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Tricasses sous les Romains, cette ville fut comprise dans la Gaule celtique, puis dans la 4e Lyonnaise. Sauvée en 451 de la fureur d'Attila par son évêque S. Loup, elle fut saccagée par les Normands en 889. Dans la suite elle devint la résidence des comtes de Champagne (1019); elle fut sous la monarchie la capitale de la Champagne. C'est de Thibaut IV (1102-1152) que date son importance industrielle et commerciale. Isabeau de Bavière transféra en 1420 à Troyes le parlement de Paris, et y conclut l'indigne traité qui livrait la France aux Anglais et anéantissait les droits du Dauphin. Déjà en 1415 Jean sans Peur, duc de Bourgogne, avait repris cette ville; Charles VII la reconquit en 1429. Louis XVI y exila le parlement de Paris en 1787. Ses environs furent le théâtre de sanglants combats en 1814. Cette ville a été souvent incendiée, notamment en 1181 et en 1524.

TROYON (Constant), peintre français, né à Sèvres en 1813, m. en 1865, s'est fait un nom comme paysagiste et peintre d'animaux. On l'a appelé le la Fontaine de la peinture.

TRUBLET (Ch. Joseph), écrivain, né en 1697 à St-Malo, m. en 1770, était archidiacre et chanoine de St-Malo; a écrit des ouvrages médiocres, qui le firent arriver à l'Académie franç. (Essais de littérature et de morale (1736); Panégyriques des saints (1755, etc.); s'attira l’animosité de Voltaire, qui a fait sur lui ce vers plaisant :

Il compilait, compilait, compilait.

TRUCCIA, auj. Droissy, anc. v. de la Gaule, à 15 k. S. de Soissons. Les troupes de Frédégonde y défirent en 593 celle de Childebert, fils de Brunehaut.

TRUCHET (J.), mécanicien, né à Lyon en 1657, m. en 1729, entra chez les Carmes, et prit le nom de P. Sébastien. Il fut encouragé par Colbert à étudier l'hydraulique, eut grande part à l'établissement de la conduite des eaux dans les jardins de Versailles, fut consulté sur tous les canaux construits depuis en France, dirigea seul celui d'Orléans, imagina la machine à transporter les arbres dite diable, et fut admis comme membre honoraire à l'Académie des Sciences (1609). Fontenelle a écrit son Éloge.

TRUCHSESS DE WALDBOURG (Gebhard), archevêque-électeur de Cologne en 1577, de l'illustre maison de Waldbourg, dans laquelle la charge de truchsess (maître d'hôtel) de l'Empire, était héréditaire, s'éprit d'Agnès de Mansfeld, chanoinesse de Guerichen, et eut avec elle des relations telles que les frères d'Agnès le sommèrent de l'épouser. Voulant se marier sans perdre l'électorat, Gebhard embrassa la Réforme (1582) et épousa Agnès ; mais la ville et le chapitre se déclarèrent contre lui, le pape l'excommunia, et Ernest, électeur de Bavière, se rendit maître du pays (1583). Abandonné même des Luthériens, parce que la bénédiction nuptiale avait été donnée par un ministre calviniste, Gebhard se réfugia en Hollande, puis à Strasbourg, où il possédait un canonicat. Il y mourut en 1601.

TRUCHTERSHEIM, bourg d'Alsace-Lorraine, à 20 kil. N. O. de Strasbourg; 693 hab.

TRUDAINE (Daniel Charles), administrateur, né à Paris en 1703, m. en 1769, fut successivement conseiller d'État, intendant de l'Auvergne, directeur des ponts et chaussées, intendant général des finances, se montra dans ces divers emplois économe, juste et ferme, et s'efforça de favoriser l'industrie. On lui doit la fondation de l’École des ponts et chaussées (1747). Il était membre de l'Acad. des sciences. Son nom a été donné à une avenue de Paris. — Son fils, Ch. Philibert Trudaine de Montigny, 1733-77, lui succéda dans l'intendance des finances. Joignant au talent de l'administrateur le goût des sciences, il fut admis à l'Académie des sciences comme membre honoraire. — Les deux fils de ce dernier périrent sur l'échafaud révolutionnaire en 1794.

