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nissement. De nouveaux méfaits le firent mettre en prison à Meung-sur-Loire : Louis XI, qui faisait cas de son talent, le fit remettre encore en liberté. Ses poésies se ressentent de ses mœurs : l’impiété, l’immoralité, la satire grossière y dominent ; mais d’un autre côté on y reconnaît un tour vif et spirituel, une allure franche et naturelle, enfin cette verve et ce mordant qui caractérisent l’esprit gaulois, avec un talent réel de versificateur et de conteur. Villon est le véritable auteur du genre marotique que Marot n’a fait que perfectionner. Ses Œuvres, réunies pour la 1re fois en 1489, ont été éditées en 1742 par Leduchat, en 1832 par l’abbé Prompsault, en 1854 par le bibliophile Jacob (P. Lacroix). Elles se composent du Petit et du Grand Testament, cadre original où entrent une foule de ballades, de sonnets, de rondeaux ; on y remarque surtout la ballade des Dames du temps jadis. Boileau a dit de lui :

Villon sut le premier, dans ces siècles grossiers, Débrouiller l’art confus de nos vieux romanciers.

Campaux a donné : Villon, sa Vie et ses Œuvres, 1859.

VILMANSTRAND, v. forte de Russie (Finlande), sur le lac Saïma. à 50 k. N. O. de Viborg. Les Russes y remportèrent une sanglante victoire sur les Suédois en 1741 et enlevèrent la place aux Suédois.

VILNA ou WILNA, v. de Russie, dans l'anc. Lithuanie, ch.-l. du gouvt de Vilna, sur la Vilia et la Vileska, à 928 k. S. O. de St-Pétersbourg; 52 000h. Archevêché catholique, évêché grec, consistoire luthérien, cour d'appel, université (fondée de 1576 à 1687, restaurée en 1803, supprimée en 1832, mais rétablie depuis); école de médecine et chirurgie, école maritime, école grecque de théologie, école normale; collége piariste, collége des sciences physiques et anatomiques. Cathédrale de St-Stanislas (ou l'on admire une belle chapelle de St-Casimir et un cercueil d'argent pesant, dit-on, 1500 kilogr.); hôtel de ville magnifique; arsenal; palais du gouvernement, palais Oginski, Radziwiil, Potocki, Vankovic, etc.; bibliothèque, jardin botanique, observatoire (d'où les Russes comptent leur 1er méridien), musée d'archéologie. Assez grand commerce avec Riga, Memel et Kœnigsberg : les Juifs surtout en sont en possession. — Vilna a été fondée en 1322 par Ghédimin, qui en fit la capitale du grand-duché de Lithuanie. Les Jagellons y avaient un beau et vaste château, qui fut détruit en 1797. De fréquents incendies (surtout en 1748 et 49) ont ravagé cette ville; elle a beaucoup gagné depuis qu'on l'a rebâtie. — Le gouvt de Vilna, formé de la Lithuanie proprement dite, a pour bornes ceux de Grodno à l'O., de Minsk à l'E. et confine au roy. de Pologne, à la Prusse et à la mer Baltique : 445 kil. du N. O. au S. E., sur 155 de largeur moyenne : env. 840 000 h. Sol plat, arrosé par le Niémen; brumes et froids humides; sol assez fertile (grain, lin, houblon); vastes forêts; abeilles sauvages, cochenille polonaise.

VILVORDE, v. de Belgique (Brabant mérid.), à 12 kil. N. E. de Bruxelles; 5000 hab. Chemin de fer. Vieux château (auj. maison de correction et de travail, où sont 1200 détenus). Dentelles, aiguilles.

VIMEUX (le), petit pays de l'anc. Picardie, vers la côte, entre la Bresle et la Somme, auj. compris dans le dép. de la Somme, avait pour lieux principaux St-Valery-sur-Somme et Saucourt-en-Vimeux.

VIMIEIRO, v. de Portugal (Estramadure), à 65 k. N. de Lisbonne; 1800 hab. Les Français commandés par Junot y furent défaits le 21 août 1808.

VIMINAL (mont), Viminalis mons, une des 7 collines de Rome, dans la partie orientale, entre le Quirinal au N. et l'Esquilin au S., était ainsi nommée de l'abondance des osiers (vimina) qu'on y trouvait.

VIMIOSO, v. forte de Portugal (Tras-os-Montes), à 28 k. O. N. O. de Miranda; 1000 h. Berceau de la famille Bragance.

VIMORY, bg du Loiret, à 7 k. S. de Montargis; 1000 h. Henri de Guise y battit les Allemands en 1587.

