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fuir à Gênes. Rétabli par le prince Eugène dans ses possessions italiennes (1707), il attaqua en vain Toulon. Commandant en 1708 l’armée austro-sarde, il obtint quelques succès ; mais en 1709, s’étant brouillé avec l’Autriche, il devint à peu près neutre. Par la traité d’Utrecht (1713), il obtint la restitution de tous ses États, et reçut en outre la Sicile et une partie du duché de Milan ; il prit dès lors te titre de roi. En 1720, il fut forcé d’échanger avec l’Autriche la Sicile contre la Sardaigne. Il abdiqua en 1730 ; il voulut plus tard, mais en vain, ressaisir la couronne. Il mourut deux ans après (1732), au château de Moncaglieri, où il était presque prisonnier. Sa fille Adélaïde avait épousé le duc de Bourgogne et fut mère de Louis XV. III, né en 1727, succéda en 1773 à son père Charles-Emmanuel III, sécularisa plusieurs abbayes, abolit les droits de péage en Savoie, organisa son armée sur le pied prussien, fonda l’Académie des sciences de Turin, éleva des digues et autres belles constructions ; mais il obéra par là ses finances, et se trouva ainsi mal en mesure contre la Révolution française. Il fut pourtant un des princes les plus ardents contre elle, ouvrit ses États aux premiers émigrés, et refusa de recevoir l’ambassadeur français Sémonville. Quand la guerre eut éclaté, il fut battu en plusieurs rencontres par Schérer (1795), notamment à Loano, puis par Bonaparte, et se vit forcé à signer, le 15 mai 1796, la paix humiliante de Paris, qui lui enlevait une partie de ses États de terre-ferme. Il ne survécut que 5 mois.

VICTOR-EMMANUEL I, roi de Sardaigne, 2e fils de Victor-Amédée III et frère de Charles-Emmanuel IV, né en 1759, m. en 1824. À l’abdication de son frère Charles-Emmanuel (1802), il lui succéda, mais il ne régna que sur la Sardaigne (le Piémont et la Savoie étaient alors à la France). Il rentra en 1814 dans ses États de terre-ferme, qui furent augmentés en 1815 de l’ancien territoire de Gênes et de diverses annexes. Fort hostile aux idées libérales, il vit éclater dans ses États en 1821 une violente insurrection, qui avait pour but d’obtenir une constitution. Il abdiqua plutôt que de satisfaire à ce vœu et laissa le trône au duc de Genevois, Charles-Félix, son frère.

VICTORIA, colonie anglaise de l’Australie mérid., entre 34°-39° lat. S. et 141°-150° long. E., bornée au N. et au S. par la Nouv.-Galles du S., dont elle est séparée par le fleuve Murray, à l’O. par l’Australie occid., au S. par le détroit de Bass, qui la sépare de la Terre de Van-Diémen ; env. 600 000 hab. (dont le nombre s’accroît sans cesse) ; capit., Melbourne. - Cette colonie, fondée en 1837 et connue d’abord sous le nom de Port-Philipp, fit jusqu’en 1851 partie de la Nouv.-Galles du S. À cette époque, à la suite de la découverte de riches placers d or, elle fut érigée en colonie séparée et reçut un nouveau nom (celui de la reine régnante). Depuis, elle a pris un accroissement prodigieux. Outre l’or, elle exporte d’immenses quantités d’une laine fort estimée.

VICTORIA, v. anglaise de l’île chinoise de Hong-Kong, capit. de l’île et des possessions anglaises dans ces parages, sur la côte N. Fondée en 1842, elle compte auj. plus de 100 000 hab. (dont env. 90 000 Chinois et 10 000 Européens).

VICTORIA, v. du Mexique, ch.-l. de l’État de Tamaulipas, à 400 kil N. E. de Mexico ; env. 6000 h.

VICTORIA-NYANZA, nom donné par Speke et Grant au lac Nyanza. V. ce nom.

VICTORIA (NOSSA SENHORA DA), v. forte et port du Brésil, ch.-l. de la prov. d’Espirito-Santo, à l’emb. de l’Espirito-Santo et à 300 kil. N. E. de Rio-Janeiro, par 10° 18′ lat. S., 42° 21′ long. O. 5000 hab.

VICTORIA (Terre), terre découverte en 1841 dans le grand Océan austral par le capitaine anglais Ross, est située entre 70° et 79° lat. S. et 163°-170° long. E. Côtes glacées ; pays montagneux et volcanique : on y remarque’'Erebus, 3781 mèt. de hauteur. V. VICTORIA, VITTORIA, VICTOIRE.

