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URIE, mari de Bethsabée, servait dans l'armée de David. Ce prince, ayant conçu pour Bethsabée une passion criminelle, envoya Urie au siège de Rabbath et donna ordre de l'exposer à l'endroit le plus périlleux : Urie y périt en combattant. David pleura depuis amèrement ce crime et en fit pénitence.

URIEL, c.-à-d. en hébreu lumière ou feu du ciel, l'ange du Midi selon les rabbins, est selon les uns l'ange de la lumière, selon les autres un des ministres de la justice divine.

URQUIJO (M. L., chevalier d'), ministre espagnol, né en 1768 à Bilbao (Biscaye), m. en 1817, fut chargé par Charles IV du portefeuille des affaires étrangères lors de la retraite de Saavedra (1798), encouragea l'industrie, fit des efforts pour relever la marine, introduisit la vaccine en Espagne, abolit l'esclavage, réprima beaucoup d'abus, mais s'attira de puissants ennemis en voulant supprimer l'inquisition, fut disgracié dès 1800 par les intrigues de Godoï et jeté dans les cachots de Pampelune. Il rentra au pouvoir quand Joseph (Bonaparte) eut été nommé roi d'Espagne. Après la chute de Joseph, il vint se fixer à Paris.

URRAQUE, reine de Castille, fille aînée d'Alphonse VI, et sœur de Thérèse, comtesse de Portugal, fut mariée d'abord à Raymond de Bourgogne (qu'Alphonse VI fit comte de Galice), puis, en 1109, au roi d'Aragon et Navarre Alphonse le Batailleur, mais se fit détester de cet époux par sa conduite licencieuse et par la ténacité avec laquelle elle soutint ses droits de reine dès qu'Alphonse VI, son père, fut mort (1109). Elle destitua le vice-roi nommé en Castille par son mari, mais ne put empêcher ce dernier de se former un puissant parti dans ce royaume; elle fut prise et enfermée à Castellas (en Aragon), mais réussit à s'échapper et demanda au St-Siège l'annulation de son mariage. Alphonse, après une réconciliation momentanée, la répudia publiquement (1111). Réduite à prendre les armes pour le chasser de ses États, elle fut battue à Sepulvéda, et se retira en Galice. Il lui restait de son premier mariage un fils, Alphonse VIII : elle le fit proclamer roi (1112), et gouverna ou plutôt laissa gouverner en son nom son amant le comte de Lara. Enfin, en 1122, les grands de Castille arrêtèrent le favori, et donnèrent la réalité du pouvoir à Alphonse VIII. Urraque ne céda qu'après avoir fait la guerre à son propre fils. Elle mourut 4 ans après, au couvent de Saldanha, où elle avait été enfermée.

URSINS (LES), forme française du nom d’Orsini, nom d'une célèbre maison italienne. V. ORSINI.

URSINS (Anne Marie DE LA TRÉMOILLE, princesse des), née en France en 1643, m. en 1722, épousa d'abord en France le prince de Talleyrand-Chalais, qu'elle suivit en exil et qui mourut en 1670, et en 2espagnol noces (1675), à Rome, le duc Orsini de Bracciano, qui la laissa veuve en 1698. Nommée camarera-mayor de la jeune reine d'Espagne, 1re femme de Philippe V (1701), elle ne tarda point à prendre un ascendant sans bornes sur cette princesse, qui elle-même en avait beaucoup sur le roi, de sorte qu'elle les gouverna tous deux, et régna véritablement sur l'Espagne. Elle voulait soustraire ce royaume à la tutelle de la France ; aussi ne put-elle longtemps marcher d'accord avec la cour de Versailles : après avoir fait renvoyer plusieurs généraux et plusieurs, ambassadeurs français, elle reçut elle-même de Louis XIV l'ordre de quitter l'Espagne (1704). La retraite ayant modifié ses idées, elle accepta les conditions qu'on lui fit, rentra en grâce et travailla dès lors dans le sens français, non pourtant sans être parfois encore en désaccord avec Louis XIV. C'est elle qui fit rappeler de Madrid le duc d'Orléans, qu'elle accusait de viser à la couronne d'Espagne (1709). Elle prétendait obtenir en récompense de ses services une souveraineté dans les Pays-Bas; elle voulut même faire de cette concession une des clauses du traité d'Utrecht (1713), mais elle n'y put réussir. A la mort de la reine d'Espagne (1714), la princesse des Ursins donna pour 2e femme à Philippe V Élisabeth Farnèse, croyant trouver en elle une princesse frivole et sans caractère, sous le nom de laquelle elle gouvernerait ; mais à peine celle-ci était-elle entrée en Espagne qu'elle fit conduire la princesse des Ursins hors de la frontière. Louis XIV ne la reçut qu'avec la dernière froideur. Elle alla se fixer à Gênes, puis a Rome, où elle vécut des pensions que lui payait l'Espagne. Ne pouvant, malgré son âge, se résigner à l'inaction, elle tint à Rome la maison du prétendant Jacques Stuart : c'est dans cette ville qu'elle mourut. Sa Corresp. avec Mme de Maintenon a été publiée en 1826. On a aussi des lettres d'elle au marquis de Villars. D'autres Lettres de cette dame ont été publ. par A. Geffroy, 1859. M. Combes a donné un Essai sur sa vie et son caractère politique, 1858

