Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/506

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VICTOR-EMMANUEL II, roi d’Italie, né en 1820 du roi de Piémont Charles Albert, mort en 1878. Il accompagna son père, en 1849, dans la campagne contre l’Autriche, et se distingua par sa bravoure à la bataille de Novare, après laquelle son père abdiqua en sa faveur. Devenu roi, d’accord avec le chef de son ministère, le comte de Cavour, et malgré la sincérité de ses sentiments religieux, il défendit énergiquement contre l’Église les droits de l’État, enleva le monopole de l’enseignement aux corporations religieuses et vendit les biens nationaux ; entra, par le traité du 10 avril 1855, dans l’alliance contre la Russie, prit part à la guerre de Crimée, et resserra son intimité avec le gouvernement impérial français par le mariage de sa fille Clotilde avec le prince Napoléon. Soutenu par la France dans la guerre contre l’Autriche, il dut à cette alliance d’abord la Lombardie (juin 1859), puis la Toscane, Parme, Modène et les Romagnes, qui s’offrirent à lui, et qu’il put annexer à ses États, en cédant à la France Nice et la Savoie. Après l’expédition de Garibaldi en Sicile et dans l’Italie méridionale (1860) qu’il encouragea d’abord en secret, puis qu’il soutint ouvertement, les populations du royaume de Naples et les États pontificaux (moins la ville de Rome et le territoire voisin de cette ville), consultés par la voie du suffrage universel, se donnèrent à lui, et il devint roi d’Italie, avec Florence pour capitale. En 1866, il s’allia avec la Prusse contre l’Autriche, et, malgré les échecs de Custozza et de Lissa, agrandit son royaume de la Vénétie. En septembre 1870, à la suite des défaites de Napoléon III, qui jusqu’alors avait soutenu le pape contre les entreprises des Garibaldiens (par exemple à Mentana, 1866), il entra dans Rome, qui devint la capitale du royaume d’Italie. Grâce à cette politique heureuse qui répondait à toutes les aspirations des Italiens, Victor-Emmanuel a joui durant tout son règne d’une grande popularité ; et comme souverain, il est toujours resté fidèle aux règles du gouvernement parlementaire, établi en Piémont sous le règne de Charles-Albert.

VIENNET (Jean-Guillaume), littérateur français, né à Béziers en 1777, m. en 1868 ; fut d’abord officier d’artillerie et fut décoré par l’Empereur à Lutzen ; entra, sous la Restauration, dans le corps royal d’état-major, d’où il fut rayé à la suite de la publication de ses Épîtres (1827) ; devint la même année député de l’Hérault, siégea dans les rangs de la gauche, mais, après 1830, se montra un des soutiens les plus décidés du gouvernement nouveau, et fut nommé pair de France (1840). Il avait été appelé en 1830 à l’Académie française. Il a laissé de nombreux ouvrages, romans, histoires, poëmes, tragédies, comédies, satires, et Fables, dont la plupart ont un caractère politique.

