Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/415

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

couter de tous les points de l’Espagne. Il fut appelé par plusieurs princes étrangers, se fit entendre en France, où il prêcha contre les Vaudois, en Angleterre, en Allemagne. Pris pour arbitre par plusieurs princes, il assura, par sa décision, le trône à l’infant de Castille, Ferdinand. Il mourut à Vannes en 1419, épuisé par les mortifications. On le fête le 5 avril. L’abbé Bayle a écrit sa Vie, 1856.

VINCENT DE PAUL (S.), célèbre par sa charité et son dévouement, né en 1676 près de Dax (Landes), d’une famille pauvre, garda les troupeaux de son père dans son enfance, parvint à grand’peine à faire des études théologiques à Toulouse, et fut ordonné prêtre en 1600. En allant par mer de Marseille à Narbonne (1605), il fut pris par un pirate de Tunis et vendu comme esclave ; il convertit son maître, qui était un Savoyard renégat, et revint avec lui en France au bout de deux ans. Il accompagna à Rome en 1608 le vice-légat d’Avignon, et reçut du cardinal d’Ossat, ambassadeur de France à Rome, une mission auprès du roi de France Henri IV, ce qui l’amena à Paris. Nommé en 1610 aumônier de Marguerite de Valois, il refusa des postes brillants pour aller occuper la modeste cure de Clichy près Paris (1612) ; puis il entra comme instituteur chez Emmanuel de Gondi, comte de Joigny, général des galères, dont il éleva les trois fils (1613). En même temps il faisait des missions qui opéraient de nombreuses conversions, fondait des Confréries de charité, visitait par toute la France les malades, les prisonniers, les galériens, faisant tous ses efforts pour améliorer leur sort. Louis XIII, charmé de son zèle et de ses succès, le nomma aumônier général des galères (1619) : visitant un jour le bagne de Marseille, il prit la place d’un forçat, père de famille, dont le désespoir l’avait vivement ému. S. Vincent fonda en 1625 la congrégation des Prêtres de la Mission, destinés à instruire le peuple des campagnes et à former des prêtres dans les séminaires ; en 1634, il forma l’institution des Sœurs de la Charité, pour le service des pauvres malades. On lui doit également l’établissement des Enfants-Trouvés : le sort de ces malheureux, longtemps incertain, fut fixé définitivement en 1648, après un discours éloquent de S. Vincent qui électrisa toute l’assemblée, et qui détermina tous les assistants à faire les plus grands sacrifices. Il fonda encore en 1653, pour 80 vieillards, l’hospice du nom de Jésus, et bientôt après l’hôpital général des pauvres de la capitale, à la Salpêtrière (1655). Ce saint personnage mourut en 1660, chéri et vénéré de tous. On l’avait surnommé l’Intendant de la Providence. Sa fête se célèbre le 19 juillet. Sa Vie a été écrite par Abelli, Collet, Capefigue (1827) et l’abbé Maynard (1860) ; son Panégyrique par l’abbé Maury. — Une des principales églises de Paris a été placée sous l’invocation de S. Vincent de Paul. Située sur la place Lafayette, à l’extrémité N. de la rue Hauteville, cette église est ornée à sa façade d’un fronton représentant le saint entre la Foi et la Charité ; à chacun des coins de la façade est une tour quadrangulaire de 46m de haut ; l’intérieur offre l’image d’une basilique romaine avec une triple nef. Cet édifice a été commencé en 1824 sur les plans de MM. Lepère et Hittorf et achevé en 1844.

VINCENT DE PAUL (Société de S.), association catholique et charitable créée en 1833 à Paris, par M. Bailly, qui en fut le premier président, se propose, non-seulement de soulager la misère, mais aussi de former ses membres à la pratique de la charité. Elle se compose de laïques qui se réunissent tous les huit jours ou tous les quinze jours en conférence pour s’occuper de bonnes œuvres ; elle se recrute principalement parmi les jeunes gens. Cette Société s’est rapidement répandue par toute la France et même à l’étranger, et a fondé dans les principales villes des Conférences qui toutes reconnaissaient un président unique. Cette organisation a fini par exciter des défiances politiques, qui ont amené en 1861 la suppression du président et du conseil général.

VINCENT (Isabeau). V. BERGÈRE DE CREST.

