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Lyon, et le nomma par son testament gouverneur de Louis XV. Informé confidentiellement du contenu du testament du roi, Villeroi vendit ce secret au duc d’Orléans, qui, en récompense, le nomma président du conseil des finances. Ayant dans la suite offensé le Régent par les craintes hypocrites qu’il affectait pour la sûreté du jeune roi Louis XV, dont il était resté gouverneur, il reçut ordre de quitter la cour. Il mourut obscurément à Lyon en 1730.

VILLERS (Ch.), littérateur, né en 1767 à Boulay en Lorraine, m. en 1815, servit quelque temps comme officier d’artillerie, émigra en 1792, se fixa à Lubeck, s’enthousiasma pour la littérature et la philosophie allemandes et entreprit, de concert avec Mme de Staël, de les faire connaître à la France. Sa partialité pour l’Allemagne, une brochure qu’il publia sur la prise de Lubeck par les Français, son opposition à la réunion des villes hanséatiques à l’Empire, le firent mal voir du gouvernement impérial. Il fut néanmoins nommé professeur de littérature à Gœttingue par le roi Jérôme Bonaparte, et se vit même recherché à la cour de ce prince. Ses principaux ouvrages sont la Philosophie de Kant ou Principes fondamentaux de la philosophie transcendentale, Metz, 1801, le premier ouvrage où cette philosophie ait été exposée en France avec clarté ; et un Essai sur l’esprit et l’influence de la réformation de Luther (couronné par l’Institut en 1804), où il fait l’apologie de la Réformation au point de vue philosophique et politique.

VILLERS-BOCAGE, ch.-l. de c. (Calvados), à 25 kil. O. de Caen ; 1156 hab. Commerce d’œufs (pour l’Angleterre) et de bestiaux. — Ch.-l. de cant. (Somme), à 14 kil. N. d’Amiens ; 1482 hab.

VILLERS-COTTERETS, ch.-l. de cant. (Aisne), à 24 kil. S. O. de Soissons, dans la forêt de Retz ; 3567 hab. Vieux château des ducs de Valois, fondé par François I, servant auj. de dépôt de mendicité. François I y donna en 1539 un édit qui limitait la compétence des tribunaux ecclésiastiques et créait les registres de l’état civil : cette ordonnance fut appelée la Guillelmine parce qu’elle avait été rédigée par Guillaume Poyet. Patrie de Demoustier.

VILLERS-FARLAY, ch.-l. de cant. (Jura), à 22 kil. N. de Poligny ; 855 hab.

VILLERS-SEXEL, ch.-l. de c. (Hte-Saône), à 18 kil. S. de Lure ; 1410 h. Hauts fourneaux. Victoire de l’armée allemande (9 janv. 1871).

VILLE-SUR-TOURBE, ch.-l. de c. (Marne), à 16 kil. N. O. de Ste-Menehould ; 563 hab.

VILLES LIBRES. On appelait ainsi dans l’ancien empire d’Allemagne des villes qui ne relevaient d’aucun seigneur et se gouvernaient elles-mêmes. La plupart de ces villes étaient en même temps Villes impériales, c.-à-d. qu’elles étaient placées sous la protection immédiate de l’empereur d’Allemagne. V. IMPÉRIALES (Villes). — Auj. dans la Confédération germanique, il y a quatre villes libres : Francfort-sur-le-Mein, Hambourg, Brême et Lubeck.

VILLETTE (la). V. LA VILLETTE.

VILLETTE (Phil. de VALOIS, marquis de), né en 1632, d’une famille ancienne de Normandie, m. en 1707, était par sa mère, petit-fils du fameux calviniste Agrippa d’Aubigné, et fut lui-même élevé dans le Calvinisme. Il servit dans la marine, se distingua surtout aux combats de Messine et d’Agosta (1676) et se retira en 1681 avec le grade de chef d’escadre. Ayant abjuré le calvinisme, il fut comblé dé faveurs. Il a laissé d’intéressants Mémoires, qui ont été publiés en 1844, par Monmerqué. — La marquise de Villette, sa mère, était tante de Mlle d’Aubigné (Mme de Maintenon).

