Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Gros, soutint la guerre contre Arnoul, roi de Germanie, vit son indépendance reconnue en 894 et régna depuis paisiblement jusqu'à sa mort, 912. — Son fils, R. II, fit une guerre malheureuse au duc de Souabe Burchard, qui le vainquit à Winterthür (919), prit en 922 le titre de roi d'Italie, mais fut battu à Firenzuola par Bérenger I ; resta seul maître de la Hte-Italie après la mort de ce prince (924), mais eut dès 926, dans Hugues de Provence, un compétiteur qui fut bientôt plus fort que lui; alors il tourna ses vues vers l'Alémannie helvétique, dont l'empereur Henri I lui céda une partie (929). Il reparut en 930 au sud des Alpes, reçut de Hugues, en 933, pour sa renonciation à l'Italie, le royaume de Bourgogne Cisjurane, qui comprenait la Provence, et fut ainsi le fondateur du Royaume des Deux-Bourgognes ou Roy. d'Arles. Il mourut en 937. — III, le Fainéant ou le Pieux, fils de Conrad le Pacifique, et petit-fils du précéd., fut roi des Deux-Bourgognes de 993 à 1032 et eut sans cesse des troubles et des révoltes à étouffer. N'ayant pas d'enfants, il céda l'expectative de son royaume à l'empereur Henri II, puis à Conrad II, le Salique, qui lui succéda.

RODOLPHE, anti-empereur, d'abord comte de Rheinfelden, reçut en 1058 de l'impératrice Agnès le duché de Souabe, épousa Mathilde, sœur de l'empereur Henri IV et soutint quelque temps ce prince dans sa lutte contre les Saxons et les Thuringiens, mais il tomba en disgrâce pour avoir affecté l'indépendance. En 1070, il fut élu roi de Germanie, en remplacement de Henri, par les seigneurs qui avaient souscrit à l'arrêt d'excommunication lancé par Grégoire VII contre Henri; il prit alors pour conseil et pour général Othon de Nordheim. Il n'en fut pas moins défait à Melrichstadt en Bavière (1078), à Fladenheim et à Mœlsen (1080), et périt à cette dernière bataille (dite aussi bat. de Volksheim). Il fut enterré dans la cathédrale de Mersebourg, où l'on conserve embaumée une main qu'il avait perdue en combattant.

RODOLPHE I, DE HABSBOURG, empereur, était le fils aîné d'Albert, comte d'Habsbourg et landgrave d'Alsace, auquel il succéda en 1240. Il suivit Przémysl-Ottokar II, roi de Bohême à la croisade contre les païens de la Prusse (1254), ajouta à ses possessions les comtés de Kybourg, Bade, Lentzbourg, et se fit une telle réputation de justice et de bravoure que les cantons de Schwitz, d'Uri, d'Unterwald et de Zurich le prirent pour avoué ou protecteur. Il fut élu empereur en 1273 et fut reconnu parle pape Grégoire X, qu'il se concilia en lui cédant, avec les biens allodiaux de Mathilde, l'exarchat de Ravenne. Ottokar ayant refusé de le reconnaître, il marcha contre lui, le réduisit à demander la paix (1276), et ne l'accorda qu'en se faisant remettre par lui l'Autriche, la Styrie, la Carniole, qu'il conféra à son propre fils Albert : c'est ainsi que la maison de Habsbourg devint maison d'Autriche. Le même Ottokar ayant renouvelé la guerre dès l'année suivante, Rodolphe le vainquit et lui fit perdre la vie à Marchfeld. Devenu maître incontesté de l'empire, ce prince fit tout pour mettre un terme à l'anarchie, suite de la chute des Hohenstaufen, parcourut l'Allemagne, détruisit les châteaux d'où les nobles exerçaient leurs brigandages et mit ses soins à maintenir la paix publique. Il soutint les droits de l'empire sur le roy. d'Arles, soumit les comtes de Montbéliard, de Bourgogne, de Savoie, mais ne put faire élire Albert, son fils, pour son successeur à l'empire. Il mourut en 1291, à 73 ans. C'est lui qui introduisit l'usage de l'allemand dans les actes publics. — II, fils et successeur de Maximilien II, né à Vienne en 1552, fut couronné roi de Hongrie en 1572, de Bohême en 1575, roi des Romains en 1575 et empereur en 1576. L'Allemagne sous lui se remplit de troubles, qui amenèrent la guerre de Trente ans. Il exerça de grandes rigueurs contre les Protestants et fit une guerre malheureuse en Hongrie contre les Turcs. Matthias, son frère, conclut la paix malgré lui (1606), le força de lui céder la Hongrie, la Moravie, l'Autriche (1608), et finit parle détrôner(1611) et se faire élire à sa place. Rodolphe mourut peu après (1612). Inappliqué aux affaires et incapable de porter la couronne, ce prince avait du reste l'amour de la science : il était lui-même instruit en chimie et en astronomie; il pensionna richement Tycho-Brahé, fit rédiger par cet astronome et par Kepler les célèbres Tables rudolphines, et y travailla lui-même.

