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St-Gall, arrose ensuite celui de Thurgovie (auquel elle donne son nom), puis celui de Zurich, reçoit la Sitter, puis la Murg, et se jette dans le Rhin, par la r. g., après un cours de 100 kil.

THURGOVIE (Canton de), Thurgau en allem., le 17e canton de la Confédération helvétique, a pour bornes au N. le duché de Bade, au S. le cant. de St-Gall, et est arrosé par la Thur, d'où, son nom; 700 k. carrés; 90 000 h. (dont un quart Catholiques, le reste Réformés) ; capit., Frauenfeld. Montagnes peu élevées; plusieurs lacs (celui de Constance y forme limite à l'E.); climat doux, sain; sol fertile, grains, vin; beaux vergers, forêts, bétail. Toiles, mousselines, soieries. Le gouvernement, mélange d'aristocratie et de démocratie, est composé d'un Grand-Conseil (de 100 membres), élu pour 2 ans par le peuple, et d'un Petit-Conseil (de 9), choisi par le Grand-Conseil et chargé du pouvoir exécutif. — Jadis habitée par les Tigurini, cette contrée, après diverses vicissitudes, forma un landgraviat qui fut possédé par la maison de Zæhringen, puis par les comtes de Kybourg;. En 1400, la Thurgovie devint sujette des cantons suisses; elle fut érigée en canton indépendant après la révolution de 1798.

THURINGE, anc. contrée de l'Allemagne centrale qui a souvent changé de limites, occupait la Haute-Saxe (Saxe-Cobourg, S.-Gotha, S.-Meiningen, S.- Weimar, etc.), et tirait son nom des Thurs ou Thuringii, qui, chassés des sources du Mein par les Suèves, vinrent habiter entre l'Elbe et le Weser, dans les montagnes qui ont conservé le nom de Thuringerwald. Le nom de Thuringe a successivement désigné un royaume, deux duchés, un comté, un margraviat, un landgraviat.

Royaume de Thuringe. Il comprenait, outre la Thuringe moderne (ou cercle de Thuringe), la Hesse, le Harz, le pays de Brunswick et l'Osterland; il s'étendit même jusqu'au Rhin, au Danube et près de l'Elbe : la Saale y coulait ; Scheidingen (qui n'est plus qu'un village), sur l'Unstrutt, et Erfurt en étaient les villes principales. Limites : la Saxe (barbare) au N., diverses peuplades slaves à l'E., l'Austrasie à l'O. (la Fulde formait la séparation). Ce royaume n'exista que de 456 à 527 ou 531. Parmi ses rois on nomme Meerwig (le fondateur), Basin (qui reçut Childéric à sa cour), et les 3 fils de Basin, qui, par leurs divisions, amenèrent la ruine du royaume. Hermanfroi, le dernier, fut tué à Tolbiac par Thierri I, roi d'Austrasie (530), qu'il avait appelé à son secours, mais à qui il refusait la récompense convenue. Thierri I ne put garder tout le pays conquis : le Harz, le Brunswick et l'Osterland (qui n'avaient pas encore ces noms) formèrent une Thuringe septentrionale ou Thuringe saxonne, qu'on appela Ostphalie; le reste fut la Thuringe méridionale, dite aussi Thuringe austrasienne, ou franque ou Franconie, enfin Thuringe propre.

Duchés de Thuringe. Il y eut un 1er duché de Thuringe de 630 à 717, et un 2e de 849 à 919. La 1re fois il faisait partie du roy. ou de la république d'Austrasie; la 2e il appartenait au roy. de Germanie. Parmi les ducs du 2e duché (dit aussi Franconie), on remarque Conrad de Hesse (père de Conrad I, roi d'Allemagne), Othon l'Illustre (père de Henri l'Oiseleur), et Henri l'Oiseleur lui-même, qui réunit le duché à la couronne. Ce duché, qui répond à la Thuringe austrasienne (Thuringe moderne et Hesse), comprenait les comtés de Weimar, Mansfeld, Schwarzbourg, Gleichen. — Le margraviat, le landgraviat et le comté ne prirent naissance que plus tard; le 1er, formé en 960, s'éteignit en 1090, le 2e et le 3e se réunirent en 1130 et eurent une existence commune jusqu'en 1247. Le margraviat n'était autre chose que l'Osterland ; après avoir eu divers maîtres, il appartint aux margraves de Misnie (de la 1re maison de Brunswick), puis aux Nordheim (d'où il passa aux Supplenbourg, puis aux Welfs), et entra enfin dans la maison de Wettin : dans ces changements, son nom disparut. — Le landgraviat de Thuringe (qui contenait presque toute la Thuringe moderne et la Hesse) appartenait à la maison de Winzenbourg. Hermann de Winzenbourg ayant été proscrit en 1130 pour un crime qu'il avait commis, son fief passa à Louis III, déjà comte de Thuringe, qui fut ainsi à la fois landgrave fit comte. — Le comté, qui avait pour ch.-l. Sangerhausen, date de l'an 1039; il appartenait à une maison carlovingienne, issue de Charles de Lorraine (qu'avait dépossédé Hugues Capet) et qui se divisa en deux lignes, celle des landgraves, laquelle s'éteignit en 1247 dans la personne de l'anti-empereur Henri le Raspon, et celle de Hohnstein, qui n'a fini qu'au XVIe s. A la mort de Henri le Raspon, le landgraviat-comté fut partagé ainsi qu'il suit : les alleux (formant la Hesse) passèrent à Henri de Brabant, dit l'Enfant, qui prit le titre de landgrave de Hesse; le reste fut donné aux margraves de Misnie de la maison de Wettin (plus tard électeurs de Saxe), et forma la Thuringe moderne.

