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par ses vers impies et obscènes. Il était calviniste : on l’accusa d’athéisme et d’immoralité, et il fut exilé (1619). De retour en France, il abjura et reçut de Louis XIII une pension, mais, accusé d’être l’auteur d’un recueil rempli d’obscénités sacrilèges qui avait paru en 1622, il fut condamné à mort. Cette peine rigoureuse fut commuée en un simple bannissement de la capitale ; Théophile put même rentrer bientôt dans Paris, mais il mourut peu après, à peine âgé de 36 ans. Ses Œuvres furent publiées à Paris en 1621, en 2 parties ; une 3e partie parut à Rouen en 1626 ; il faut y joindre sa Correspondance, imprimée en 1644. M. Alleaume a donné en 1856 une édition annotée de ses Œuvres complètes, avec notice biographique (2 vol. in-16). On trouve dans les poésies de Théophile de l’imagination, de l’esprit et de la facilité ; mais elles sont pleines de négligences ; trop souvent aussi l’auteur offense la pudeur, autant que le goût.

THÉOPHRASTE, philosophe grec, né en 371 av. J.-C., à Éresos, dans l’île de Lesbos, était fils d’un foulon. Il vint jeune à Athènes, y suivit les leçons de Platon, puis d’Aristote, et fut choisi par ce dernier pour le remplacer lorsqu’il cessa d’enseigner au Lycée, 322 av. J.-C. Il attira un grand nombre de disciples par la clarté de son exposition, et il enchanta tellement les Grecs par le charme de sa parole qu’ils lui donnèrent le nom de Théophraste (divin parleur), le seul sous lequel il soit connu (il se nommait d’abord Tyrtame). Il mourut à 85 ans, ou même, selon quelques-uns, à 107 ans, entouré de la vénération publique. Embrassant toutes les sciences, comme son maître Aristote, il avait composé plus de 200 traités ; nous n’en avons conservé qu’un très-petit nombre : une Histoire des plantes (dans laquelle on trouve le germe du système sexuel), des traités des Causes de la Végétation, des Pierres, des Vents, des Signes du beau temps, du Feu, des Poissons, du Vertige, de la Lassitude, de la Sueur, des Odeurs, des Causes, de la Métaphysique, du Sentiment et de l’Imagination, enfin les Caractères, recueil de portraits moraux : c’est le plus célèbre de tous ses ouvrages ; il a servi de modèle aux Caractères de La Bruyère. Ce qui nous reste de Théophraste a été publié par Camerarius (1541) ; Daniel Heinsius (1613) ; Schneider (5 vol. 1818-21) ; Fr. Wimmer (gr. lat. coll. Didot, 1866). Wimmer a édité à part l’Histoire des plantes (Breslau, 1842). Longtemps on ne posséda que 28 chapitres des Caractères ; les chap. XXIXX et XXX ont été découverts en 1786 par Amaduzzi. Les Caractères ont été trad. en français par la Bruyère (1688), mais sur un texte fautif et incomplet, et depuis, d’une manière plus complète, par Lévesque (1782), Belin de Balu (1790), Coray (1799), Stiévenart (1842).

THÉOPHYLACTE, dit Simocatta, historien grec du VIIe s., né en Égypte, remplit diverses charges importantes à la cour de l’empereur Maurice, et mourut vers 640, âgé d’env. 70 ans. Outre 85 Lettres (publiées par T. Gruter, Leyde, 1599, grec-latin, et par Boissonade, Paris, 1835), et des Problèmes physiques (Leips., 1653), on lui doit une bonne Histoire du règne de Maurice (de 582 à 602), imprimée par Pontanus, Ingolstadt, 1604, puis insérée dans la Byzantine, et trad. en français par le président Cousin.

THÉOPOMPE, roi de Sparte de 770 à 724 av. J.-C., augmenta le pouvoir des éphores, disputa Thyrée aux Argiens, et commença la 1re guerre de Messénie. Après quelques succès, il fut battu et pris par Aristodème prés du mont Ithome, et égorgé.

THÉOPOMPE, de Chio, historien et orateur, né vers 358 av. J.-C., fut, ainsi que son père, exilé de sa patrie comme trop favorable à Sparte, vint à Athènes, où il eut pour maître Isocrate et pour émule Éphore (V. ce nom), prononça des harangues dans presque toutes les villes grecques, se livra aussi avec succès à la philosophie, mais eut surtout une grande renommée comme historien : à l’art de narrer, il joignait la sagacité, la critique, l’amour du vrai ; on lui reprochait quelque malignité. Théopompe avait composé: 1o  les Helléniques, en 2 livres (continuation de l’ouvrage de Thucydide) ; 2o  les Philippiques (Hist. de Philippe II. en 58 liv.) ; 3o  un Abrégé d’Hérodote. On n’a plus que quelques fragments de cet historien, l’un des plus respectables de l’antiquité ; ils ont été réunis par Wichers, Leyde, 1829, et reproduits dans les Fragments des histor. grecs de la collection Didot, 1841.

