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ria, ne voulut pas lui survivre. Domitien fit mettre à mort Arulénus pour avoir écrit l'éloge de Thraséas.

THRASYBULE, général athénien, eut une part essentielle à la révolution qui renversa les Quatre-Cents et qui rappela de l'exil Alcibiade, aida au gain de la bataille de Cyzique, 410 av. J.-C., fut battu devant Éphèse (408), mais réussit à soumettre la côte de la Thrace, fut chargé, lors de la bataille des Arginuses, de rendre les derniers devoirs aux Athéniens morts, se réfugia à Thèbes après l'établissement des 30 tyrans à Athènes, y devint le chef des bannis, rentra avec eux à main armée dans sa patrie (403), reconstitua la démocratie, fit décréter une loi d'amnistie, rendit quelque indépendance à Athènes et l'entraîna dans l'alliance de Thèbes contre Sparte (395), commanda dans cette guerre la flotte destinée a soumettre les îles de la mer Égée ainsi que les villes grecques de la Thrace et de l'Asie-Mineure, mit Méthymne en état de blocus, imposa une contribution de guerre à la ville d'Aspende en Cilicie, mais fut tué dans une sortie nocturne que firent les habitants de cette place (390). Cornélius Népos a écrit sa Vie.

THRASYLLE, de Phlionte, musicien et philosophe platonicien du 1er s. de notre ère, était partisan exclusif de la musique ancienne et ennemi des raffinements modernes. Il s'adonna aussi à l'astrologie et fut en faveur, à titre d'astrologue, près d'Auguste et de Tibère. — Son fils, aussi astrologue, prédit à Néron qu'il serait empereur.

THRONIUM, v. de l'anc. Grèce, capitale de la Locride épicnémidienne, vers le centre du pays.

THSIN-CHI-HOANG-TI, empereur chinois, le 1er de la dynastie des Thsin, hérita en 247 av. J.-C. du seul roy. de Thsin, réussit à réunir en une seule monarchie tous les royaumes qui existaient en Chine, fit construire des canaux, des routes, de beaux édifices, extermina en partie les Hiong-nou (Huns) et autres barbares, et mourut en 210. Ce prince fit, dit-on, brûler tous les livres historiques pour imposer silence aux grands qui, s'appuyant sur ces livres, réclamaient sans cesse des droits anciens.

THUCYDIDE, Thucydides, célèbre historien grec, d'Athènes, né vers 471 av. J.-C. d'une famille riche et considérable, m. vers 395 ou plutôt vers 402, entendit à 15 ans la lecture de l'ouvrage d'Hérodote aux jeux olympiques, et désira dès lors marcher sur les traces de cet historien. Il servit pendant la guerre du Péloponèse, fut chargé de secourir Amphipolis et Eïon (424), mais ne put sauver la première de ces places et fut puni par le bannissement (423). Son exil dura 20 ans : il en passa la plus grande partie en Thrace, à Scapté-Hylé, où il possédait des mines d'or, et s'occupa de rassembler à loisir les matériaux de son histoire. Thucydide a laissé une Histoire de la guerre du Péloponèse, en 8 livres; malheureusement, cet ouvrage n'est pas complet: l'auteur s'arrête à l'an 411, et le dernier livre paraît n'être qu'une esquisse. Telle qu'elle est cependant, l’Histoire de Thucydide est un des chefs-d'œuvre de l'antiquité : l'auteur s'y montre militaire et politique consommé. Instruit, impartial, judicieux, méthodique, il démêle habilement les causes, les ressorts, les conséquences des événements; son style est serré, vigoureux; ses discours sont admirables de logique. Démosthènes prit Thucydide pour modèle, et copia 8 fois de suite ses ouvrages. Les seuls reproches qu'on puisse faire à ce grand historien, c'est un peu de roideur, de sécheresse et d'obscurité; en outre, l'intérêt du récit est refroidi par la division monotone des événements en périodes régulières d’été et d’hiver. Thucydide a été édité et traduit dans tous les pays de l'Europe; les meilleures éditions sont celles d'Hudson, Oxford, 1696; de Duker avec les notes d'Hudson, Amst., 1731 ; de Gail, avec un volumineux commentaire, Paris, 1807; de Bekker , Oxford, 1824; de Poppo, Leips., 1821-40; de Bothe, Leips., 1848; de M. Haase, dans la collection Didot. On estime les trad. de Ch. Lévesque, 1795, reproduite par Gail dans son édition; d'Amb. Firmin Didot, 1833: de Zévort, 1854, de Bétant, 1863. On doit à ce dernier un Lexicon thucydideum, 1855, et à M. J. Girard un Essai sur Thucydide, couronné par l'Académie française (1860).

