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18 kil. N. E. de Tavira ; 1800 hab. Fondée par le marquis de Pombal en 1774.

VILLARET (Guillaume), grand maître de l’ordre de St-Jean de Jérusalem de 1300 à 1308, signala son magistère par d’activés tournées dans les trois provinces de France, d’Auvergne, de Provence, rétablit la discipline dans l’Ordre, et conçut le dessein d’enlever Rhodes aux Vénitiens ; il mourut à Limisso (Chypre). — Son frère, Foulques de Villaret, lui succéda en 1308, réalisa le dessein que Guillaume avait formé sur Rhodes, malgré l’opposition de l’emp. grec Andronic II, dont il battit les troupes (1310) ; força à une fuite précipitée le Turc Othman qui l’attaquait dans sa nouvelle conquête, et augmenta considérablement les richesses de son ordre en acceptant les biens des Templiers après leur condamnation (1312) ; cependant, par son orgueil, ses débauches et ses actes arbitraires, il mécontenta les Chevaliers à tel point qu’il fut déposé. Il recouvra le magistère quelques années après (1321), mais sa réélection ne fut que nominale ; il abdiqua en 1325 et reçut en échange un grand prieuré. Il m. en 1329.

VILLARET (Claude), historien, né à Paris vers 1717, m. en 1766, avait fait de bonnes études et était destiné au barreau ; mais il dépensa toute sa fortune dans la dissipation et fut réduit à courir la province comme comédien. Il eut quelque succès dans cette carrière ; cependant il la quitta en 1756 et se fit nommer premier commis à la Chambre des comptes. Chargé en cette qualité de mettre en ordre les archives de la cour, il étudia dès lors les documents originaux de notre histoire, prit le goût des études historiques et mérita, à la mort de Velly, d’être choisi pour continuer son œuvre, qui ne comptait encore que 7 vol. Il conduisit ce travail jusqu’au tome XVII (de 1329 à 1469). Les 10 vol. qu’on lui doit sont sans contredit la partie la moins défectueuse de l’ouvrage.

VILLARET DE JOYEUSE (L. Thomas), amiral, né à Auch en 1750, m. en 1812, se distingua dans la guerre de 1777 à 1783, surtout aux sièges de Pondichéry et de Goudelour (Kaddalor), fut pris par les Anglais en 1781 et ne redevint libre qu’à la paix de Versailles. Fait contre-amiral à la Révolution, il engagea devant Brest, sous la pression du représentant Jean-Bon-St-André, un combat inégal contre les Anglais et perdit la bataille (1794) : c’est dans cette malheureuse affaire que périt glorieusement le Vengeur. Bonaparte, en 1801, lui donna le commandement des forces navales destinées à l’expédition de St-Domingue. Nommé plus tard capitaine général de la Martinique et de Ste-Lucie, il s’y défendit avec vigueur contre les Anglais et ne se rendit qu’en 1809. Napoléon le nomma en 1811 gouverneur de Venise ; il mourut dans ce poste l’année suivante.

VILLA-RICA, v. du Brésil. V. OURO-PRETO.

VILLARS, Villar del Varo en ital., ch.-l. de c. (Alpes-Marit), arr. de Puget-Théniers, près de la r. g. du Var, à 25 kil. N. N. O. de Nice ; 906 h. Anc. château des Grimaldi.

VILLARS, titre de duché. V. l’art. ci-après.

VILLARS (Maison de), illustre maison de France, originaire de Lyon, a donné 5 archevêques de suite à la ville de Vienne, et a produit plusieurs généraux distingués. Le titre de duc de Villars fut donné en 1705 au célèbre maréchal de ce nom : il portait auparavant, ainsi que ses ancêtres, le titre de marquis. Le siége de son duché était un bourg du dép. de l’Ain, à 13 kil. N. E. de Trévoux. — Il ne faut pas confondre ce duché avec un autre duché de Villars, appartenant à la maison de Brancas, et qui tirait son nom d’un autre Villars, situé dans le dép. de Vaucluse, à 6 kil. d’Apt. Ce dernier duché fut constitué en 1626. V. BRANCAS.

