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Consulat et de l’Empire, ouvrage monumental, dont les 20 volumes lui coûtèrent vingt ans de travail (1842-1862). Chef de la gauche dynastique, et peu partisan des agitations de la rue, M. Thiers ne prit pas part à la campagne des banquets réformistes de 1847 ; et même quand le ministère interdit le banquet du 12e arrondissement, il fut d’avis d’y renoncer ; mais il conseilla à l’opposition de donner sa démission collective. Lorsque éclata la révolution de Février, il fut, avec M. Odilon Barrot, chargé par Louis-Philippe de former un ministère, qui fut impuissant à maîtriser les événements. Après la proclamation de la République, il devint suspect de regrets dynastiques, et, aux élections générales, il ne put se faire renommer député par les Bouche-du-Rhône ; mais au 4 juin, il fut élu par quatre départements, vint siéger à droite, et se posa comme un des chefs les plus résolus du « parti de l’ordre » : c’est à cette époque que se place la publication de son livre du Droit de propriété. Il vota, au 10 décembre, pour la présidence du prince L. Napoléon, dont il soutint quelque temps la politique, notamment pour l’expédition de Rome (1849), pour la loi sur l’instruction publique (15 mars 1850) ; mais bientôt il se mêla activement aux conflits entre la Chambre et l’Élysée, dénonça les projets de restauration impériale, et, au coup d’État du 2 décembre 1851, fut arrêté, enfermé à Mazas, puis conduit à la frontière. Autorisé à rentrer en France, après la proclamation de l’Empire, il vécut pendant onze ans dans la retraite, s’occupant de lettres et de beaux-arts ; donnant de nouvelles éditions de quelques-unes de ses anciennes études (Law et son système de finances, le Congrès de Vienne, etc.), et achevant son Histoire du Consulat et de l’Empire. Quand ce livre fut terminé, il se laissa porter comme candidat de l’opposition à Paris, et, rentré dans la carrière parlementaire, engagea contre le second Empire une lutte d’autant plus redoutable qu’elle n’avait rien de violent dans la forme. En juillet 1870, il combattit le projet de guerre contre la Prusse ; au 4 septembre, il se tint à l’écart du mouvement révolutionnaire d’où sortit la République, mais prêta au gouvernement de la Défense nationale l’appui de son influence personnelle auprès des grandes puissances européennes, dont il alla vainement solliciter l’intervention en faveur de la paix. Aux élections du 8 février 1871, il fut élu député par vingt-six départements et opta pour Paris : nommé chef du pouvoir exécutif par l’Assemblée nationale, il négocia avec le prince de Bismark les conditions de la paix, qui dut être achetée par cinq milliards et par la cession de l’Alsace et d’une parte de la Lorraine, mais le territoire de Belfort était maintenu à la France (26 février) ; il soutint contre l’insurrection du 18 mars et contre le gouvernement révolutionnaire de la Commune une lutte de plus de deux mois, prit alors envers les représentants de quelques grandes villes de province l’engagement de maintenir la République, s’opposa dès lors énergiquement à toutes les tentatives des partisans de la monarchie, fut proclamé président de la République, donna tous ses soins à la libération du territoire, et s’imposa la mission d’acclimater en France « la République conservatrice » ; mais, ne se voyant pas suivi dans cette voie par la majorité de l’Assemblée, il se retira devant un vote de défiance (24 mai 1873), fut remplacé par le maréchal de Mac-Mahon, et prit place comme simple député au centre gauche. Ses obsèques (en septembre 1877), faites avec un grand éclat à Paris, furent l’occasion d’une manifestation contre le ministère du 16 mai, dont MM. de Broglie et de Fourtou étaient les chefs.

TRIMM (Timothée). Voyez LESPÈS.