THUEYTS, ch.-l. de c. (Ardèche), à 26 kil. N. O. de l'Argentière ; 2910 hab. Lainages. Eaux minérales.

THUGS ou ÉTRANGLEURS, associations d'assassins de l'Hindoustan, adorent Kâli, déesse du mal et de la mort, et immolent à leurs dieux, en les étranglant, tous les étrangers qu'ils rencontrent. Les Anglais en ont détruit un grand nombre.

THUGUT (Franç.), ministre autrichien, né à Lintz en 1739, m. en 1818, était fils d'un batelier. Il remplit diverses missions, notamment à Constantinople, en France et à Naples, fut ambassadeur d'Autriche en Pologne (1780), administrateur général de la Valachie et de la Moldavie en 1788, revint à Vienne après la mort de Léopold II, détermina le nouvel empereur, François II, à entrer dans la coalition contre la France, dirigea depuis ce temps toute la politique autrichienne, et devint en 1794 premier ministre. Il se montra toujours fort opposé à la France : une des conditions secrètes du traité de Campo-Formio fut son éloignement.

THUILLIER (dom Vincent), bénédictin de la Congrégation de St-Maur, né à Coucy près de Laon en 1685, m. en 1735, fut sous-prieur de son ordre. Adversaire de la constitution Unigenitus, il se signala d'abord comme appelant, mais il revint ensuite à des idées plus modérées et retira son appel. Il avait rédigé une Histoire de la bulle Unigenitus, qui est restée manuscrite. On lui doit une trad. latine du Traité d'Origène contre Celse et une traduction française de Polybe (avec des commentaires par Folard).

THUILLIER (J. L.), botaniste, 1757-1822, fut d'abord jardinier au Jardin des Plantes de Paris, se fit une réputation par son habileté à préparer les herbiers, et fut, lors de la création des Écoles centrales, nommé professeur de botanique rurale à Paris. Il a publié une Flore des environs de Paris, 1790.

THUIN, v. de Belgique (Hainaut), sur la Sambre, à 15 kil. S. O. de Charleroi; 8000 hab. Draps communs, lainages. Fondée au Xe s., cette ville fut prise par Charles le Téméraire en 1466; assiégée inutilement par le maréchal de Lorges en 1654, et prise par Marceau sur les Autrichiens en 1793.

THUIR, ch.-l. de c. (Pyrénées-Orient.), sur le Tet, à 15 kil. S. O. de Perpignan; 2384 hab. Huile, eau-de-vie; élève d'abeilles.

THUISTON, dieu des Celtes et des Germains analogue à Pluton, fils de la Terre, poliça les Germains, établit parmi eux des cérémonies religieuses, et fut après sa mort mis au rang des dieux.

THULÉ, île ou terre qui était le point le plus septentrional que connussent les anciens. On balance entre les îles Shetland, les Fœroé, les côtes ou îles du Danemark, et le S. O. de la Norvège. La 1re opinion est la plus probable. — On a nommé Thulé australe l'île la plus mérid. de l'archipel Sandwich, par 59° 34' lat. S., 27° 45' long. O.

THUN, v. de Suisse (Berne), sur l'Aar, près de sa sortie du lac de Thun, à 24 kil. S. E. de Berne; 6000 hab. École militaire fédérale, bibliothèque, archives; château. — Le lac de Thun est traversé par l'Aar, qui le met en communication avec celui de Brienz; 18 kil. sur 4. Bords pittoresques.

THUNBERG (Ch. Pierre), botaniste et voyageur suédois, élève de Linné, fut envoyé en 1772 au Japon par la Compagnie hollandaise pour étudier les productions du pays, visita aussi Ceylan, revint en Europe en 1778 avec de précieux trésors scientifiques et fut nommé professeur de botanique à Upsal. Il mourut en 1798. On a de lui : Flora japonica (1784); Voyage au Japon par le cap de Bonne-Espérance, trad. par Langlès (1796).

THUR (la), riv. de Suisse , naît dans le canton de