VILLEMAIN (Abel-François), professeur, écrivain et homme politique français, né à Paris en juin 1790, et mort en mai 1870. Il fut de bonne heure distingué par Fontanes, qui le nomma professeur de rhétorique au lycée Charlemagne (1810), et bientôt maître de conférences de littérature française à l’École normale. Il débuta dans les lettres par un Éloge de Montaigne (18l2) et un Éloge de Montesquieu (18l6) couronnés par l’Académie française. Un instant suppléant de M. Guizot dans la chaire d’histoire moderne, il fut en 1816 appelé par Royer-Collard à la chaire d’éloquence française, où il se fit remarquer par la nouveauté de ses aperçus, la finesse de sa critique, l’élégance exquise et l’heureuse vivacité de sa parole. Il publia en 1819 une Hisroire de Cromwell, ouvrage distingué, mais où l’auteur n’avait pas trouvé l’emploi de son véritable talent ; en 1822 une traduction de la République de Cicéron, d’après les fragments retrouvés par A. Maï ; et en 1825, Lascaris et un Essai sur l’état des Grecs depuis la conquête musulmane, ouvrages qui avaient pour but d’aider au mouvement d’opinion qui s’opérait en faveur de la Grèce opprimée par les Turcs. Il avait été reçu à l’Académie française en 1822 avait été dès 1819 appelé aux fonctions de chef de la division de l’imprimerie et de la librairie, et éta1t devenu, sous le ministère Decazes, maître des requêtes au conseil d’État. Il fut destitué de cette dernière fonction en 1827, pour avoir rédigé, avec Lacretelle et Chateaubriand, la supplique adressée au roi par l’Académie contre le rétablissement de la censure ; il reprit alors avec un très-grand éclat son cours de littérature française à la Faculté des lettres ; à côté de MM. Cousin et Guizot. Nommé députe d’Évreux en 1830, il siégea parmi les membres de l’opposition, et signa l’adresse des 221. Louis-Philippe l’appela en 1832 à la Chambre des pairs, où il combattit les lois de septembre et soutint le ministère Molé contre la coalition. Nommé ministre de l’instruction publique le 13 mai 1839, il fut écarté par le cabinet du 1er mars 1840 et remplacé par M. Cousin ; il reprit ce poste en octobre 1840, mais, en 1844, épuisé par les luttes qu’amena la préparation de la loi sur l’enseignement secondaire, il tomba malade, perdit de nouveau son portefeuille, et s’honora en refusant une pension de 15 000 fr. que le ministère voulait lui faire voter par la Chambre. Il ne fit guère plus acte d’homme public que par quelques discours à la Chambre des pairs, et la révolution de 1848 acheva de le rendre à la vie privée. Il se consacra désormais exclusivement aux lettres : secrétaire perpétuel de l’Académie française depuis 1835, il déploya dans ces fonctions une activité et un dévouement sans égal, rédigeant chaque année, sur les divers prix décernés par l’Académie, des rapports qui sont des modèles d’éloquence académique. Outre les ouvrages cités plus haut, M. Villemain a publié de nombreuses études de critique et d’histoire qui toutes se distinguent par une vaste érudition et par l’élégante pureté du style : Discours et Mélanges, 1823 ; Nouveaux Mélanges, 1827 ; Études de littérature ancienne et étrangère, 1846 ; Études d’histoire moderne, 1846 ; Tableau de l’éloquence chrétienne au IVe siècle, 1849 ; Souvenirs et Nouveaux souvenirs contemporains, 1856-58 ; Choix d’études sur la littérature contemporaine, 1857 ; la Tribune française, Chateaubriand, 1857 ; Essais sur le génie de Pindare, 1859, etc. ; enfin il avait écrit, ou du moins préparé, une Histoire de Grégoire VII. Mais son œuvre capitale est son Cours de littérature au XVIIIe siècle et son Cours de la littérature du moyen âge, reproduction des remarquables leçons qu’il avait faites à la Faculté des lettres de 1827 à 1830. On y trouve, avec une lecture immense, beaucoup de goût, de facilité et de finesse. Ces leçons, retouchées par l’auteur sont devenues un livre souvent réimprimé (6 Vol. in-8 ou in-12) : e11es ont élargi les voies de la critique moderne, et substitué à l’étroite appréciation des beautés et des défauts l’histoire littéraire et ses aperçus variés sur le caractère des écrivains et de leur époque.

VINCENT (Alex.-Joseph), mathématicien et érudit français, né à Hesdin (Pas-de-Calais) en 1797, m. en 1868 ; enseigna les mathématiques et la physique dans l’Université, et se fit connaître par les travaux les plus difficiles et les plus variés sur les mathématiques, la physique, l’archéologie, la philologie et particulièrement la musique et la métrique des Grecs. Ses travaux, d’une nature toute spéciale, l’ont conduit à l’Académie des inscriptions (1850), et sont pour la plupart contenus dans des recueils savants (Journal de Liouville ; Notices et extraits des manuscrits, publiés par l’Académie des inscriptions ; Mémoires de cette Académie, Revue archéologique, etc.).

VITET (Louis), littérateur français, né à Paris en 1802, m. en 1873 ; fut élève de l’École normale (1819) et quelque temps professeur ; débuta dans les lettres à la rédaction du Globe ; publia de 1826