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— C'est de ce lieu que les marquis del Vasto ou du Guast ont pris leur nom.

VATABLE (Fr.), savant du XVIe s., né à Gamaches, dans le diocèse d'Amiens, m. en 1547, fut professeur d'hébreu au collège royal de France, que François Ier venait d'établir, puis obtint l'abbaye de Bellozane. Robert Étienne publia de 1539 à 1544 une édition de la Bible latine de Léon de Juda, à laquelle il adjoignit, sous le nom de Vatable, des notes qui n'étaient pas de lui, mais qui avaient été empruntées aux Réformés, et qui furent condamnées par la Sorbonne. La Bible qu'on appelle Bible de Vatable contient, outre l'hébreu, la version de la Vulgate et celle de Léon de Juda. Vatable était également versé dans la langue grecque; il a trad. en latin les Parva naturalia d'Aristote (dans l'édition de Nic. Duval).

VATACE (Jean II DUCAS, dit BATATZÈTÈS, et, par corruption), empereur de Nicée, beau-fils et successeur de Théodore I (Lascaris), monta sur le trône en 1223, remporta des avantages sur les Latins, alors maîtres de Constantinople, fut attaqué et vaincu à son tour par Jean-de-Brienne (1233), réussit, à l'aide du roi des Bulgares, Asan, à reprendre le dessus, mit deux fois, mais en vain, le siége devant Constantinople (1235-37), soumit la Thrace et la Macédoine (1245), enleva aux Latins Lesbos, Chios, Samos (1247), et à Théodore l'Ange Thessalonique (1251). Il mourut en 1255, ayant préparé le retour des empereurs grecs à Constantinople.

VATAN, ch.-l. de c. (Indre), à 20 kil. N. O. d'Issoudun ; 3047 hab. Commerce de laine.

VATEL, fameux maître d'hôtel, ordonna d'abord les fêtes du surintendant Fouquet, ensuite celles de M. le Prince (duc de Condé). La marée ayant manqué lors d'une fête que le duc donnait au roi à Chantilly (1671), il se tua de désespoir, se croyant perdu d'honneur. Mme de Sévigné a donné le récit de cet événement dans sa 95e lettre. On a aussi expliqué la mort de Vatel par une passion malheureuse qu'il aurait eue pour une des dames de la cour. — V. VATTEL.

VATER (Jean Séverin), savant linguiste, né en 1771 à Altenbourg en Saxe, enseigna les langues orientales à Halle (1799), puis la théologie à Kœnigsberg (1810), et revint en 1820 à Halle, où il mourut en 1826. On a de lui une Grammaire générale fort estimée (1805); des Grammaires hébraïque, syriaque, chaldéenne, arabe (1802-1807). Il a aussi dressé une liste de toutes les langues du monde connues, de leurs grammaires et de leurs dictionnaires (Linguarum totius orbis index alphabeticus, Berlin, 1815). Il continua le Mithridate d'Adelung, et en donna les 3 derniers volumes, 1806-17.

VATHI, capit. de l'île de Théaki (Ithaque), sur la côte N. E. : 1800 hab. Bon port de commerce sur la côte E. Résidence d'un protopape grec. — Capit. de l'île de Samos, sur la côte N.; 2400 h. Port.

VATICAN (le), Vaticanus mons, colline de Rome, à l'extrémité N. O. de la ville, sur la r. dr. du Tibre, au N. du Janicule, et vis-à-vis du champ de Mars, était située originairement hors de l'enceinte de Rome, et ne faisait pas partie des sept collines. Elle est auj. remarquable par le magnifique palais des papes, auquel sont attenants des jardins superbes, les musées, la célèbre bibliothèque du Vatican, et la basilique de St-Pierre. Ce palais a été construit, suivant les uns, par Constantin ; suivant d'autres, par le pape S. Libère ou par S. Symmaque, en 498. Agrandi et embelli par différents papes, il devint la résidence des souverains pontifes, surtout depuis leur retour d'Avignon (1377). Nicolas V, Paul II et Paul III, Sixte IV, Léon X, Sixte V, Benoît XIV, Clément XIV, Pie VI, sont ceux qui ont le plus fait pour l'embellir. C'est dans ce palais que se trouvent la célèbre Chapelle sixtine, la Chapelle Pauline, les Loges de Raphaël; on y admire les œuvres du Bramante, de Michel-Ange, de Raphaël, du Pérugin et du Bernin.

