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TOLBIAC, Tolbiacum, auj. Zulpich, v. de Gaule (Germanique 2e), au S. de Juliacum, est fameuse par la victoire que Clovis y remporta sur les Allemands en 496, et par celle de Thierry II, roi de Bourgogne, sur Théodebert II, roi d’Austrasie, en 612.

TOLÈDE, Toletum, v. d’Espagne (Nouv.-Castille), ch.-l. de l’intend. de Tolède, sur la r. g. du Tage, à 61 kil. S. O. de Madrid ; 15 000 hab. Archevêché, pont le titulaire est primat d’Espagne ; anc. université, supprimée en 1845. Ville fort déchue, mais qui offre encore de beaux monuments : vaste cathédrale, Alcazar (anc. palais des rois maures), embelli par Charles-Quint, hôtel de ville (ou Ayuntamiento), etc. L’intérieur de la ville est laid, les rues étroites et tortueuses, l’eau rare. Quelques ruines, restes d’un cirque romain. Fabriques d’armes blanches renommées, d’ornements d’église, etc. — On croit cette ville d’origine phénicienne. Les Romains lui donnèrent le titre de colonie : c’est là qu’ils réunissaient l’or des mines de l’Espagne. Les rois goths en firent leur capitale à partir de 554 ; les Arabes la prirent en 714 et la gardèrent malgré de fréquentes révoltes. Après le démembrement du califat de Cordoue, il y eut, de 1031 à 1085, un Roy. de Tolède indépendant. Alphonse VI conquit et le roy. et la ville en 1085 : Tolède devint dès lors la capitale de la Castille ; sous Charles-Quint et jusqu’en 1560 elle le fut de toute l’Espagne : elle eut alors, dit-on, jusqu’à 200 000 h. Il s’est tenu à Tolède, au temps de la domination des Goths, 17 conciles, la plupart remarquables sous le rapport politique. À Tolède sont nés S. Ildefonse, Aben-Ezra, Aboul-Cacem, Louis de La Cerda, Aloïse Sigée, Garcilaso de la Vega. — L'intend. de Tolède, bornée par celles de Madrid et de Guadalaxara au N., de Cacérès à l’O. et par la Manche au S. et à l’E., a 207 kil. de l’E. à l’O. sur 96 de largeur moyenne, et env. 340 000 h. Sol très-montueux, mais fertile. Bétail, abeilles, vers à soie ; industrie assez active.

TOLÈDE (Pierre de), général espagnol, né en 1484 à Alba de Tormès, m. en 1533, se distingua dans la guerre de Navarre (1512) et dans celle des Flamands contre Charles-Quint, fut nommé vice-roi de Naples en 1532, se signala dans ce poste par la vigueur de son caractère ; mais se montra intolérant envers les Juifs, qu’il chassa des États qu’il gouvernait, et établit l’inquisition (1547). Une insurrection terrible ayant éclaté à cette occasion, Charles-Quint se vit obligé d’abolir l’inquisition la même année ; néanmoins, Pierre de Tolède resta en place jusqu’à sa mort (1553). — Un autre Pierre de Tolède, de la même famille, fut connétable de Castille, général des galères de Naples, battit les Turcs sur mer et fit une descente heureuse en Morée (1595). Confident de Philippe III, il fut envoyé comme ambassadeur en France auprès de Henri IV en 1608 dans le but de détacher ce prince de l’alliance des Provinces-Unies.

TOLÈDE (ALVAREZ de), duc d’Albe. V. ALBE.

TOLENTINO, v. d’Italie (Macerata), dans les anc. États de l’Église ; 4000. hab. Anc. évêché (réuni à celui de Macerata en 1586). Patrie de S. Nicolas de Tolentino et du savant Philelphe. Il y fut signé en 1797, entre Bonaparte et Pie VI, un traité par lequel ce dernier cédait le Comtat à la France ; le Bolonais, le Ferrarais, la Romagne à la république Cisalpine. Murat perdit à Tolentino une bataille décisive contre les Autrichiens le 2 mai 1815.

TOLET (Franç.), jésuite, né à Cordoue en 1532, m. à Rome en 1596, professa d’abord la philosophie et la théologie, fut prédicateur des papes Pie V, Grégoire III, Sixte V, Urbain VII, théologien ordinaire de Grégoire XIV, d’Innocent IX, de Clément VIII, remplit avec honneur diverses missions importantes, notamment en Allemagne, concurremment avec Commendon, et fut nommé cardinal en 1593. Il contribua beaucoup à lever les difficultés qui s’opposaient à l’absolution de Henri IV à Rome. Outre des Commentaires sur S. Luc, on a de lui une Summa casuum conscientiæ, Rome (1589 et 1618), ouvrage fort estimé, qui a été. trad. en français sous le titre d’Instruction des prêtres.

