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cet événement, ce traître invita les principaux chefs bretons à un festin et les fit égorger; toutefois il conserva la vie à Vortigern, qui devint ainsi suspect aux siens. Bientôt en effet Ambrosius Aurelianus fut élu à sa place et vint l'assiéger dans son château de Cambri : Vortigern y périt en 485.

VOS (Martin de), peintre flamand, né à Anvers en 1531, m. en 1603, était fils d'un peintre. Placé d'abord dans L'atelier de Franz Floris, il partit ensuite pour l'Italie, s'y lia intimement avec le Tintoret, dont il adopta la manière et qui le prit pour collaborateur, et fut après son retour membre de l'Académie d'Anvers. Il composait avec facilité : sa promptitude à inventer et à ordonner un sujet lui permit de tracer beaucoup de dessins pour les graveurs. Quelques-uns de ses tableaux rappellent les peintres italiens par la chaleur du coloris; mais la majorité ne se distingue que par un aspect laiteux. Le Louvre a de cet artiste Paul, dans l'île de Mitylène, piqué par une vipère.

VOSGES (les), Vogesus mons, grande chaîne de montagnes qui couvre de ses ramifications le N. E. de la France, le S. E. de la Belgique et les provinces prussiennes et bavaroises situées à l'O. du Rhin. On distingue : les Vosges proprement dites, qui courent au N. E. jusqu'au mont Tonnerre (Bavière-Rhénane), en formant la limite des dép. des Vosges et du Ht-Rhin, de la Meurthe et du Bas-Rhin, et séparant les bassins de la Moselle et du Rhin; et les ramifications des Vosges, telles que la Côte d'Or, le plateau de Langres, les monts Faucilles, qui traversent de l'O. à l'E. le dép. des Vosges. Au S. se détachent des Vosges les ballons de Servance et d'Alsace, et un chaînon qui unit les Vosges au Jura; les Vosges se lient vers le N. au Hundsruck; au S. E., aux Ardennes par les monts Faucilles. Les cimes des Vosges sont généralement arrondies, ce qui leur a fait donner le nom de ballons. Les plus hauts sommets sont le Guebviller, 1466m, le ballon d'Alsace, 1428m, le ballon de Servance, 1400m. La Moselle, la Sarre, la Meurthe, l'Ill, la Lauter, la Meuse, la Saône sortent des Vosges. Belles forêts de sapins et de merisiers; mines de cuivre, fer, plomb argentifère, houille, sel gemme, etc.

VOSGES (dép. des), dép. borné par ceux de la Meurthe au N., de la Hte-Saône au S., du Haut et Bas-Rhin à l'E., de la Hte-Marne à l'O., a 5859 kil. carrés et 415 485 hab.; ch.-l. Épinal. Formé de la partie S. de l'ancienne Lorraine. Beaucoup de montagnes (dans l'E. les Vosges proprement dites, au S. les monts Faucilles). Climat varié, froid dans les mont. (la neige y reste six mois), tempéré dans la plaine. Fer, antimoine, houille, marbre, granit, pierre meulière, grès blanc et sable à verre, terre à porcelaine, tourbe, etc. Eaux minérales à Bains, Plombières, Bussang, Contrexeville. Sol varié : pâturages dans les montagnes ; vastes forêts (elles occupent près de moitié du dép.); grains, pommes de terre, fruits (surtout fruits à noyaux, merisiers), lin, chanvre, navette, houblon, angélique, etc. Chevaux, petit bétail, moutons, porcs, chèvres. Hauts fourneaux et autres usines à fer; toiles de coton, dentelles; instruments de musique; kirchenwasser; boissellerie; papier renommé, faïence, verre, poterie ; térébenthine; fromage façon Gruyère. — Ce dép. a 5 arr. (Épinal, Mirecourt, Remiremont, St-Dié, Neufchâteau), 30 cant., 547 comm.; il appartient à la 5e division militaire, dépend de la cour impériale de Nancy, et a un évêché à St-Dié.

VOSGIEN (l'abbé), chanoine de Vaucouleurs, d'une famille ancienne de la Lorraine, rédigea avec Ladvocat un Dictionnaire géographique portatif, imité du Gazetteer d'Échard, qui parut pour la première fois en 1747 et eut un succès populaire. C'est a tort qu'on a dit que Vosgien était un pseudonyme sous lequel Ladvocat s'était caché.