VATINIUS (P.), démagogue, partisan de César, fut, par le crédit de ce général, nommé questeur en 62 et 61 av. J.-C., tribun du peuple en 58, accompagna César dans les Gaules comme lieutenant, se fit élire préteur en 53, l'emportant sur Caton, leva des troupes en Italie lors des guerres civiles, obtint quelques avantages en Illyrie sur Octavius, lieutenant de Pompée, fut un moment consul en 46, et trois ans après obtint les honneurs du triomphe. Il était plus fameux par ses débauches que par ses exploits.

VATISMÉNIL (H. LEFEBVRE de), ancien ministre, né en 1789, mort en 1860, fut nommé en 1815 substitut près le tribunal de la Seine, se fit remarquer dans les procès politiques par son talent et par l'ardeur de son zèle, fut choisi en 1812 pour secrétaire général par Peyronnet, alors ministre de la justice, reçut en 1828 le portefeuille de l'instruction publique dans le ministère conciliateur de Martignac, fit d'utiles réformes, prit des mesures réparatrices et améliora le sort des professeurs : écarté du pouvoir, à l'avènement du ministère Polignac, il emporta les regrets du corps universitaire. Député en 1830, il signala l'adresse de 221. Il rentra au barreau après la révolution de Juillet. Membre de l'Assemblée législative en 1849, il eut une part importante aux lois de 1850 sur les élections et sur l'enseignement. Il rentra dans la vie privée en 1851.

VATOUT (Jean), né en l792 à Villefranche (Rhône), m. en 1848, fit de brillantes études à Ste-Barbe, où il remporta le prix d'honneur, fut quelques mois secrétaire du ministre de la police, M. Decazes, puis sous-préfet de Semur, se vit révoqué en 1820 à cause de ses tendances libérales, mais fut recueilli par le duc d'Orléans, qui le prit pour secrétaire et bibliothécaire, et qui, devenu roi, le nomma conseiller d'État et directeur des bâtiments civils. Élu en 1831 député de la Côte-d'Or, il fut constamment réélu jusqu'en 1848. Dévoué au roi Louis-Philippe, il l'accompagna dans l'exil. Il avait été admis à l'Académie française peu de jours avant la révolution de Février. Vatout débuta comme écrivain par les Aventures de la fille d'un roi (1820), spirituelle allégorie où il raconte les aventures de la Charte octroyée par Louis XVIII ; il donna en 1822 les Gouvernements représentatifs au Congrès de Troppau, et en 1832 la Conspiration de Cellamare. On lui doit la description des collections d'art du duc d'Orléans (Galerie lithographiée, avec texte en prose et en vers, 2 vol. gr. in-fol., 1825-29), l’Histoire du Palais-Royal, celle du Château d'Eu, et les Souvenirs historiques des résidences royales, 6 v. in-8, 1837-45. Vatout cultiva avec succès la poésie légère; il excellait dans la chanson satirique.

VATTEL (Emmerich de), publiciste, né en 1714 à Couret, dans la principauté de Neufchâtel, m. en 1767, était sujet prussien (Neufchâtel appartenant alors au roi de Prusse). N'ayant pu se faire admettre à Berlin dans l'administration, il trouva de l'emploi en Saxe auprès d'Auguste III, devint conseiller d'ambassade, puis ministre de Saxe à Berne et conseiller privé. On a de lui un ouvrage célèbre : le Droit des gens ou Principes de la loi naturelle appliqués à la conduite des nations et des souverains (Neufchâtel, 1758; il ne fait guère qu'y reproduire les doctrines de Grotius et de Pufendorf. Vattel a aussi publié une Défense du système de Leibnitz.

VATTEVILLE. V. WATTEVILLE;

VAUBAN (Sébastien LESPRESTRE, marquis de), célèbre ingénieur, né en 1633 à St-Léger-de-Foucherest (Yonne), d'une famille noble, mais pauvre, m. en 1707, s'enrôla à 17 ans dans les troupes du prince de Condé, qui combattait la cour, fut pris par les royalistes et conduit à Mazarin, qui, devinant son mérite, le gagna à sa cause, et lui donna un brevet de lieutenant; obtint en 1655 le poste d'ingénieur, dirigea dès l'âge de 25 ans les sièges de Gravelines, d'Ypres et d'Oudenarde (1658), accompagna Louis XIV dans presque toutes ses campagnes, et eut la plus grande part aux succès du roi : il prit en 1667 Douay (où il fut blessé), Lille, qu'il fortifia, fit de Dunkerque un port de guerre, diri-