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ZÉNO — 2035 — ZERB


travail, et par Néron d'élever à Rome la statue de cet empereur. Ce nouveau colosse, qui n'avait pas moins de 33m de haut, fut placé sur le vestibule de la Maison-d'Or, puis consacré par Vespasien au dieu Apollon, dont la tête remplaça celle de Néron.

ZÉNON d'Élée, philosophe grec, de la secte des Éléates, né à Élée, dans la Grande-Grèce, vers 504 ou 490 av. J.-C, étudia sous Parménide, accompagna ce philosophe dans un voyage à Athènes vers 464, enseigna dans cette ville la doctrine de son maître, ainsi que la dialectique, qu'il réduisit en art, et fut un des premiers à faire payer ses leçons. Ardent patriote, il voulut délivrer sa patrie, qui était tombée au pouvoir d'un tyran, mais il échoua, et fut livré à des supplices horribles, qu'il supporta avec un courage héroïque : pour ne pas trahir ses complices, il se coupa la langue avec les dents, et la cracha à la face du tyran. Zénon professa la doctrine de l'unité absolue de Parménide, et s'attacha à réfuter les adversaires de cette doctrine en montrant les contradictions et les absurdités qu'entraîne l'opinion vulgaire sur la diversité des êtres, leurs changements perpétuels, la divisibilité à l'infini. On raconte qu'un jour qu'il argumentait contre le mouvement devant Diogène, ce philosophe se contenta pour le réfuter de marcher devant lui ; malheureusement pour cette ingénieuse anecdote, Diogène vivait environ 100 ans après Zénon. Il avait écrit en prose plusieurs traités qui ne nous sont point parvenus. Aristote (Physique, VI, ch. ix) nous a conservé les arguments par lesquels il combattait la réalité du mouvement.

ZÉNON, fondateur du stoïcisme, né à Citium en Chypre vers l'an 360 av. J.-C., était fils d'un riche marchand, et se livra d'abord lui-même au commerce ; mais il y renonça après avoir éprouvé une perte considérable. Entrant par hasard chez un libraire d'Athènes, il y rencontra les Mémoires de Xénophon sur Socrate, et conçut dès lors un goût si vif pour la philosophie qu'il voulut s'y livrer tout entier. Il entendit le cynique Cratès, le mégarique Stilpon, les académiciens Xénocrate et Polémon, puis se fit un système propre, et, vers l'âge de 40 ans (300 av. J.-C), ouvrit une école sous un célèbre portique d'Athènes, le Pécile : c'est de là que cette école est nommée le Portique ou École stoïcienne (du grec stoa, portique). L'éclat de ses leçons, l'élévation de sa morale, et plus encore les beaux exemples qu'il offrait dans sa conduite attirèrent auprès de lui de nombreux disciples : on comptait parmi ses auditeurs Antigone Gonatas, roi de Macédoine. Il mourut dans une extrême vieillesse, entouré de la vénération universelle, vers 263 av. J.-C. Zénon s'était surtout proposé de rétablir dans toute leur autorité la vertu, ébranlée par les Épicuriens, et la vérité, attaquée par les Sceptiques. Il divise la science en 3 parties : Logique, Physiologie (science de la nature) et Morale ; mais chez lui les deux premières ne font guère que préparer à la troisième. Dans la Logique, il s'attache surtout à déterminer le critérium de la vérité : il le place dans les perceptions des sens approuvées par la raison, et proclame que toutes nos idées ont leur première source dans les sens : Nihil est in intellectu quin prius fuerit in sensu. Dans la Science de la nature, il distingue, pour le monde comme pour l'homme deux principes : l'un passif, la matière, le corps ; l'autre actif et vivifiant, Dieu et l'âme humaine. Néanmoins, il fait de l'âme un air ardent, une espèce de feu, et conçoit de même Dieu comme un principe igné universellement répandu, qui par son action anime chaque chose, et qui par sa providence dirige tous les êtres selon les lois immuables de l'ordre ou de la raison. En Morale, il prescrit de se conformer à ce même ordre, qui est la loi de Dieu, et donne pour règle de suivre la nature (sequi naturam) ou la droite raison. Il n'admet d'autre bien que la vertu, d'autre mal que le vice, et trace du vrai sage un portrait idéal qui le place presque au-dessus de l'humanité : il le proclame seul libre, seul riche, seul beau, seul heureux, tombant ainsi dans d'insoutenables paradoxes ; il condamne toutes les passions comme autant de faiblesses et de maladies de l'âme, recommandant une insensibilité contre nature, une vertu farouche et pleine d'obstentation. Il n'admettait pas l'immortalité individuelle de l'âme et semblait absorber Dieu dans le monde. On ne possède auj. que les titres de quelques-uns de ses ouvrages : De la Vie selon la nature, du Devoir, de la Nature humaine, des Passions, des Mots, etc. On ne connaît ses opinions que par les écrits de Cicéron (Questions académiques, des Biens et des Maux, des Devoirs, Paradoxes, etc.), de Sénèque, de Plutarque, et de Diogène Laërce, qui a donné sa Vie. V. STOÏCIENS.