URSINS (JUVÉNAL OU JOUVENEL des). V. JUVÉNAL.

URSINUS (Fulvius). V. ORSINI (FULVIO).

URSULE (Ste), vierge et martyre, fille, à ce qu'on croit, d'un prince de la Grande-Bretagne, fut mise à mort par les Huns, près de Cologne, vers 452, avec plusieurs autres jeunes filles qui l'accompagnaient. Elles furent enterrées à Cologne, où l'on conserve leurs reliques. On l'honore le 21 octobre. Cette sainte était la patronne de l'anc. Sorbonne. La célèbre congrégation des Ursulines était sous sa protection. Plusieurs écrivains ont dit, d'après une légende, que les compagnes de Ste Ursule étaient au nombre de onze mille; mais le martyrologe romain porte seulement Ursule et ses compagnes, sans déterminer le nombre. Les opinions sont partagées sur l'explication de cette singulière tradition. L'opinion la plus vraisemblable est que les compagnes de Ste Ursule étaient au nombre de onze, nombre dont un traducteur ignorant aura fait onze mille, d'après une inscription ainsi conçue : VRSVLA ET XI MM VV, c-à-d. : Ursula et undecim martyres virgines, prenant MM pour mille.

URSULINES, religieuses placées sous l'invocation de Ste Ursule, furent instituées en 1537 par Ste Angèle de Brescia pour l'éducation gratuite des jeunes personnes, et soumises en 1572 à la règle de St-Augustin et à la clôture. En 1604, elles s'établirent à Paris par les soins de Marie L'Huillier, comtesse de Ste-Beuve; elles se multiplièrent promptement en France. Aboli en 1790, comme tous les ordres religieux, cet ordre a été rétabli depuis quelques années.

URUGUAY (l'), riv. de l'Amérique du Sud, naît dans la prov. de Rio-Grande-do-Sul, au Brésil, puis forme la limite de la république de l'Uruguay et du Rio-de-la-Plata, coule 1400 kil. au S. O., et se réunit au Parana pour former le Rio-de-la-Plata, près de Buénos-Ayres. Affluents, le Négro, l'Ybicuy, l'Yguy.

URUGUAY (République de l'), État de l'Amérique du Sud, entre le Brésil au N., l'État d'Entre-Rios à l'O., l'Océan Atlantique à l'E., et le Rio-de-la-Plata au S., s'étend de 55° à 61° long. O., et de 30° à 35° lat. S. : env. 550 k. de l'E. à l'O., 500 du S. au N.; 250 000h.; capit., Montevideo. Son territoire se compose en partie de vastes solitudes traversées par l'Uruguay, mais le sol est fertile, et la position du pays entre le Brésil et la Confédération de la Plata le rend très-important : aussi ces deux puissances s'en sont-elles disputé la possession. Élève considérable de bestiaux; grande exportation de salaisons et de peaux. — Ce pays faisait déjà partie de la vice-royauté espagnole de Buénos-Ayres sous le nom de Banda Orientale; il fut ensuite dominé neuf ans (1816-1825) par Artigas (qui avait envahi le Buénos-Ayres) ; il passa en partie sous la protection brésilienne en 1821, et forma la Province Cisplatine du Brésil; mais il se souleva en 1825 contre ce protectorat et, avec l'aide de Buénos-Ayres, se fit reconnaître en 1828 république indépendante. Son premier président fut Riveira (1828-32). Après lui, ce pays a eu beaucoup à souffrir tant des longues querelles d'Oribe et de Rosas, d'Aguirre et Florès, querelles qui ne cessèrent que par l'intervention militaire du Brésil que de ses démêlés fréquents avec la Conféd. de la Plata. Cette république est administrée par un président, un