La Thuringe moderne, formée du landgraviat-comté de Thuringe, appartint jusqu'en 1814 au roy. (jadis électorat) de Saxe; elle comprenait les 13 bailliages de Tennstadt, Pforta, Tautenbourg, Treffurt, Weissenfels, Freyburg, Eckartsberga, Sangerhausen, Saxenbourg, Weissensee, Langensalza, Wendelstein, Sittichenbach. Réunis à la principauté de Mersebourg et à la partie saxonne, du comté de Mansfeld, tous ces pays formaient le Cercle de Thuringe dans l'électorat de Saxe. Ils furent enlevés au roi de Saxe en 1814 et 1815 et donnés à la Prusse : ils forment la plus grande partie de la régence d'Erfurdt et la partie S. O. de la régence de Mersebourg.

THURINGERWALD, c.-à-d. Forêt de Thuringe, chaîne de montagnes, boisées de l'anc. Thuringe, auj. dans les duchés de Saxe, de Hesse-Cassel et la principauté de Schwartzbourg-Rudolstadt, commence à la source de la Werra et se termine près d'Eisenach; elle a 80 k. de long. Ses plus hauts sommets , le Schneekopf et le Behrberg, ne dépassent pas 1000m.

THURIUM, Torre Brodognato, v. grecque de Lucanie, sur la frontière du Brutium, bâtie l'an 444 av. J.-C., à l'aide d'une colonie d'Athéniens, près des ruines de Sybaris. Attaquée par les Lucaniens en 286 avant J.-C., elle se soumit aux Romains, qui la délivrèrent (282). Elle reçut en 194 av. J.-C. une colonie romaine et prit le nom de Copiæ. V. SYBARIS.

THURLOE (John), homme d’État anglais, né en 1616 dans le comté d'Essex, m. en 1668, fut secrétaire des commissaires du parlement au traité d'Uxbridge, conclu avec Charles I, puis ambassadeur près des Provinces-Unies, 1651, fit partie du cabinet de 1652 à 1657, et enfin du conseil de Cromwell. C'est lui qui découvrit le complot royaliste de Harrison. Après le retour de Charles II, il fut mis quelque temps en prison pour crime de haute trahison; depuis il vécut dans la retraite; Clarendon le consultait souvent sur les affaires. On a de Thurloe une collection d'une haute importance, intitulée Papiers d'État (Londres, 1742, 7 vol. in-fol.), qui renferme de précieux documents sur les affaires de l'Europe sous Cromwell.

THURNMAIER (J.), historien. V. AVENTIN.

THUROCS (Comitat de), un des comitats de la Hongrie, dans le cercle en deçà du Danube, entre ceux de Trentsin au N. O., d'Arva au N. E., de Liptau à l'E., de Sohl au S. E., de Bars au S. et de Neutra au S. O. ; 53 kil. sur 22; 65 000 hab.; ch.-l., St-Marton. Il prend son nom de la riv. de Thurocs qui le traverse. Il a été réuni au comitat d'Arva en 1853.

THUROT (Franç.), fameux corsaire, né en 1727 à Nuits, m. en 1760, prit d'abord du service comme chirurgien à bord d'un corsaire à Dunkerque, s'engagea ensuite comme matelot, devint pilote, puis capitaine, fit de riches prises, reçut le commandement d'une frégate du gouvernement, prit en une seule campagne 60 navires de commerce, se couvrit de gloire à la tête de 4 frégates et corvettes, en 1757 et 58, opéra en 1759 un débarquement en Irlande et