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VESP - 1965 - VESU

VÉSALE (André), médecin, né à Bruxelles en 1514, m. en 1564, est regardé comme le créateur de l’anatomie humaine. Bravant les préventions de l’époque, il fut un des premiers à disséquer des cadavres ; il vint se perfectionner à Paris, enseigna ensuite avec un grand succès l’anatomie à Pavie (1540-44), à Bologne, à Pise, et devint médecin de Charles-Quint et de Philippe II. Accusé par ses envieux d’avoir ouvert le corps d’un gentilhomme encore vivant, il fut contraint de faire un pèlerinage en Terre-Sainte pour expier ce crime invraisemblable ; il fut à son retour jeté par la tempête sur les côtes de l’île de Zante, et y mourut de faim. On a de Vésale un grand traité De corporis humani fabrica, Bâle, 1543 et 1555. Ses Œuvres complètes (en lat.) ont été réunies par Boerhaave et Albinus à Leyde, 1725, 2 vol. in-fol.

VESCOVATO, ch.-l. de cant. (Corse), à 24 kil. S. de Bastia ; 1255 hab. Montagnes pittoresques. Vins.

VESERIS, lieu de Campanie, au pied du Vésuve, où Manlius Torquatus, secondé par le dévouement de Décius, battit les Latins insurgés, 340 av. J.-C.

VÉSERONCE, vge de l’Isère, à 8 k. E. de Vienne. Thierri I, roi de Metz, et Clodomir, roi d’Orléans, y furent battus en 524 par Gondemar, roi des Burgundes.

VESLE (la), riv. de France, dans le dép. de la Marne et de l’Aisne, baigne Reims, et grossit l’Aisne à 5 kil. S. O. de Vailly, après un cours de 140 kil.

VÉSONE, Vesunna, nom anc. de Périgueux, est resté à une tour antique dont les débris subsistent encore dans un faubourg de la ville.

VESONTIO, auj. Besançon, v. de Gaule, ch.-l. de la Grande Séquanaise, fut prise par César en 58 av. J.-C., après un siège difficile. V. besançon.

VESOUL, Vesulum, ch.-l. du dép. de la Hte-Saône, sur le Durgeon, à 363 kil. S. E. de Paris par la route, à 381 k. par le chemin de fer ; 7579 h. Trib. de 1re inst., lycée, école normale, bibliothèque, société d’agriculture ; pépinière départementale. Belle promenade du Cours, quartiers de cavalerie. Toiles, vannerie, tannerie, chapellerie. Commerce assez actif. Aux env., eaux minérales de Rèpes et plusieurs curiosités naturelles (Fontaine-du-Diable, grotte de Notre-Dame de Hallebarde, le Frais-Puits). — Vesoul ne date que du IXe s. Les Anglais la saccagèrent en 1360. Elle a encore été prise ou ravagée en 1478, 1595, 1636, 1644. Elle faisait partie de la Franche-Comté, et a été réunie à la France avec le reste de cette province.

VESPASIEN, T. Flavius Vespasianus, empereur romain, né à Réate l’an 7 de J.-C., était fils d’un publicain. Il remplit diverses charges sous Claude, Caligula, Néron, fut, sous ce dernier, proconsul en Afrique, puis eut la conduite de la guerre de Judée. Il remporta dans ce dernier pays de grands avantages ; il n’avait plus que Jérusalem à prendre, lorsque le trône devint vacant par la mort de Galba, puis par les querelles d’Othon et de Vitellius. Proclamé empereur presque malgré lui par l’armée d’Orient (69), il envoya en Italie ses généraux Mucien et Antonins Primus, qui le firent reconnaître après avoir défait les troupes de Vitellius à Crémone, puis, laissant en Judée son fils Titus finir le siége de Jérusalem, il vint à Rome, où il entra sans obstacle. Il envoya en Gaule Céréalis pour pacifier ce pays, agité par Civilis et Sabinus, et dans la Bretagne Agricola, qui soumit presque toute l'île (78), rétablit l’ordre en resserrant la discipline dans l’armée et en apportant une stricte économie dans les finances, réduisit en provinces romaines la Comagène, la Lydie, la Pamphylie et la Cilicie, et mourut après dix ans d’un règne glorieux (79). On reproche à Vespasien l’exécution de Sabinus, la condamnation d'Helvidius Priscus, et une excessive parcimonie. Ce prince infatigable disait « qu’un empereur romain devait mourir debout. » Il se fit en effet habiller et se leva au moment où il sentit que la vie l’abandonnait.