RODOSTO, Rhædestus et Bisanthe , v. murée de la Turquie d'Europe (Roumélie), dans le pachalik d'Andrinople, à 97 kil. N. E. de Gallipoli, sur la mer de Marmara; 40 000 hab. Archevêché grec, églises arméniennes. Port vaste et commode. Cette ville fut occupée par les Russes en 1829.

RODRIGUE, dernier roi des Visigoths d'Espagne, était fils d'un duc de Cordoue qui eut les yeux crevés par ordre du roi visigoth Vitiza. Rodrigue arma contre Vitiza, le battit, et lui enleva la couronne (710); mais les fils et parents du prince détrôné appelèrent les Arabes à leur secours : Tarik, à leur tête, débarqua en Espagne, et s'empara de Calpé (Gibraltar) ; aussitôt Rodrigue marcha contre lui, suivi de 90 000 hommes. Les deux armées se battirent neuf jours, à Xérès de la Frontera : Rodrigue périt le 3e jour (711). Selon une tradition répandue, les Arabes auraient été appelés par le comte Julien pour venger une injure faite à sa fille.

RODRIGUE (don), surnommé le Cid. V. CID.

RODRIGUEZ (île), une des îles Mascareignes, à l'E. de l'île Maurice, dont elle dépend, par 60° 51' long. E., 19° 40 lat. S., a 30 kil. sur 6, et compte à peine 200 h. Port sur la côte N. Tortues gigantesques. — Cette île, occupée par les Français en même temps que l'Ile de France (Maurice), leur a été enlevée par les Anglais en 1810.

RODRIGUEZ (S.) DE AREVALO. V. AREVALO.

RODRIGUEZ (Alph.), jésuite, écrivain ascétique, né à Valladolid en 1526, mort en 1616, est auteur de la Pratique de la perfection chrétienne (Séville, 1614), en espagnol, ouvrage qui a eu six traducteurs français, entre autres Régnier-Desmarets, 1688, dont la traduction a été réimprimée à Paris en 1858.

RODRIGUEZ (Jean), dit Giram, missionnaire jésuite, né en 1559 à Alcouche (près Lisbonne), m. en 1633, alla au Japon, devint interprète près de l'empereur Taïkosama, fut excepté de la proscription décrétée contre les missionnaires, se fixa à Nangasaki et y composa, entre autres ouvrages, une Grammaire japonaise (publiée en 1825, par Landresse).

RODUMNA, nom latin de ROANNE.

ROEDERER (P. Louis, comte de), né en 1754 à Metz, mort à Paris en 1835, fut successivement avocat, puis conseiller au parlement de Metz, député du tiers aux États généraux, où il s'occupa surtout de la réforme des finances, et procureur-syndic du département de la Seine. L'un des rédacteurs du Journal de Paris, il y défendit Louis XVI après le 10 août. Il professa l'économie politique aux Écoles centrales (1796), devint, sous l'Empire, sénateur et conseiller d'État, puis ministre des finances de Joseph Bonaparte, alors roi de Naples (1S06), et enfin administrateur du grand-duché de Berg (1810). Laissé sans emploi pendant la Restauration, il fut nommé pair en 1832. Il était de l'Institut (classe des sciences morales). On a de lui, outre plusieurs écrits de circonstance : Journal d'économie politique (1796 et ann. suiv.) ; la 1re et la 2e année du Consulat de Bonaparte (1802); Mémoires pour une nouvelle histoire de Louis XII (1820), réimprimés en 1825 sous le titre de Louis XII et François I; Esprit de la Révolution de 1789 (1831); Mémoires pour servir à l'histoire de la société polie en France (1836), espèce d'histoire de l'hôtel de Rambouillet, écrite avec beaucoup de finesse ; des Opuscules de littérature et de philosophie, etc. Ses écrits sont en général empreints d'un remarquable esprit de sagesse. Ses Œuvres ont été réunies par son fils en 9 vol. gr. in-8, 1853-60.