VOSS (Jean Henri), littérateur, né en 1751 à Sommersdorf (Mecklembourg),mort en 1826, professa d'abord au séminaire philologique ou école normale de Gœttingue que dirigeait Heyne, devint en 1778 recteur du collège d'Otterndorf en Hanovre, passa bientôt avec ce même titre à Eutin, où il resta 23 ans (1780-1803), et fut depuis 1805 attaché à l'Université de Heidelberg. De longues et vives querelles tant avec Heyne qu'avec Stolberg et Creuzer empoisonnèrent une partie de sa vie. Il avait, comme poëte et comme traducteur, un rare talent. Outre des poésies originales (18 idylles, des poésies diverses, un poëme de Louise, en 3 chants), on lui doit les traductions en vers d’Homère (1781 et 1821), de l’Énéide de Virgile (1799), d’Horace (1806 et 1820), d’Hésiode et de l’Argonautique d'Orphée (1806), de Théocrite, Bion et Moschus (1806), de Tibulle (1810), d’Aristophane (1821), d’Aratus (1824), d’Eschyle (1826), de divers passages des Métamorphoses d'Ovide (1798). Il a aussi traduit, avec ses fils Henri et Abraham, le théâtre de Shakespeare (1818-26). On estime beaucoup ses traductions des poètes grecs, surtout celle d'Homère : chaque vers est rendu par un vers allemand qui calque avec fidélité les formes et l'allure de l'original.

VOSSIUS (Gérard Jean), savant allemand, né en 1577 à Heidelberg, m. en 1649, fut professeur de grec à Leyde, de philosophie à Steinfurt, prit ensuite la direction du collège théologique de Leyde, fut suspendu en 1630 pour s'être montré, dans un de ses écrits, trop favorable à la cause des Remontrants, et alla occuper une chaire d'histoire à Amsterdam (1633). Ses Œuvres complètes, écrites en latin, forment 6 vol. in-fol., Amst., 1701, et comprennent, entre autres ouvrages : l’Histoire du Pélagianisme (qui fut l'origine de sa destitution), un traité de l'idolâtrie, un autre De la manière d'écrire l'histoire, des traités De historicis græcis et latinis, un Dictionnaire étymologique, des traités fort estimés sur la Rhétorique, la Poétique, la Grammaire (sous le titre d’Aristarchus), etc. — Isaac, son fils, né à Leyde en 1618, m. en 1689, refusa la chaire laissée vacante par la mort de son père afin de se livrer tout entier à l'étude, passa en Suède où il fut le bibliothécaire de Christine et son maître de grec, fut disgracié par l'effet des intrigues de Saumaise, reçut diverses gratifications de Louis XIV, fut nommé par Charles II chanoine de Windsor, et alla se fixer en Angleterre où il mourut. Ses Œuvres complètes n'ont jamais été réunies. On y trouve une érudition ingénieuse, mais peu de méthode, et trop de cynisme dans l'expression. Ses principaux ouvrages sont : De poematum cantu et viribus rhythmi, Oxford, 1673, où il traite de l'alliance de la poésie et de la musique; De Nili et aliorum fluminum origine, La Haye, 1666; De vera mundi ætate (il y soutient la supputation des Septante), De Sibyllinis oraculis, 1679; des éditions de Catulle, Londres, 1684, de Scylax, Pomponius Mela, etc.

VOSTITZA, Ægium, v. du roy. de Grèce (Achaïe), sur la côte S. du golfe de Lépante, à 32 kil. E. de Patras; 2500 hab. Évêché. Fréquents tremblements de terre. C'est là qu'eut lieu, en 1820, l'assemblée secrète de l'Hétérie (V. ce mot), qui prépara le soulèvement de la Grèce en 1821.

VOTIAKS, peuple de Russie, d'origine finnoise, habite dans les gouvts de Viatka et d'Orenbourg, au nombre d'environ 100 000 individus.

VOUET (Simon), peintre, né à Paris en 1582, mort en 1649, se fit très-jeune encore une réputation dans le portrait, alla peindre le sultan Achmet I à Constantinople, travailla pour Urbain VIII à l'embellissement des églises St-Pierre et St-Laurent, et revint en France sur l'ordre de Louis XIII, qui prit de lui des leçons de pastel, le nomma son premier peintre et le logea au Louvre. Vouet était avide d'argent : pour suffire aux nombreuses demandes qui lui étaient adressées, il adopta une manière expéditive très-inférieure à celle qu'il avait employée d'abord; aussi ses derniers tableaux sont-ils loin d'égaler les premiers. Il n'en a pas moins rendu service en