ZÉNON L'ISAURIEN, empereur d'Orient. D'abord chef de la garde isaurienne, il plut à l'emp. Léon I en se montrant prêt à le soutenir contre Aspar et Ar-daburius, devint son gendre, et à la mort de ce prince (474) se fit associer à l'empire par son propre fils Léon II, prince enfant qu'il avait eu de la fille de l'empereur, et qui périt bientôt. Chassé de Constantinople par la révolte de Vérine, veuve de Léon I, et de Basilisque (475), il chercha un refuge en Isaurie et réussit, deux ans après, à recouvrer le trône, grâce aux Isauriens et aux Goths, mais il souilla sa victoire par des cruautés et des perfidies, et se brouilla bientôt avec les Goths qui avaient aidé à le rétablir et qui lui firent une guerre désastreuse ; il eut aussi à réprimer les révoltes de plusieurs de ses généraux. Plongé dans la débauche et devenu odieux à tout le monde, il finit par être enterré vivant, pendant qu'il était ivre, par la trahison de sa propre femme Ariadne, 491. Des querelles religieuses avaient sous son règne troublé l'empire : pour y mettre un terme, Zénon donna en 482 le cél. édit connu sous le nom d’Hénotique, formulaire de foi qui mécontenta tout le monde.

ZENTHA, bourg de Hongrie (Bacs), sur la Theiss, à 14 k. S. de Kis-Kaniza, est célèbre par la victoire que le prince Eugène et l'électeur de Saxe Frédéric-Auguste y remportèrent en 1697 sur les Turcs.

ZENTHA (lac de) ou lac de SCUTARI, Labeatis lacus, lac de Turquie (Albanie), au N. de Scutari, qui est situé sur ses bords, a 24 kil. de long sur 8 de large et est traversé par la Moracca ou Boïana, qui porte ses eaux à l'Adriatique.

ZÉPHYRE, vent d'ouest, vent doux et léger dont les Grecs faisaient un dieu, était fils d'Ëole et de l'Aurore, et époux de Chloris ou de Flore. On le représente sous la forme d'un jeune homme à l'air doux et serein, avec des ailes de papillon et une couronne de fleurs.

ZEPHYRIN (S.), pape de 202 à 218, vit éclater la persécution de Sévère. On le fête le 26 août.

ZEPHYRIUM PROMONTORIUM, c-à-d. Cap du Couchant, cap d'Italie (Brutium), à l'E., sur la mer de Sicile, près de Locres, est aussi le cap Bruzzano.

ZER-AFCHAN ou SOGD, Polytimetus, riv. du Turkestan indépendant, sort du lac Pandjikand par 42° lat. N., passe à Samarcand et à Boukhara, et tombe, à 48 kil. S. O. de Boukhara, dans le lac Karakoul, qui communique avec le Djihoun ; cours, 600 kil. De nombreux canaux d'irrigation l'absorbent presque tout à fait avant le lieu de son embouchure.

ZERBI ou GERBI (île), Meninæ, Girba, Lotophagitis insula, île de l'État de Tunis, dans le golfe de Cabès, par 10° 57' long. E., 33° 49' lat. N. : 46 kil. carrés : 45 000 hab., industrieux et commerçants. Climat très-sec, sol fertile. Le lotos qu'on y trouvait autrefois en abondance n'y existe plus. Marius, chassé d'Afrique, se réfugia dans cette île. Les Espagnols s'en emparèrent en 1310, mais en furent chassés en 1336 ; ils la prirent de nouveau en 1560 et en furent chassés la même année par les Turcs ; on y voit encore une pyramide construite avec les têtes des Espagnols qui périrent dans le combat.