VILLARS (L. Hector, marquis, puis duc de), célèbre général, né en 1653 à Moulins, était fils de Pierre de Villars, qui avait servi avec distinction dans l’armée et dans la diplomatie. Il se signala très-jeune au passage du Rhin, aux sièges de Zutphen et de Maëstricht, à la bataille de Senef (1674), entra dans la diplomatie à la paix, fut nommé ambassadeur à Munich (1683), puis à Vienne (1699), et y fit preuve d’un vrai talent. Quand la guerre de la succession d’Espagne éclata, il reprit les armes, et fut envoyé en Lombardie où Villeroi l’abreuva de dégoûts. Enfin, en 1702, il commanda pour la 1re fois en chef. Ayant passé le Rhin à Huningue, il opéra dans le Brisgau et la Forêt-Noire, battit le prince de Bade à Friedlingen, près d’Huningue, et fut salué sur le champ de bataille du titre de maréchal de France, titre que Louis XIV ratifia. L’année suivante, il parvint avec des peines inouïes à opérer sa jonction avec l’électeur de Bavière, notre allié, mais il ne put s’entendre avec lui et, rebuté de ses perpétuelles irrésolutions, il demanda son rappel. Louis XIV l’employa à l’intérieur, contre les Camisards des Cévennes (1704), qu’il parvint à soumettre par la persuasion autant que par la force. Placé de nouveau en face de l’étranger, il fit avec gloire les campagnes de 1705, 1706 et 1707, tint tête à Marlborough, força, en 1707, les fameuses lignes des Impériaux à Stollhofen, près de Strasbourg, pénétra au cœur de l’Allemagne, et conçut le plan hardi de se joindre à Charles XII, alors en Saxe, plan que l’or de Marlborough empêcha seul de réussir (il acheta le principal ministre de Charles). En 1709, Villars remplaça Vendôme à l’armée du Nord : au moment de vaincre à Malplaquet, il fut blessé et se vit enlever la victoire. Néanmoins Louis XIV, qui déjà l’avait créé duc, le nomma pair de France et le maintint dans son commandement. En 1712, il rétablit sa réputation et sauva la France par la victoire de Denain, qu’il remporta sur le prince Eugène et à la suite de laquelle il prit Marchiennes, Douai, le Quesnoy, Bouchain, succès qui amenèrent bientôt les traités d’Utrecht et de Rastadt (1713-1714). Villars lui-même fut, avec le prince Eugène, un des négociateurs à Rastadt. Après ces succès, l’Académie française lui offrit une place dans son sein. Nommé à la paix gouverneur de la Provence, il fit exécuter dans son gouvernement le canal qui a gardé son nom. Membre du conseil de régence après la mort de Louis XIV, il se montra fort opposé à Dubois et à Law et combattit, mais en vain, le projet de la Quadruple alliance. En 1733, Louis XV lui donna le titre de maréchal général et l’employa en Italie : il conquit rapidement le Milanais et le duché de Mantoue, mais il mourut bientôt après à Turin, en 1734. Villars brillait par les avantages de l’esprit aussi bien que par ceux du corps, mais il avait une ambition et un orgueil sans bornes ; en outre il ternit sa gloire par sa cupidité. On a sous son nom des Mémoires, imprimés en Hollande en 1735 ; le Ier volume vient de lui, mais les autres ont été arrangés par l’abbé Margon. Anquetil a écrit sa Vie, 1784. — Villars laissa un fils, Honoré Armand de V., qui lui succéda dans la plupart de ses dignités, même à l’Académie : c’est ce duc de Villars qui fut l’ami et le protecteur de Voltaire.

VILLARS (l’abbé MONTFAUCON de), littérateur, né près de Toulon en 1635, m. assassiné en 1673. On a de lui les Entretiens du comte de Gabalis sur les sciences, 1670, où il dévoile plaisamment les mystères de la Cabale et de la Société des Rose-Croix ; les Entretiens sur les sciences secrètes, pamphlet dirigé contre Descartes et destiné à faire suite au premier ouvrage, et un écrit Sur la Délicatesse, 1671.

VILLA-VICIOSA, v. de Portugal (Alentejo), ch.-l. de l’ordre de Ne-De de la Conception, à 22 kil. S. O. d’Elvas ; 3600 hab. Beau palais des ducs de Bragance. Aux env. eut lieu la bataille de Villa-Viciosa ou de Montes-Claros (1665), dans laquelle les Portugais, aidés du général Schomberg, battirent les Espagnols.

VILLA-VICIOSA, vge d’Espagne, dans la Nouv.-Castille, à 22 kil. E. de Guadalaxara et à 85 kil. N. E. de Madrid ; 800 hab. Vendôme y battit Stahremberg en 1710, et par cette victoire assura à Philippe V la couronne d’Espagne.