VILLETTE (Ch., marquis de), né à Paris en 1736, m. en 1793, fils d’un trésorier de l’extraordinaire des guerres, aimait à se dire fils de Voltaire, qui avait effectivement pour lui une affection toute paternelle et qui lui fit épouser en 1777 Mlle de Varicourt, sa protégée (V. ci-après). Il servit quelque temps dans la cavalerie et prit part à la guerre de Sept ans en qualité de maréchal général des logis. Lors de la Révolution, il brûla avec ostentation ses lettres de noblesse, et fut élu membre de la Convention ; dans le procès du roi, il vota pour la réclusion seulement. Voltaire avait voulu lui faire une réputation de poëte, qu’il méritait fort peu, et l’appelait le Tibulle français. Ses Œuvres (prose et poésie) ont été superbement imprimées à Paris, 1786 (sous la rubrique d’Édimbourg). — Mme de Villette, née de Varicourt, était d’une famille noble, mais sans fortune. Belle et d’un aimable caractère, elle plut à la nièce de Voltaire, Mme Denis, qui l’adopta ; elle se concilia également l’affection de Voltaire qui ne l’appelait que belle et bonne, et qui la maria au marquis de Villette, homme peu digne d’une telle femme et peu propre à la rendre heureuse. Elle vécut jusqu’en 1822, et se signala par sa bienfaisance.

VILLEURBANNE, ch.-l. de cant. (Rhône), à 10 k. E. de Lyon, sur la limite du dép. de l’Isère, auquel il appartenait précédemment ; 5850 h. Apprêts de tissus, blanchisserie de cire, produits chimiques.

VILLIERS-LE-BEL, vge de Seine-et-Oise, à 22 kil. S. E. de Pontoise, au pied de la montagne et de la forêt d’Écouen ; 2132 hab. Chemin de fer. Belles maisons de campagne.

VILLIERS-SAINT-GEORGES, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), à 15 kil. N. E. de Provins ; 1023 hab.

VILLIERS-DE-L’ISLE-ADAM (Jean de), maréchal de France, né en 1384, servit le duc de Bourgogne Jean sans Peur, surprit Paris en 1418, y exerça une sanglante domination et reçut en récompense de Jean sans Peur le bâton de maréchal ; mais il ne put, après l’assassinat du duc, s’accorder avec le roi d’Angleterre Henri V, qui le mit à la Bastille. Villiers n’en sortit qu’à la mort de ce prince et continua de jouer un grand rôle dans la guerre civile. Confirmé dans son titre de maréchal après la paix d’Arras (1435), il reprit Pontoise aux Anglais, et eut une grande part à la réduction de Paris. Il fut tué en 1437 dans une émeute, à Bruges.

VILLIERS-DE-L’ISLE-ADAM (Phil. de), grand maître de l’ordre de St-Jean de Jérusalem, né en 1464, m. en 1534, fut élu en 1521, au moment où Soliman préparait le siège de Rhodes. En 1522, il défendit l’île, avec 600 chevaliers et 4500 soldats, contre 200 000 hommes et 400 bâtiments de guerre et prolongea toute une année cette défense héroïque. Forcé enfin de rendre la place (1523), il se retira en Italie et se fixa provisoirement à Viterbe ; après d’épineuses négociations il obtint de Charles-Quint les îles de Malte et de Gozzo pour son Ordre (1530). Sa mort fut hâtée, dit-on, par les chagrins que lui causèrent les divisions et les désordres des Chevaliers.

VILLIERS, duc de Buckingham. V. BUCKINGHAM.

VILLOISON (J. B. d’ANSSE de), helléniste, né à Corbeil en 1750, m. en 1805, fut admis dès 1772 à l’Académie des inscriptions, voyagea en Allemagne, en Italie, en Hollande pour y faire des recherches philologiques, découvrit à Venise un manuscrit de l’Iliade, accompagna Choiseul-Gouffier à Constantinople en 1785 et visita Smyrne, les îles de l’Archipel, les couvents du mont Athos, cherchant partout de nouveaux manuscrits. Il venait d’être nommé professeur de grec au collège de France quand il mourut. Entre autres publications importantes, on lui doit : Apollonii Lexicon græcum Iliadis et Odysseæ, Paris, 1773 ; la Pastorale de Longus, 1778 ; Anecdota græca e regia Parisiensi et e Veneta S. Marci bibliothecis deprompta, 1781 : Nova versio græca Proverbiorum, Ecclesiastis, etc., 1784 ; Homeri Ilias ad veteris codicis veneti fidem recensita; scholia in eam antiquissima, Venise, 1788, in-fol. : c’est une des plus savantes éditions de l’Iliade.

VILLON (Franç.), poëte, né à Auvers près Pontoise en 1431, m. vers 1484. Pauvre, oisif et vicieux, il se fit plusieurs fois emprisonner pour vol et fut condamné par le Châtelet à être pendu; le parlement, sur son appel, commua la peine en un ban-