TOLHUYS, lieu de l’anc. duché de Clèves, auj. dans le roy. de Hollande (Gueldre), sur le Rhin, au-dessous d’Emmerich et un peu au-dessus du fort de Schenk. C’est là que Louis XIV effectua, en 1671, le passage du Rhin chanté par Boileau : le poëte appelle ce lieu Tholus.

TOLISTOBOII, un des trois peuples gaulois de la Galatie, au S. O., en deçà de l’Halys, avait pour ch.-l. Amorium. V. GALATIE.

TOLLIUS (Jacq.), philologue, né vers 1630 à Utrecht, m. en 1696, se fit recevoir médecin, fut quelque temps secrétaire du grand pensionnaire Heinsius, qui le renvoya parce qu’il copiait les documents qui lui étaient confiés, devint néanmoins recteur du gymnase de Gouda, professeur d’humanités à Duisbourg ; fut chargé par l’électeur de Brandebourg de visiter pour lui les mines d’Allemagne et d’Italie, s’aliéna encore ce protecteur, revint en Hollande, où il se fit maître d’école, et mourut dans la misère. Outre des éditions de Longin, Utrecht, 1694, d’Ausone, Amst., 1671, dans la collect. Variorum, on a de lui des traductions latines de divers ouvrages grecs et un recueil d’Epistolæ itinerariæ, 1700. — Il eut deux frères, Corneille et Alexandre, dont le 1er a donné des éditions de Paléphate, Amst., 1649, et de Cinnamus, 1652, et l’autre l’édit. d’Appien dite Variorum, avec trad. lat., Amst., 1670.

TOLLIUS (Hermann), né en 1742 à Bréda, m. en 1822, fut successivement professeur d’histoire d’éloquence, de grec à l’académie d’Harderwyck, précepteur des enfants du stathouder Guillaume V, professeur de littérature grecque et latine à Leyde. Il a édité le Lexicon Homericum d’Apollonius (avec notes) Leyde, 1788, et a publié des Mémoires concernant la république des Provinces-Unies (en hollandais), Leyde, 1814-16.

TOLNA (Altinum), bg de Hongrie, dans le comitat auquel il a donné son nom sans cependant en être le ch.-l., près de la r. dr. du Danube, à 10. k. N. E. de Szexard ; 1800 hab. — Le comitat de T., dans le cercle au delà du Danube, entre les comitats de Veszprim et de Stuhlweissembourg au N., de Pesth l’E., de Baranya au S., et de Schimegh. à l’O., a 65 kil. sur 45 et env. 200 000 hab. ; ch.-l., Szexard.

TOLOMETA, Ptolémaïs, v. de la régence de Tripoli, dans le Barca, à 110 kil. N. E. du Benghazy. Rade et petit port. Ruines grecques et romaines.

TOLOSA, v. de Gaule-Narbonaise 1re, auj. Toulouse.

TOLOSA, Iturissa, v. d’Espagne (Guipuzcoa), au confluent de l’Oria et de l’Arajez, à 20 kil. S. de St-Sébastien ; 5000 hab. C’était un des siéges des assemblées du Guipuzcoa. Manufacture royale de baïonnettes et sabres, forges, martinet à cuivre.

TOLOSA (LAS NAVAS DE) ou MURADAL. V. MURADAL.

TOLOSATES, peuple tectosage, dans la Narbonaise 1re au S. O., avait pour ch.-l. Tolosa.

TOLSTOÏ (Pierre, comte de), diplomate russe, né au milieu du XVIIe s., jouit de la faveur de Pierre le Grand, fut envoyé à Constantinople en 1702 et en 1710, et enfermé dans le château des Sept-Tours par le sultan pour s’être trop vivement opposé à l’admission de Charles XII en Turquie ; suivit en 1718 Pierre dans son voyage en Hollande, fut chargé de missions en Angleterre, puis à Vienne, ramena de Naples le jeune Alexis, que Pierre ne tarda pas à faire périr, et accompagna le czar dans la campagne de Perse (1722). Il conserva son influence sous Catherine I, mais, sous Pierre II, s’étant joint aux ennemis de Menzikof, il fut dépouillé de ses biens et enfermé dans le couvent de Soloretskoï, où il mourut presque aussitôt (1728).

TOLTÈQUES, ancien peuple de l’Amérique septentr., que l’on croit originaire de l’Asie orientale, se fixa vers 648 de J.-C. dans le Mexique et y domina plusieurs siècles. Leur domination fut remplacée au XIVe s. par celle des Aztèques, qui avaient d’abord été leurs alliés. Ils avaient pour capitale Tula.