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dramatiques dans le goût de l’école romantique : le Théâtre de Clara Gazul (1825) ; enfin divers travaux historiques et archéologiques : Études sur '’histoire romaine (1841) ; Histoire de Don Pèdre Ier, roi de Castille (1843) ; les Faux Démétrius (1854); Mélanges historiques et littéraires (1855). On a donné de lui en 1873 une correspondance intéressante : Lettres à une inconnue. Les œuvres de Mérimée se distinguent toutes par un style d’une élégante sobriété. Il était membre de l’Académie française, et Napoléon III le nomma sénateur.

MÉRY (Joseph), littérateur français, né aux Aygalades, près Marseille, en 1798, m. en 1866 ; débuta dans des journaux de Marseille ; vint à Paris en 1824, publia avec Barthélemy la Villéliade (1826), satire politique, et le poëme héroïque de Napoléon en Égypte (1847) ; a donné depuis, outre des Mélodies poétiques (1853), de nombreux romans, écrits avec beaucoup d’imagination et de verve (Scènes de la vie italienne, Héra, la Floride, etc.), et quelques pièces de théâtre dont plusieurs ont été réunies sous ce titre : Théâtre de salon (1861).

MEYERBEER (Giacomo), né à Berlin en 1794, d’un riche banquier juif, m. en 1864 ; annonça de bonne heure les plus heureuses dispositions pour la musique ; se lia à Darmstadt avec Weber, étudia avec lui l’harmonie sous la direction de l’abbé Vogler, organiste de la cathédrale, et composa plusieurs oratorios qui eurent un grand succès ; donna en 1812, à Munich, et en 1814, à Vienne, ses premiers opéras : le Vœu de Jephté et Abimélech, auxquels on reprocha de manquer de chaleur et de mouvement ; reçut alors de Salieri le conseil d’étudier Rossini et la musique italienne, et acquit dans la pratique de ces nouveaux modèles plusieurs des qualités qui lui manquaient. Romilda e Constanza (1811), Sémiramide (1819), Emma, Margarita (1820), l’Esule di Grenata, I Crociata in Egitto (1825), opéras joués en Italie, marquèrent dans son talent une nouvelle phase, qui ne fut pas la dernière. Après s’être recueilli plusieurs années, pendant lesquelles, sous le coup de malheurs de famille, il composa de la musique religieuse (Stabat, Miserere, Te Deum, Psaumes, Cantiques), il donna une suite d’œuvres remarquables où l’on retrouve les qualités de sa seconde manière avec plus de vigueur et d’originalité : Robert le Diable (1831), les Huguenots (1836), le Prophète (1849), l’Étoile du Nord (1854), l’Africaine (œuvre posthume jouée en 1865).