TROPLONG (Raymond-Théodore), jurisconsulte, magistrat et homme politique, né en 1795 à Saint-Gaudens (Haute-Garonne), m. en 1869 ; débuta dans la magistrature comme substitut (1819) ; devint avocat général à Nancy (1829), conseiller à la Cour de cassation (1835), pair de France (1846), 1er président à la Cour de Paris (déc. 1848), 1er président de la Cour de cassation, sénateur (1852), puis de 1854 à sa mort occupa le fauteuil de président du Sénat. Il était membre du conseil privé. Il avait été appelé en 1840 à l’Académie des sciences morales et politiques pour ses travaux de jurisprudence dont le plus considérable est : le Code civil expliqué (1833-58, 28 vol. in-8). On lui doit aussi : De l’influence du christianisme sur le droit civil des Romains (1843).

TROUSSEAU (Armand), médecin français, né à Tours en 1801, m. en 1867 ; fut reçu docteur en 1825 et agrégé en 1826 ; fut, en 1828, chargé d’une mission dans le centre de la France pour y étudier les maladies épidémiques, puis d’une autre à Gibraltar pour étudier la fièvre jaune, et publia sur ce dernier sujet les Documents recueillis par la commission dont il faisait partie (1828, 2 vol. in-8) ; devint médecin des hôpitaux (1831) et professeur de thérapeutique et de matière médicale (1839) ; il se distingua dans sa chaire par la facilité, l’élégance et la pureté de sa parole, et se fit dans les hôpitaux une grande réputation comme praticien : il a fait le premier, et avec succès, l’opération de la trachéotomie. Il fut élu représentant à la Constituante (1848) et membre de l’Acad. de médecine (1856). On lui doit, outre de nombreux mémoires insérés dans la France médicale et dans les Archives de médecine, les ouvrages suivants : Traité élimentaire de thérapeutique et de matière médicale (1836), de la Phthisie laryngée, livre couronné par l’Académie de médecine (1837), Clinique médicale de l’Hôtel-Dieu (1861). Il a fondé, en 1834, le Journal des connaissances médico-chirurgicales.

VAILLANT (J.B.-Philibert), maréchal de France, né à Dijon en 1790, m. en 1872 ; fut élève de l’École polytechnique et de l’École d’application de Metz ; prit part aux dernières campagnes de l’Empire, et se signala en 1815 dans la défense de Paris et à Waterloo ; s’occupa de travaux sur l’art militaire et principalement sur le rôle de l’arme du génie ; prit en 1830 une part active aux travaux du siége d’Alger, où il eut la jambe cassée par un biscaïen ; fut nommé colonel au siége d’Anvers (1833) ; fut nommé en 1839 commandant de l’École polytechnique, et appelé en 1840 à diriger une partie des travaux des fortifications de Paris ; fut nommé lieutenant général en 1845, et, comme commandant en second de l’armée expéditionnaire d’Italie, assura la prise de Rome (1849) ; devint maréchal de France (1851), sénateur, membre de l’Académie des sciences (1853), président du Bureau des longitudes, ministre de la guerre (1854-59) ; prit une part active à l’expédition d’Italie comme major général de l’armée (1859) ; fut ministre de la maison de l’Empereur (1860-70), et signa les décrets qui réorganisaient l’École des beaux-arts et proclamaient la liberté des théâtres ; enfin prit part à la défense de Paris pendant le siége de 1870-71.

VELPEAU (Alfred-Marie), chirurgien français, né à la Brèche (Indre-et-Loire), en 1795, m. en 1867 ; était fils d’un maréchal ferrant, s’instruisit d’abord tout seul, vint à Tours refaire ses études (1821) ; fut reçu docteur en 1823, nommé au concours chirurgien de la Pitié (1830) et professeur de clinique chirurgicale (1835) ; fut membre de l’Académie de médecine et de l’Académie des sciences (1842). Sa clinique, à l’hôpital de la Charité, l’a rendu aussi célèbre que ses livres, dont les plus importants sont : Traité d’anatomie chirurgicale (1825) ; Éléments de médecine opératoire (1832) ; Embryologie ou ovologie humaine (1833) ; Anatomie chirurgicale, générale et topographique (1836) ; Traité des accouchements (1835) ; Traité des maladies du sein (1853).