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il refusa son assentiment à la constitution civile du clergé, se retira en 1791 dans la partie de son diocèse située sur la rive droite du Rhin et y leva des troupes pour l'armée de Condé. Lors du Concordat, il se démit de son évêché. L'abbé Georgel, qui avait été son grand vicaire, a donné sur ce personnage de curieux détails dans ses Mémoires.

ROHAN-GUÉMÉNÉE (Jules Hercule MÉRIADEC, prince de), frère aîné du préc., né en 1726, porta d'abord le titre de Prince de Montbazon et parvint au grade de vice-amiral. Il ne se signala, ainsi que sa femme, fille du duc de Bouillon, et gouvernante des enfants de France, que par l'éclat de ses fêtes, la somptuosité de sa maison et par de folles prodigalités, et ils finirent, en 1783, par faire une scandaleuse faillite, qui s'éleva au chiffre de 33 millions; la liquidation n'en fut terminée qu'en 1792. Dès 1783, le prince était tombé en disgrâce et la princesse avait été obligée de se démettre de ses fonctions. Elle pérît en 1793 sur l'échafaud révolutionnaire.

ROHAN-CHABOT (Louis François Auguste, duc de), prince de Léon, né à Paris en 1788, m. en 1833, fut élevé en Angleterre, où sa famille avait émigré, rentra de bonne heure en France, s'attacha à Napoléon, dont il devint chambellan, et fut sous Louis XVIII officier de mousquetaires. Ayant perdu sa femme, qu'il chérissait, il renonça au monde, embrassa l'état ecclésiastique et devint en peu de temps grand vicaire de Paris, archevêque d'Auch, puis de Besançon (1829), et enfin cardinal (1830). Il quitta la France après la révolution de juillet 1830, mais il rentra dans son diocèse en 1832, lors de l'invasion du choléra, et succomba peu après aux atteintes du fléau. Il effaça par ses vertus la tache imprimée au nom de Rohan par plusieurs des précédents.

ROHAULT (Jacques), physicien, né à Amiens en 1620, m. en 1675, adopta la méthode de Descartes, et écrivit un bon Traité de physique (1671), qui fut longtemps classique. Accusé d'hérésie par ses envieux, il en mourut de chagrin. Outre sa Physique, on lui doit des Entretiens sur la philosophie (1671), et des Œuvres (mathématiques) posthumes (1682).

ROHILLAS, tribu afghane qui émigra du Caboul et vint s'établir à la fin du XVIIe s. dans la partie orientale du Delhi, entre le Gange et la Gogra, domina longtemps ce pays, qui de son nom s'appelle auj. Rohilkand. Le nabab d'Aoude le leur enleva dans la dernière moitié du XVIIIe siècle. Les Anglais en sont maîtres depuis 1801.

ROHRAU, bg de l'Autriche propre, à 23 kil. O. de Presbourg; 600 hab. Patrie de Haydn.

ROHRBACH, ch.-l. de c. (Moselle), à 18 kil. S. E. de Sarreguemines ; 1158 hab. Hauts fourneaux.

ROHRBACHER (l'abbé René), historien ecclésiastique français, né en 1789 à Langatte (Meurthe), m. en 1856, était fils d'un maître d'école. Après avoir été curé de Lunéville, puis missionnaire diocésain, il devint professeur, puis supérieur au grand séminaire de Nancy. On lui doit une Hist. universelle de l'Église catholique, en 29 vol. in-8, Paris, 1842-45 et 1849-53, vaste et savante composition qui lui demanda 30 ans de travail, mais dont le style laisse à désirer; elle est écrite au point de vue des doctrines et des prérogatives du St-Siége. On a aussi de lui : Motifs qui ont ramené à l'Église catholique un grand nombre de protestants; Tableau des principales conversions; Vie des saints.

ROI. Outre son sens propre de chef d'un État, ce mot a été appliqué à divers personnages investis d'une sorte d'autorité de tout autre nature. Le Roi du festin était, chez les Grecs et les Romains, un convive qui avait autorité sur les autres, pour animer la fête. Cette royauté se tirait au sort avec des dés. Les ordonnances du roi du festin consistaient à commander de boirr plus ou moins, de chanter, d'improviser ou de réciter des vers, de jouer à tel jeu. — Le Roi des Sacrifices était, chez les Romains, un prêtre chargé de faire les sacrifices dont la royauté avait été chargée avant l'expulsion des rois. Il devait en outre annoncer au peuple les fériés du mois. Il était élu à vie par les collèges des augures et des pontifes, et choisi parmi les patriciens.