MICHELET (Jules), historien français, né à Paris en 1198. après de brillantes études au lycée Charlemagne et un remarquable concours d’agrégation, il professa l’histoire et la philosophie au collége Rollin de 1821 à 1826 ; publia des Tableaux synchroniques de l’Histoire moderne, un Précis de l’Histoire moderne, remarquable par la netteté et la vivacité de l’exposition, et une traduction de Vico avec une étude sur l’auteur de la Scienza nuova, sous le titre de Principes de la philosophie de l’histoire (1827) ; fut nommé maître de conférences à l’École normale, et, après la révolution de 1830, chef de la section historique aux Archives du royaume ; publia en 1831 une Histoire romaine (2 vol. in-8) ; donna en 111 : le 1er volume de son Histoire de France, suivi depuis de 14 autres publiés par intervalles ; fut en 1834-35 suppléant de M. Guizot à la Sorbonne ; devint en 1838 membre de l’Académie des sciences morales et politiques, et succéda, au Collége de France, à Daunou dans la chaire d’histoire et de morale, dont il fit une sorte de tribune et où, de concert avec son collègue et ami M. Quinet, il continua par voie d’allusions plus ou moins détournées la propagande démocratique et anticatholique qu’il faisait en même temps dans des ouvrages de polémique : des Jésuites (1843) ; du Prêtre, de la femme et de la famille (1844) ; du Peuple (1846) ; Histoire de la Révolution, dont le 1er volume parut en 1847. Son cours fut fermé à la fin de l’année 1847 ; après la révolution de 1848, il déclina toute candidature à l’Assemblée nationale, pour se consacrer À ses travaux historiques, et remonta dans sa chaire, qui lui fut de nouveau interdite après le coup d’État du 2 décembre 1851. Il renonça, par refus de serment, à sa place aux Archives. Dans la retraite où il vécut jusqu’à sa mort (1874), il continua sa grande Histoire de France et son Histoire de la Révolution, publia quelques nouveaux livres de polémique, comme la Bible de l’humanité (1864) ; et, ayant contracté un second mariage avec une femme qui cultivait elle-même les lettres, et qui l'aida dans ses derniers ouvrages, il donna une série de publications fantaisistes et quelquefois étranges : l’Oiseau, l’Insecte, la Mer, la Femme, l’Amour (1857-1861). — Ce n’est pas seulement dans ces livres que M. Michelet a donné carrière à une imagination un peu aventureuse ; il lui a fait une place même dans ses ouvrages historiques, ce qui nuit souvent à ses qualités sérieuses, qui sont la pénétration, la finesse, l’étude approfondie des sources. Aux ouvrages déjà cités, il faut joindre une traduction des Mémoires de Luther (1835, 2 vol. in-8), une traduction des Œuvres choisies de Vico (1835, 2 vol. in-8), les Origines du droit français cherchées dans les symboles et formules du droit universel (1837, in-8), le Procès des Templiers, dans la Collection des Documents inédits sur l’histoire de France, etc.

MILL (John Stuart), économiste et philosophe anglais, né à Londres en 1806, m. en 1873 ; était fils d’un historien distingué, auteur de l’Histoire des Indes britanniques ; devint comme son père, un des principaux fonctionnaires de la Compagnie des Indes, puis député à la Chambre des communes où il proposa d’accorder aux femmes le droit de vote (1867). Ses principaux ouvrages sont : Système de Logique (1843) ; Principes d’économie politique (1848), ouvrage qui le place au premier rang des promoteurs du libre échange et dans lequel il reprend et pousse à outrance les théories de Malthus sur la population ; la Liberté ; le Gouvernement représentatif ; Aug. Comte et le positivisme ; de l’Émancipation des femmes. Il a collaboré au Journal des économistes. Il était membre correspondant de l’Institut.

MIRVILLE (Ch.-J.-Eudes de Catteville, marquis de), né en 1802, m. en 1813 ; s’est fait un nom parmi les partisans du spiritisme par son livre sur les Esprits et leurs manifestations diverses (1853).

MOHL (Jules de), orientaliste français, né à Stuttgart en 1800, m. en 1875 ; fut d’abord élève en théologie en Allemagne et en Angleterre, puis se voua à l’étude des langues orientales, surtout du persan, fut élève d’Abel Rémusat et de S. de Sacy, se fit naturaliser Français, et devint en 1844 membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, et en 1847, (professeur de persan au Collége de France. On lui doit la publication de Fragments relatifs à Zoroastre (texte persan, 1829) et la traduction du Schah Nameh de Firdousi (1838-1855, 4 vol. in-fol.).

MONNIER (Henri), littérateur et artiste français, né à Paris en 1799, m. en 1877 ; se distingua de bonne heure par son talent pour la caricature, et saisit également avec esprit les ridicules contemporains dans quelques ouvrages satiriques intitulés Scènes populaires (1831) ; Nouvelles scènes populaires (1835) ; les Bourgeois de Paris (1854) ; les Mémoires de Joseph Prudhomme (1857). Il a fait de ce dernier livre une comédie, qui fut son principal succès au théâtre, pour lequel il a également travaillé, la Grandeur et la décadence de Joseph-Prudhomme (1852). Sa principale création est Joseph Prudhomme, type du bourgeois ignorant, mais vaniteux, grand diseur de phrases emphatiques et vides de sens.

MORSE (Samuel-Finley-Breese), physicien américain, né à Charlestown (Massachusetts) en 1791, m. en l872 ; fut d’abord artiste peintre, et construi-