THÉOT (Catherine), femme visionnaire, née près d’Avranches en 1725, se persuada qu’elle était tantôt la mère de Dieu, tantôt une nouvelle Ève. Enfermée comme folle, puis remise en liberté, elle recommença ses prédications à Paris en 1794, au moment où fut institué le culte de la déesse Raison, et fit quelques prosélytes, notamment l’ancien chartreux dom Gerle (V. ce nom) ; elle voyait dans Robespierre le précurseur du Verbe divin. Le comité de sûreté générale la fit arrêter, et le 17 juin Vadier, dans un rapport plein d’une ridicule exagération, l’accusa d’intelligences avec des émigrés et des prêtres, et la fit enfermer à la Conciergerie : elle y mourut, au bout de 6 semaines, à 70 ans.

THÉRA, auj. Santorin, une des Cyclades, la plus mérid. de toutes, fut produite par un volcan sous-marin à l’époque héroïque de l’histoire grecque. Colonisée par les Lacédémoniens, elle leur resta fidèle dans la guerre du Péloponèse. Elle fonda plusieurs colonies : la plus célèbre est Cyrène. V. BATTUS.

THÉRAIN (le), riv. de France, naît dans le dép. de la Seine-Inf., à l’E. de Forges, entre dans celui de l’Oise, arrose Songeons, Beauvais, et tombe dans l’Oise, à 4 kil. S. de Creil, après un cours de 90 kil.

THÉRAMÈNE, orateur athénien, natif de Céos, étudia l’éloquence sous Prodicus, aida Pisandre et Antiphon à remplacer la démocratie pure par le gouvernement des Quatre-Cents, eut part à la révolution qui ramena Alcibiade (411 av. J.-C.), commanda en 409 et 408 une division de la flotte et contribua au succès de ces deux campagnes, prit part à la bataille des Arginuses, en 406, mais échappa à la condamnation qui frappa ses collègues ; fut envoyé près de Lysandre, puis à Sparte après la bataille d’Ægos-Potamos, pour négocier, et fut un des Trente auxquels Lysandre remit le pouvoir. La modération qu’il montra dans ce poste déplut : Critias l’accusa en plein conseil, et le fit condamner à boire la ciguë (403).

THÉRAPEUTES, c.-à-dire Serviteurs de Dieu (du grec thérapeuein, servir, adorer), secte analogue à celle des Esséniens, dont elle paraît être une branche, était établie principalement à Alexandrie. Voués à la contemplation, au célibat et à une vie solitaire, les Thérapeutes formaient un véritable ordre religieux. Ils vivaient avec une extrême frugalité, et donnaient l’exemple de toutes les vertus. Philon, le premier qui ait parlé des Thérapeutes, en fait une secte du Judaïsme ; Eusèbe, S. Jérôme et d’autres Pères pensent qu’ils étaient Chrétiens.

THÉRAPIA, bourg de Turquie (Roumélie), à 16 k. N. de Constantinople, sur la rive occid. du Bosphore. Bon port ; résidence d’un métropolitain grec ; résidence d’été de l’ambassadeur de France.

THÉRAPNÉ, Therapne ou Theramnæ, anc. bourg de Laconie, sur la r. g. de l’Eurotas et tout près de Sparte. Patrie d’Hélène, de Castor et Pollux.

THÉRÈSE, princesse espagnole, fille naturelle d’Alphonse VI, roi de Castille, épousa vers 1090 le 1er comte de Portugal, Henri de Bourgogne, qui mourut en 1112 ; elle gouverna au nom de son fils Alphonse, soutint en 1121, contre la fameuse Urraque, sa sœur, une guerre qui lui valut Zamora, Toro, Avila, etc. ; mais fut moins heureuse dans une 2e guerre qu’elle eut à soutenir en Galice, contre Alphonse VIII, son neveu (1127). Elle épousa en 1124 Ferdinand Paez, comte de Transtamare ; elle refusa, en 1128, de remettre à son fils Alphonse les rênes du gouvernement, et prit les armes contre lui ; mais fut vaincue à San-Mamède, prise et jetée dans une prison, où elle mourut en 1130. Cette princesse avait les mœurs les plus dissolues.