VICTORIA (Ordre de), ordre militaire institué, en Angleterre en 1857, à la suite de la campagne de Crimée, à l’imitation de notre Légion d’honneur. La décoration est une croix de Malte, faite avec les canons pris sur les Russes à Sébastopol, et suspendu par une agrafe en forme de V (Victoria) à un ruban, qui est rouge pour l’armée et bleu pour la marine. Au centre est la couronne royale surmontée d’un lion, avec ces mots : Pour la bravoure.

VICTORIEN (S.), proconsul d’Afrique, martyrisé par les Vandales en 484, est fêté le 23 mars.

VICTORIN, M. Aurelius Piauvanius Victorinus, un des 30 tyrans qui prirent la pourpre sous Gallien, était fils de la célèbre Victorine et avait été associé à l’empire par Posthume en 264. Après la mort de Posthume, il renversa Lollien, meurtrier de ce dernier (267), et resta seul maître de la Gaule ; il y joignit même pendant un temps l’Espagne et la Bretagne. Il battit les troupes de Gallien qui lui furent opposées ; mais sa lubricité sans frein causa une sédition, dans laquelle il périt en 268. Les légions de Cologne proclamèrent son fils. L. Victorin ; mais ce jeune prince fut aussi massacré quelques jours après.

VICTORIN (S.), évêque d’Angleterre, martyr à Rome au Ier s., est honoré le 5 févr. — Martyr à Corinthe au IIIe s., est honoré le 25 févr. — L’Église honore le même jour un autre S. Victorin, qui subit le martyre en 284 à Diospolis en Thébaïde.

VICTORIN DE FELTRE, célèbre instituteur, né à Feltre vers 1379, de parents pauvres, m. en 1447, enseigna la rhétorique et la philosophie à Padoue, fut appelé en 1425 à Mantoue par François de Gonzalve qui lui confia l’éducation de ses enfants, et fonda dans cette ville une école modèle, qui fut longtemps florissante ; il ne s’attachait pas moins à cultiver le cœur que l’esprit de ses élèves et il fut lui-même un modèle de vertu. Parmi ses élèves, on cite George de Trébizonde, Théodore Gaza, J. Andréa. Sa Vie a été écrite par Prendilacqua qui lui succéda dans la direction de son école, et par Rosmini, 1801.

VICTORINE, Aurelia Victorina, sœur de Posthume, tyran des Gaules, et mère de Victorin, fit adopter son fils par Posthume en 264. Après la mort de Victorin, elle prolongea quelques mois la résistance des Gaulois contre Rome, en faisant successivement donner la pourpre par les soldats à Victorin le jeune, son petit-fils, à Marius, à Tétricus. Elle mourut en 268. Ses libéralités l’avaient rendue l’idole des soldats : les médailles lui donnent le titre de Mater Exercituum. — L’Église honore le 26 nov. une Ste Victorine, martyre en Afrique.

VICTORINS. V. VICTOR (Chanoines de St-).

VICTORINUS (F. Marius), écrivain latin du IVe s., né en Afrique, professa les lettres à Rome, se convertit au Christianisme à la fin de sa vie, et m. en 370. On a de lui : De orthographia, publié par Camerarius, Tubingue, 1584 ; des Commentaires sur le traité de l’Invention de Cicéron, Milan, 1474 ; des poésies sacrées, un Traité de la Trinité, contre les Ariens, et divers autres traités contre les hérétiques. Très-versé dans la langue et la philosophie des Grecs, il avait traduit les écrits de plusieurs philosophes, notamment de Plotin et de Porphyre. Nous avons encore sa traduction de l’Isagoge de ce dernier. Quelques-uns ont supposé l’existence de deux Victorinus.

VICTORIUS (Petrus), en italien, P. Vettori, savant philologue, né en 1499 à Florence, m. en 1585, suivit d’abord la carrière des armes, puis s’appliqua aux lettres, devint en 1538 professeur d’éloquence grecque et latine à Florence, forma un grand nombre d’élèves distingués, et soit comme critique, soit comme restaurateur de l’éloquence, se mit à la tête des savants de son temps. Ses ouvrages principaux sont : des Commentaires sur la Rhétorique, la Poétique, la Politique et la Morale d’Aristote, Florence, 1548-84 ; Variarum lectionum libri XXXVIII, 1582. On a en outre de lui 10 livres d’Epistolæ, 13 Orationes, et des éditions de Cicéron, Venise, 1534-37, de Térence, Varron, Salluste, Platon, Xénophon, etc.