TRUGUET (l'amiral), né en 1752, m. en 1839, était fils du directeur du port de Toulon. Il fit la campagne d'Amérique comme attaché à l'état-major au comte d'Estaing, auquel il sauva la vie à l'assaut de Savannah; fut nommé contre-amiral en 1792, contribua à la prise de Nice, châtia la trahison de la ville d'Oneille, mais fit une tentative inutile contre Cagliari, et se vit forcé par l'insubordination des troupes de rentrer à Toulon; fut fait vice-amiral en 1794; et appelé par le Directoire au ministère de la marine, arma, de concert avec le général Hoche, une flotte destinée à opérer en Irlande une descente, que les éléments contraires empêchèrent d'effectuer; fut remplacé au ministère en 1797 ; commanda, lors du projet d'invasion en Angleterre, une flotte de 21 vaisseaux, fut investi en 1809 du gouvernement des provinces maritimes de la Hollande, et fit bénir son administration. Il fut élevé à la pairie en 1819 et nommé amiral en 1831. L'amiral Roussin a lu son Éloge funèbre à la Chambre des pairs en 1840.

TRUN, ch.-l. de cant. (Orne), sur la Dive, à 13 k. N. E. d'Argentan; 1626 hab.

TRUXILLO ou TRUJILLO, Scalabris ou Turris Julia des Romains, v. d'Espagne (Estramadure), sur une montagne, dans la prov. et à 45 k. E. de Cacérès; 5000 hab. Château fort, murailles et tours. Belle place carrée, palais des ducs de San-Carlos, hôpital du St-Esprit. Pizarre, Garcia de Paredes, Orellana naquirent à Truxillo. Cette v. existait dès le temps des Romains; elle fut enlevée aux Maures en 1233.

TRUXILLO, v. du Venezuela, ch.-l. de la prov. de son nom; 8000 hab. Fondée en 1570 ; ravagée en 1678 par le flibustier français Grammont, elle se releva lentement. — La prov. de Truxillo fait partie du dép. de Zulia et est bornée au N. par la prov. de Venezuela : 175 kil. sur 100; 55 000 hab.

TRUXILLO, v. du Pérou, ch.-l. du dép. de Livertad, à 2 kil. du Grand-Océan, à 580 kil. N. O. de Lima; 15 000 hab. Évêché. Les maisons n'ont qu'un étage, vu la fréquence des tremblements de terre. Aux env., restes de monuments péruviens. Truxillo fut fondée en 1535 par Pizarre.

TRUXILLO, v. du Honduras, ch.-l. de la prov. de son nom, près de la baie de Truxillo, baie de la mer des Antilles, sur laquelle elle a un port, à 355 kil. N. O. de Comayagua; env. 10 000 hab. Fondée par Las Casas en 1524, prise et détruite par les Hollandais en 1643, elle a eu peine à se relever depuis.

TRYPHIODORE, grammairien et poète grec du Ve ou du VIe s., né en Égypte, a laissé divers poèmes, dont un seul (la Destruction de Troie, en 680 vers) nous est parvenu. Il avait composé une Odyssée lipogrammatique, en 24 chants, dans chacun desquels était omise une des 24 lettres grecques. Les meilleures éditions de Tryphiodore sont celles de Northmore, Londres, 1804, de Wernicke, Leips., 1819, et de Kœchly, Leips., 1860. On le joint souvent à Quintus de Smyrne. Trad. fr. par Dehèque (Annuaire de l'Assoc. des Études grecques, 1872).

TRYPHON (DIODOTE, dit), usurpateur en Syrie, servit d'abord Alexandre I (Bala). Tuteur du fils de ce prince (Antiochus VI ou Antiochus Théos II) de 143 à 140 av. J.-C., il le fit périr et s'assit sur le trône à sa place, mais fut combattu sans relâche par Antiochus VII (Sidète), et réduit à se réfugier dans Apamée, où il se donna ou reçut la mort (133 av. J.-C.).

TRYPHON (SALVIUS, dit), joueur de flûte, qui fut proclamé roi par les esclaves révoltés en Sicile (104 av. J.-C.). Enfermé dans Triocala, il résista quelque temps aux armées romaines, mais il fut battu et pris en 99 par le proconsul Aquilius.

TSAR. V. CZAR.

TSCHIRNHAUSEN (Ehrenfried WALTHER DE), physicien et géomètre, né en 1651 dans la Hte-Lusace, d'une famille noble et riche, m. en 1708, servit en 1672 contre la France, puis voyagea en Angleterre, en Italie, en Sicile, en Allemagne, vint quatre fois à Paris, et y fut nommé membre associé de l'Académie des Sciences. Il perfectionna les instruments d'optique, établit de superbes verreries en Saxe, fa-