VIMOUTIERS, ch.-l. de c. (Orne), sur la Vie (affluent de la Dives), à 32 k. N. E. d'Argentan; 3698 h. Trib. de commerce. Fabrication de toile de cretonne.

VIMY, ch.-l. de c. (Pas-de-Calais), à 10 kil. N. d'Arras; 1281 hab. Fabriques de sucre indigène.

VINAROZ, v. et port d'Espagne (Valence), sur la Méditerranée, à 14 kil. N. de Peniscola; 10 000 hab. C'est là que mourut le duc de Vendôme (1712).

VINAY, ch.-l. de c. (Isère), à 10 kil. N. E. de St-Marcellin; 3377 hab. Taillanderie, filature de soie.

VINÇA, ch.-l. de c. (Pyrénées-Orient.), près du Tet, à 10 kil. E. N. E. de Prades; 1943 hab. Vieilles fortifications. Eaux minérales.

VINCENNES, Ad vicenas, ch.-l. de c. (Seine), dans l'arr. de Sceaux, à 6 kil. E. de Paris; 13 414 h. Château fort, susceptible d'une bonne défense et important comme arsenal; école et parc d'artillerie; chemin de fer, vaste bois enclos de murs, transformé depuis 1860 en un magnifique parc d'agrément, avec lac et eaux courantes; ce bois n'a pas moins de 876 hectares. — Le château fut bâti par Philippe-Auguste (1183). Il fut aux XIIe, XIIIe, XIVe s. une des résidences favorites des rois de France. S. Louis rendait la justice sous les chênes du bois. Philippe de Valois fit démolir le vieux château et commença en 1337 le donjon, qui fut achevé sous Charles V; la chapelle, commencée sous Charles V et achevée seulement sous François I et Henri II, est ornée de vitraux peints par Jean Cousin, sur les dessins de Raphaël. Depuis Louis XI, en 1472, ce château a souvent servi de prison d'État : c'est dans ses fossés que le duc d'Enghien a été fusillé (1804). Les ministres de Charles X y furent retenus prisonniers en 1830 jusqu'à leur translation à Ham. Les Alliés en firent le blocus en 1814 et 1815, mais le général Daumesnil refusa de se rendre et sauva ainsi tout le matériel. — Vincennes s'appelait autrefois La Pissotte, et dépendait de Montreuil.

VINCENNES, v. des États-Unis (Indiana), sur la r. g. de la Wabash, à son embouch. dans l'Ohio, à 180 k. S. O. d'Indianopolis; 2500 hab. Évêché catholique. Imprimeries, banque, etc. Fondée en 1735 par des émigrants français du Canada.

VINCENT (S.), martyr, né à Saragosse, avait été ordonné diacre par Valère, évêque de cette ville, quand le proconsul d'Espagne Dacien lui fit subir le martyre en 304. Il fut soumis aux plus horribles supplices; le geôlier, à la vue de la constance du saint, se fit baptiser. On le fête le 22 janvier.

VINCENT DE LÉRINS (S.), Gaulois, avait occupé des postes élevés lorsqu'il se consacra à la vie religieuse. Il s'enferma dans le couvent de Lérins, étudia la Bible, les Pères, et devint un profond théologien. Il mourut vers 450. On a de lui un Commonitorium peregrini, composé vers 434, dont la meilleure édition est celle de Baluze (1663) : dans ce livre il prémunit ses lecteurs contre les nouveautés religieuses. On le fête le 24 mai.

VINCENT DE BEAUVAIS, Vincentius Bellovacensis, né vers 1200 à Beauvais, à ce qu'on croit, mort vers 1264, entra dans l'ordre de St-Dominique, jouit de la confiance de St Louis, fut chargé par ce prince de rédiger un résumé des sciences qu'on cultivait alors, et composa dans ce but le Miroir général (Speculum majus), espèce d'encyclopédie, divisée en 4 parties: le Miroir naturel, description de la nature; le Miroir moral, traité de moral ; le Miroir scientifique (en latin Doctrinale), contenant la philosophie, la physique, la rhétorique, la grammaire, la politique, le droit, la médecine, la théologie, etc. ; le Miroir historique. Ce curieux ouvrage a été imprimé pour la 1re fois à Strasbourg en 1473, 10 vol in-fol., et plusieurs fois réimprimé. Il a aussi composé un traité De eruditione puerorum regalium. On doit à l'abbé Bourgeat des Études sur Vincent de Beauvais, 1856.

VINCENT FERRIER (S.), prédicateur espagnol, né à Valence en 1357, entra dans l'ordre des Dominicains et se fit une telle réputation qu'on venait pour l'é-