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gne, Rome, Venise, devint, après son retour en Allemagne, peintre de Guillaume VIII, landgrave de Hesse-Cassel, directeur de l'Académie de peinture et d'architecture de Hesse, professeur de peinture au collége Carolin, et fonda une école qui, abandonnant la manière sombre de Rembrandt, adopta l'heureux mélange de couleurs qui caractérise l'école vénitienne. Il a presque exclusivement peint la mythologie. — Un de ses neveux, J. H. Guillaume T., peintre d'histoire et directeur de l'académie de peinture de Naples, a bien mérité des artistes et des antiquaires par son magnifique Recueil de gravures de vases antiques (Naples, 1791, et Paris, 1803-1806, 4 vol. de 240 gravures).

TISI (Benevenuto), peintre. V. GAROFALO.

TISIPHONE, une des Furies. V. FURIES.

TISSAPHERNE, satrape de Perse, commandait une partie de l'armée d'Artaxerce Mnémon à la bataille de Cunaxa où Cyrus le Jeune fut vaincu, 401 av. J.-C. Chargé après la victoire de conduire vers le Pont-Euxin les Dix Mille qui avaient combattu pour Cyrus, il fit égorger Cléarque et leurs autres chefs dans un festin. Il obtint en récompense de ses services la main d'une fille du roi et le gouvernement des provinces de l'Asie-Mineure qui avaient été confiées à Cyrus avant sa révolte. Attaqué en 396 par Agésilas, roi de Sparte, il fut vaincu sur les bords du Pactole, et fut à cette occasion accusé de trahison par Parysatis, mère d'Artaxerce et de Cyrus, qui le fit tuer à Colosses en Phrygie.

TISSOT (André), médecin, né en 1728 à Grancy (dans le pays de Vaud), m. en 1797, étudia à Montpellier, vint s'établira Lausanne où il se fit un nom par une nouvelle méthode de traiter la petite vérole, occupa la chaire de médecine à l'Académie de Lausanne (1766), et, après avoir rejeté les offres des rois de Pologne et d'Angleterre, accepta une chaire à l'université de Pavie (1781) ; mais il revint trois ans après à Lausanne. Il publia en 1769 à Paris un recueil de ses ouvrages, tant latins que français, en 10 vol. in-12. Ses Œuvres choisies ont paru en 1809, avec notes de Halle. On y distingue le traité De morbis ex manustupratione ortis (1760), traduit sous le titre de l'Onanisme; l’Avis au peuple sur sa santé (1761), ouvrage où pour la 1re fois la médecine était traitée en langue vulgaire; De valetudine litteratorum (1766), qu'il traduisit lui-même sous ce titre : De la santé des gens de lettres, 1769; et un Essai estimé sur les maladies des gens du monde (1770).

TISSOT (Pierre), homme de lettres, né en 1768 à Versailles, m. en 1854. Privé d'un emploi qu'il avait rempli dans l'administration révolutionnaire, il employa ses loisirs à traduire en vers les Bucoliques de Virgile (1800), attira par ce travail l'attention de Delille qui, en 1806, le choisit pour le suppléer dans sa chaire de poésie latine au Collége de France, et devint titulaire de cette chaire à la mort de Delille (1813). Destitué de nouveau, sous la Restauration, à cause de ses opinions libérales, il se jeta dans la presse opposante et devint un des rédacteurs du Pilote, du Constitutionnel, de la Minerve. Il se fit réintégrer dans sa chaire après la révolution de 1830. Outre la traduction des Bucoliques, on lui doit des Études sur Virgile (1825-30, 4 vol. in-8), vaste et utile travail dans lequel le poëte latin est comparé avec tous les poëtes épiques et dramatiques anciens et modernes. Tissot a aussi publié une Histoire de la Révolution française (1833-36, 6 v. in-8).

TITAN, fils du Ciel ou Uranus, et frère aîné de Saturne, fut père des Titans (V. l'art, suiv.) — Les poëtes donnent quelquefois le nom de Titan au Soleil.

TITANS (les), fils de Titan et de la Terre. Titan, l'aîné des fils d'Uranus, avait cédé à Saturne l'empire du monde, mais en réservant à ses enfants leurs droits au trône, et en stipulant que Saturne ne pourrait élever aucun enfant mâle. Ce dieu n'ayant point accompli sa promesse (V. SATURNE), les Titans se révoltèrent, et mirent Saturne à deux doigts de sa perte : ils se croyaient déjà vainqueurs, lorsque Jupiter, âgé d'un an, parut armé de la foudre et les précipita dans le Tartare.