VESPUCE, Amerigo Vespucci. V. améric.

VESTA, fille de Saturne et de Rhée, sœur de Jupiter, présidait au foyer domestique, puis au feu interne de la Terre, et par suite à la terre elle-même : aussi l’a-t-on quelquefois confondue avec Cybèle et Ops et l’a-t-on dite femme de Saturne. Cette déesse, dont le culte est probablement originaire de Perse, était principalement honorée par les Pélasges, par les habitants de Troie et par les Romains, qui prétendaient descendre des Troyens ; elle était avec Minerve la première des divinités dites pénates. On entretenait en son honneur à Rome un feu perpétuel (V. vestales). Dans l’origine, cette déesse n’avait aucune image et n’était adorée que sous le symbole du feu; plus tard, on la représenta sous les traits d’une femme belle et noble, mais sévère, tenant à la main un sceptre, et ayant un brasier près d’elle.

VESTALES, prêtresses de Vesta, étaient chargées d’entretenir le feu sacré sur l’autel de la déesse et d’accomplir en son honneur divers rites mystérieux. Elles étaient tenues de garder la chasteté tout le temps de leur ministère, qui était de 30 ans ; celle qui violait son vœu était enterrée vive. Celles qui laissaient éteindre le feu étaient punies du fouet. En revanche, les Vestales avaient de grands privilèges : elles n’étaient point assujetties à l’autorité paternelle, ni à la tutelle ; elles se faisaient précéder de licteurs en public et occupaient une place d’honneur dans les spectacles ; elles étaient crues sans serment en justice ; leur présence sauvait la vie au criminel qu’elles rencontraient par hasard. On les choisissait autant que possible dans les premières familles ; on les consacrait au culte dès leur plus jeune âge (de 6 à 10 ans). Les 30 ans finis, elles pouvaient quitter le temple et même se marier. Pendant tout le temps de leur exercice, elles portaient de longues stoles blanches, dont la partie supérieure était ramenée sur la tête jusqu’aux oreilles. Les Vestales semblent avoir existé en Italie, notamment chez les Sabins, antérieurement à la fondation de Rome. Numa transporta cette institution à Rome, et y établit 4 Vestales ; Tarquin l’Ancien ou Servius porta ce nombre à 6. La plus âgée se nommait la grande Vestale, et avait autorité sur les autres. Le collége des Vestales fut aboli par Théodose en 389.

VESTERAS, v. de Suède. V. væsteras.

VESTINI, peuple de l’Italie centrale, à l’E., vers la mer Supérieure, au S. des Prætutii, au N. des Marrucini, faisait partie de la grande famille sabellique, et prit parti contre Rome dans la guerre des Samnites. Vaincus en 326 av. J.-C., ils reprirent les armes plusieurs fois ; ils ne se soumirent définitivement qu’après la prise d’Amiterne, leur capitale, 295.

VESTRIS (Gaetano Apolino Balthazar), célèbre danseur, né en 1729 à Florence, m. en 1808, vint jeune à Paris, reçut les leçons de Dupré, débuta en 1743 à l’Opéra et y eut un immense succès jusqu’au moment où il quitta la scène (1781) : on le surnommait le Dieu de la danse. Sa vanité était plus grande encore que son talent ; il disait souvent : « Il n’y a que trois grands hommes en Europe, moi, Voltaire et le roi de Prusse (Frédéric II). » Vestris a composé plusieurs ballets. — Sa femme, née Anne Frédérique Heinel, 1752-1808, excella aussi comme danseuse, surtout dans le genre grave. — Son fils naturel, Marie Aug. Vestris, dit Vestris II ou Vestr’-Allard (du nom de sa mère), né en 1760 m. en 1842, a aussi été le plus célèbre danseur de son temps. Entré au théâtre en 1780, il y resta jusqu’en 1818, et fut depuis professeur à l’école de grâce du Conservatoire. — Sa belle-sœur, Marie Rose Gourgaud-Dugazon, sœur du comédien Dugazon et femme de Paco-Vestris, née en 1746, morte en 1804, reçut les leçons de Lekain, eut, sous le nom de Mme Vestris, les plus brillants succès comme tragédienne, et créa plusieurs rôles pour les tragédies de Voltaire. Elle possédait au suprême degré l’art de la scène, mais manquait de sensibilité.

VESUNA ou petrocorii, auj. Périgueux.