Au moyen âge, le Roi des Hérauts ou Roi d'Armes était le chef des hérauts d'armes (V. HÉRAUT dans notre Dict. univ. des Sciences) ; le Roi des Ribauds la chef de cette milice. On donnait le même titre aux chefs des principales corporations : ainsi il y avait le Roi de la Basoche, le Roi des Merciers, des Barbiers, etc.

ROI DES ROMAINS, titre donné, dans l'anc. empire d'Allemagne : 1° à l'empereur nouvellement élu, tant qu'il n'avait pas été couronné par le pape; 2° au prince que les électeurs avaient désigné du vivant même d'un empereur pour lui succéder.

ROI DE ROME, nom qui fut donné au fils de l'empereur Napoléon I au moment de sa naissance.

ROI DES ROIS, titre pompeux que se donnaient les anciens rois de Perse.

ROI (Comté du), en Irlande. V. KING'S COUNTY.

ROIS (les Livres des). On réunit sous ce nom 4 livres de la Bible qui contiennent l'histoire du peuple hébreu depuis Samuel jusqu'au commencement du règne de Sédécias, pendant une durée de cinq siècles environ. Les 2 premiers de ces livres ont été attribués sans fondement suffisant à Samuel; les deux autres paraissent être d'Esdras.

ROIS (Fête des), festin donné la veille de l’Épiphanie en mémoire de l'Adoration des rois Mages. On sait que dans ce jour on sert dans chaque famille un gâteau dans lequel est cachée une fève, que le convive qui trouve la fève dans sa part est proclamé roi et que dès qu'il porte le verre à sa bouche tous les convives, pour lui faire honneur, crient Le roi boit! Vive le roi! Cet usage ne parait pas remonter au delà du XIVe s. Il tend à tomber en désuétude.

ROIS PASTEURS. V. HYCSOS.

ROISEL, ch.-l. de cant. (Somme), à 12 kil. E. de Péronne; 1768 h. Étoffes de laine et de coton.

ROJAS ou ROXAS (Francisco de), poëte dramatique, né à Tolède en 1601, ne manque pas de nerf et de verve; mais c'est injustement que quelques-uns l'ont opposé à Calderon. Les auteurs français du XVIIe s. lui ont emprunté quelques drames : Rotrou lui doit Venceslas, et Th. Corneille Don Bertran de Cigarral. — Un autre Rojas, Fernando, poëte castillan du XVIe s., publia vers 1510 la Célestine, tragi-comédie qui compte plus de 20 actes, mais qui n'a jamais été représentée. Ce n'est qu'une longue nouvelle dialoguée. Elle a été traduite par Germont Delavigne en 1842.

ROKN-ED-DAULAH, c.-à-d. Soutien de l'empire, 1er sultan bouide d'Ispahan (935-976),se rendit maître de la Perse entière. Il unit aux talents d'un grand prince des vertus qui, dans sa vieillesse, le rendirent l'arbitre de ses contemporains.

ROKN-EDDIN-KHOURCHAH, dernier cheik des Ismaélites de Perse ou Assassins, fut dépossédé par Houlagou, et tué sur les bords du Djihoun en 1257.

ROKOSS. On nommait ainsi le privilège que possédaient les nobles de Pologne de prendre les armes lorsqu'ils craignaient quelque envahissement de la part du roi ou du sénat.

ROLAND (le paladin), Orlando en italien, héros célèbre dans les romans de chevalerie, et l'un des paladins de Charlemagne, dont il est regardé comme le neveu. Les romanciers lui donnent une taille et une force extraordinaires, un caractère confiant et loyal et lui attribuent toutes sortes d'aventures, sur lesquelles l'histoire se tait entièrement. Charlemagne, qui déjà l'avait nommé commandant des marches de Bretagne, l'emmena avec lui à la conquête de l'Espagne. Au retour de cette expédition,, il tomba dans une embuscade au col de Roncevaux (dans les Pyrénées) où il avait été amené par le traître Ganelon, et y périt avec la fleur de la chevalerie française (778). Ses aventures sont relatées dans la Chronique de Turpin et dans la Chanson de Roland,