TITE (S.), disciple de S. Paul, évêque de Crète au 1er s., m. vers l'an 105, est fêté le 3 janv.

TITE-LIVE, T. Livius, célèbre historien latin, né à Padoue en 59 av. J.-C., m. l'an 19 de J.-C., vécut longtemps à Rome et à Naples, fut honoré de l'amitié d'Auguste, qui lui confia l'éducation de Claude (depuis empereur), et passa ses dernières années à Padoue. Tite-Live a laissé une Histoire romaine qui embrasse les années écoulées depuis la fondation de Rome jusqu'à la mort de Drusus, beau-fils d'Auguste. Cet ouvrage se composait de 140 livres, que l'on a distribués de 10 en 10, sous le nom de Décades : nous n'en possédons guère qu'un quart ou 35 livres (I-X, XXI-XLV), et quelques fragments, dont un assez considérable du XCIe livre. Nous avons de plus les sommaires de l'ouvrage (dits Epitome), qui, sans être de Tite-Live lui-même, doivent contenir beaucoup de ses expressions et qui ont leur utilité. Freinshemius a essayé de remplir par des Suppléments plusieurs lacunes de l'auteur latin (1649). Le principal mérite de Tite-Live est dans le style et la narration : rien de plus élégant et même de plus pur que son style, bien que ses contemporains lui reprochassent un peu de patavinité ; rien de plus clair, de plus noble, de mieux ordonné que son récit : de plus, il a le mérite de ne point se passionner, bien qu'il soit favorable aux Romains plus qu'à leurs adversaires, aux patriciens plus qu'à la démocratie; il ne craint pas de louer Brutus, Cassius et surtout Pompée, ce qui le faisait appeler par Auguste le Pompéien. Les discours, en si grand nombre dans son histoire, sont des chefs-d'œuvre : ils sont plus précieux peut-être que le récit lui-même pour mettre sur la voie des vrais motifs des événements. L'auteur rapporte fidèlement des traditions absurdes, des prodiges incroyables, mais sans y croire lui-même. Ce grand ouvrage excita du vivant même de Tite-Live l'admiration générale et lui fit une immense réputation : un habitant de Cadix vint exprès à Rome pour en voir l'auteur. Tite-Live, dont les divers livres n'ont été retrouvés que successivement, a été édité nombre de fois, et traduit dans toutes les langues. La meilleure édition critique est encore celle de Drakenborch, Amst., 1738-46, 7 vol. in-4, reproduite à peu près dans la Bibliothèque classique de Lemaire, 13 vol. in-8. Parmi les éditions courantes, les meilleures sont l'édition Ad usum Delphini, 1679, 6 v. in-4; celle de Crevier, avec d'excellentes notes, Paris, 1748, 6 vol. in-4; d'A. W. Ernesti et Schæfer, Leips., 1801-4, 5 vol. in-8; de Stroth et Dœring, 1796-1813, 7 vol. in-8; de Ruperti, Gœtting, 1807, 4 vol. in-8 ; de Boehmert, Leips., 1825, 4 vol. in-8; de Weissenborn, Leips., 1850. Tite-Live a été traduit en français par Dureau De la Malle et Noël, 1810-12, 15 vol. in-8, et dans les collections Panckoucke et Nisard, par divers auteurs. On doit à Lachmann une dissertation De fontibus historiarum Livii, Gœtt., 1822, à M. Taine un Essai sur Tite-Live, 1856, couronné par l'Acad. française.

TITHON, prince troyen , fils de Laomédon, et frère de Priam, était si beau que l'Aurore l'enleva pour en faire son époux. Il la rendit mère de Memnon et d'Émathion. L'Aurore obtint pour lui de Jupiter l'immortalité; mais, ayant oublié de demander en même temps qu'il eût une jeunesse éternelle, Tithon devint si vieux et si faible qu'il fallut l'emmaillotter comme un enfant. L'Aurore le métamorphosa en cigale. Il est à croire que Tithon avait quitté la Troade, son pays natal, pour s'établir dans une contrée plus orientale (la Susiane ou la Perse), ce qui fit dire aux poëtes qu'il avait été enlevé par l'Aurore.

TITICACA ou CHUCUITO, lac du Pérou, sur la limite de la Bolivie, par 13° 30'-17° lat. S. et 71° 15'-73° 12' long. O., sur un plateau élevé de 3915m au-dessus de la mer, a 280 kil. de long, sur 100 de large.