VINCI (Léonard de), célèbre peintre de l’école florentine, né en 1452 au château de Vinci, près de Florence, étudia la peinture sous André Verrochio, se distingua à la fois comme peintre, sculpteur, ingénieur, mécanicien et architecte, exécuta un grand nombre de travaux pour Ludovic Sforce, qui le nomma directeur de l’académie de peinture et d’architecture de Milan, quitta Milan après la conquête du Milanais par Louis XII, habita tantôt Florence, où il eut dans Michel-Ange, encore jeune, un concurrent redoutable, tantôt Rome, où Léon X lui fit peu d’accueil, et vint enfin se fixer en France sur la proposition de François I, qui le combla de bienfaits (1515). Il mourut en 1519 à Amboise : on a prétendu, mais à tort, que ce fut entre les bras mêmes du roi (le roi se trouvait alors à St-Germain). Léonard de Vinci laisse peut-être à désirer pour le coloris ; mais il est le premier qui ait réalisé à un haut degré en peinture les principes du beau ; il est avec Raphaël celui qui a peint les têtes de vierges les plus belles et les plus touchantes. Une Ste-Cène qu’il avait peinte à fresque dans le réfectoire des Dominicains de Milan était son chef-d’œuvre ; mais le temps l’a presque effacée (il en existe une copie réduite au musée du Louvre). Les superbes cartons qu’il avait faits avec Michel-Ange pour la salle du conseil à Florence sont aussi malheureusement perdus. Le musée du Louvre a de lui 9 tableaux ou portraits, entre autres : la Vierge aux rochers, la Vierge sur les genoux de Ste-Anne, le portrait de Charles VIII, et le célèbre portrait de Lisa del Giocondo (la Joconde), gravé à Paris en 1842 par Fauchery. Comme sculpteur et ingénieur, Léonard de Vinci, a laissé aussi de beaux monuments de son génie. Il cultiva également les lettres avec succès, et composa des sonnets estimés. On a de lui un Traité de la peinture (en italien), avec des dessins de Poussin, Paris, 1651, trad. par Gault de St-Germain, 1803, et qui se lit encore avec fruit.

VINCY ou VINCIAC, anc. village de France, qu’on croit être auj. Jinchy ou Crèvecœur, entre Arras et Cambray. Charles Martel y battit en 717 Chilpéric II, roi de Neustrie.

VINDÉLICIE, partie du Wurtemberg, de la Souabe et de la Bavière occid. ; région de l’Europe ancienne, entre le Danube au N., la Gaule à l’O., la Rhétie au S. et le Norique à l’E., était ainsi nommée de deux rivières, le Vindo (Wertach) et le Licus (Lech), qui l’arrosaient, et avait pour tribus principales les Licates, les Rucinates, les Catenates et les Consuanetes. Elle ne fut soumise par les Romains que l’an 15 av. J.-C., en même temps que la Rhétie. Auguste y fonda Augusta Vindelicorum (Augsbourg), qui devint le ch.-l. du pays. — La Vindélicie, sous les Romains, ne forma qu’une même province avec la Rhétie. Au IVe s., lors de la division de là Rhétie en deux provinces, elle reçut le nom de Rhétie 2e, et conserva toujours pour ch.-l. Augusta.

VINDEX (C. Julius), propréteur de la Séquanaise sous Néron, était Gaulois de naissance et issu des anciens rois d’Aquitaine. Il donna le signal de la révolte contre Néron (67), se mit à la tête d’une nombreuse armée de Gaulois (Éduens, Arvernes et Séquanais), et offrit l’empire à Galba. Virginius Rufus à la tête des légions de Germanie fut envoyé contre lui : à la suite d’une entrevue, les deux chefs étaient d’accord pour mettre bas les armes, lorsque, par un malentendu, les Gaulois de Vindex et les légions de Virginius en vinrent aux mains ; celles-ci obtinrent l’avantage, et Vindex se tua de désespoir (68).

VINDHYA (Monts), chaîne de l’Inde septentr., s’étend de l’E. à l’O., de Bénarès au golfe de Cambaye, sur une longueur d’env. 1350 kil., traversant les prov. de Béhar, Allahabad, Malwa, et limitant au N. le bassin de la Nerbudda, qu’elle sépare de celui du Gange.

VINDILI (même nom que Wendes et Vandales), nom donné à ceux des Wendes qui restèrent le long du golfe Vénédique (dans la Prusse propre actuelle).