fait ériger un monument dans Rome.

ROSSIENY, v. de Russie d'Europe (Vilna), à 200 kil. N. O. de Vilna ; 6000 h. Anc. capitale de la Samogitie, et encore auj. résidence de l'évêque de Samogitie ; collège des Piaristes.

ROSSIGNOL, fameux maître d'écriture, m. en 1736, fut employé du temps de la Régence à écrire les billets de banque. On a beaucoup gravé d'après ce maître, qui fut le premier dans son art.

ROSSIGNOL (J. Ant.), démagogue, né à Paris en 1759, m. en 1802, était ouvrier orfèvre avant la Révolution. Se disant un des vainqueurs de la Bastille, il fut un des principaux meneurs des insurrections des faubourgs. Lieutenant-colonel en Vendée sous Biron, puis général en chef de l'armée des Côtes de La Rochelle, il ne montra que de l'incapacité, se fit battre, et commit nombre de concussions et d'atrocités. Destitué à diverses reprises, il se fit toujours replacer par Robespierre. Après la chute de ce protecteur, il se jeta dans le complot Babeuf : il s'enfuit pendant le jugement et fut néanmoins acquitté. Placé sur la liste des suspects après le 18 brumaire, il fut, à la suite de l'explosion de la machine infernale, transporté à l'île d'Anjouan, où il mourut.

ROSSO (le), dit Maître Roux, peintre de Florence (1496-1541), se forma en étudiant Michel-Ange et les anciens maîtres, surtout le Parmesan. François I l'appela en France, et le nomma surintendant des travaux de Fontainebleau, dont la grande galerie fut construite sur ses dessins et embellie par lui de peintures, de frises et de riches ornements en stuc (auj. détruits); il reçut en récompense un canonicat à la Ste-Chapelle. Le Rosso accusa Pellegrino, qui avait été son ami, de lui avoir volé une somme considérable : l'innocence de celui-ci ayant été reconnue, il s'empoisonna de désespoir. Cet artiste a du grandiose, de la hardiesse et de la vérité dans la disposition des groupes, une couleur brillante, mais trop peu de vérité dans l'imitation de la nature. Parmi ses meilleures compositions on cite : l'Assomption de la Vierge et la Vierge accompagnée de plusieurs saints, à Florence ; une Descente de croix, à Borgo-San-Sepolcro: la Vierge recevant les hommages de Ste Élisabeth; un Christ au tombeau, au Louvre. Il était très-jaloux du Primatice, qui, à son tour, a fait détruire beaucoup de ses fresques.

ROSTAM ou ROSTAN. V. ROUSTAM.

ROSTOCK, v. murée et port du Mecklembourg-Schwérin, sur la Warnow, à 16 kil. de son embouchure dans la Baltique, à 65 kil. N. E. de Schwérin ; 24 000 h. Citadelle, château, église St-Martin, renfermant le tombeau de Grotius. Université, qui date de 1419, bibliothèque, cabinet de médailles, muséum, jardin botanique, etc. Industrie active (drap, lainages, soie, toile, amidon, vinaigre, eau-de-vie de grains, bière, etc.). — Rostock ne fut longtemps qu'un village de pêcheurs : aux XIIIe et XIVe s, elle devint une seigneurie, puis fut une des villes de la Hanse les plus florissantes. Blücher y est né : on y voit sa statue sur une place.

ROSTOPCHIN (le comte Fédor), général russe, né en 1765 près de Twer, m. en 1826, était gouverneur de Moscou en 1812. Selon l'opinion commune, il incendia la ville à l'approche des Français afin de ne laisser aucune ressource à l'ennemi. Il se démit de ses fonctions en 1814 et m. en disgrâce. Il a publié à Paris en 1823 la Vérité sur l'incendie de Moscou, brochure où il nie l'acte qui lui est imputé.

ROSTOV, v. de la Russie d'Europe (Iaroslav), sur le bord N. O. du lac Néro, à 65 kil. S. O. d'Iaroslav ; 6000 hab. Archevêché grec. Toiles, vermillon, vitriol, suif, tanneries. — Ville très-ancienne; longtemps capitale d'un petit État tchoude. Prise et presque anéantie par les Tartares en 1237, elle conserva cependant son indépendance jusqu'en 1328, époque à laquelle elle fut réunie à la Russie.

ROSTRENEN, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord, à 45 kil. S. O. de Guingamp ; 1560 hab. Miel.

ROSTRES, Rostra, célèbre tribune aux harangues placée au milieu du Forum romain, et du haut de laquelle on parlait au peuple dans ses assemblées. Le nom de Rostres lui fut donné en 337 av. J.-C., parce qu'alors le consul Mænius l'orna des rostres ou éperons des navires qu'il avait pris sur les Antiates dans une bataille navale gagnée par lui.

ROSWEIDE (Héribert), savant jésuite, né à Utrecht en 1569, m. en 1629, enseigna la philosophie et la théologie à Douay et à Anvers. On a de lui, entre autres écrits, Fasti sanctorum, Anvers, 1607, ouvrage qui a donné l'idée du recueil des Bollandistes.

ROSWITH. V. HROSVITA.

ROTA, v. et port d'Espagne (Séville), sur l'Océan, vis-à-vis de Cadix: 8000 hab. Vin renommé.

ROTA (Bernardin), poëte italien, né à Naples en 1509, m. en 1575, du regret que lui causa la perte de sa femme, avait été militaire. Il a laissé des élégies, des sylves, des épigrammes, des sonnets, qui l'ont fait placer près de Pétrarque, et des églogues marines qui lui ont valu le titre de créateur du genre piscatoresque. La meilleure édition de ses Œuvres est de Mazio, Naples, 1726.

ROTE (la), juridiction établie à Rome, au commencement du XIVe s., par le pape Jean XXII, et réorganisée par Sixte IV, connaît des matières bénéficiâtes dans tous les pays catholiques. Ce tribunal est composé de 12 docteurs ecclésiastiques nommés auditeurs, pris entre les quatre nations d'Italie, de France, d'Espagne et d'Allemagne. Son nom de Rote, dérivé de rota, roue, vient soit de ce que les juges sont assis en cercle, soit plutôt, selon Ducange, de ce que le pavé de la salle où ils se réunissent est une mosaïque en forme de cercle.

ROTHARIS, duc de Brescia, puis roi des Lombards (636-52), dut le trône au choix de Gondeberge, veuve du roi Arioald, qui l'épousa. Il conquit sur les Grecs Gênes, la Ligurie et plusieurs parties du Frioul, publia le code lombard (643), et laissa la trône à son fils Rodoald. Partisan de l'Arianisme, il établit dans chaque diocèse un évêque arien à côté de l'évêque catholique.