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signala de bonne heure par son courage et eut part à la bataille de Marathon où commandait Miltiade (490) : depuis, il répétait souvent que les trophées de Miltiade l’empêchaient de dormir. Prévoyant une 2e guerre médique, il détermina par ses conseils les Athéniens à se créer une formidable marine, et, quand Xerxès envahit la Grèce, il fut mis à la tête des forces athéniennes. Il fit comprendre à ses concitoyens la nécessité d’évacuer Athènes et de se réfugier sur leurs vaisseaux, montra un calme admirable dans ses discussions avec le général en chef des Grecs, Eurybiade de Sparte, en lui disant ce mot célèbre : « Frappe, mais écoute ! » et porta enfin un coup mortel à la flotte des Perses par la victoire navale de Salamine, 480 av. J.-C. Il releva ensuite les murs d’Athènes et fortifia le Pirée malgré l’opposition de Sparte, accrut la puissance maritime de sa patrie, fit tous ses efforts pour abaisser Sparte, et pour assurer aux Athéniens la prééminence sur tous les autres États de la Grèce. Sparte de son côté intrigua contre lui dans Athènes, et réussit à le faire bannir pour 5 ans par l’ostracisme, 475. Thémistocle alla chercher un asile d’abord chez le roi des Molosses, Admète, puis chez le roi des Perses, Artaxerce I, qui lui donna une magnifique hospitalité, mais qui voulut lui faire porter les armes contre la Grèce. Thémistocle s’empoisonna, dit-on, pour ne pas être forcé d’obéir, 470 av. J.-C. ; selon une autre version, il mourut naturellement. Thémistocle avait du génie et du patriotisme, mais il était peu scrupuleux sur les moyens de réussir. Jaloux du crédit d’Aristide, il le fit bannir par l’ostracisme. On connaître projet qu’il avait conçu, dit-on, d’incendier en pleine paix les vaisseaux de Sparte afin d’assurer la domination de sa patrie, projet qu’Aristide fit échouer en déclarant aux Athéniens que si rien n’était plus utile que la proposition de Thémistocle, rien aussi n’était plus injuste. Plutarque et Cornélius Népos ont écrit sa Vie.

THÉNARD (L. Jacq.), célèbre chimiste, né en 1777 à La Louptière, près de Nogent-sur-Seine (Aube), m. en 1857, était fils d’un simple cultivateur. D’abord préparateur de chimie de Fourcroy, il devint bientôt lui-même professeur et déploya un tel talent pour l’enseignement qu’il se vit appelé aux trois premières chaires de chimie de Paris, celles de la Faculté des Sciences, du Collége de France et de l’École polytechnique. Il fut admis en 1810 à l’Institut, et nommé en 1821 doyen de la Faculté des Sciences. Élu en 1827 député de l’Yonne, il vota avec les défenseurs des libertés constitutionnelles ; il entra après la révolution de 1830 au Conseil de l’instruction publique, dont il ne tarda pas à devenir vice-président, fut élevé à la pairie en 1832 et se retira des affaires après 1851. Il avait été fait baron en 1825. On lui doit un grand nombre de découvertes et d’applications de la science ; on remarque entre autres ses travaux sur l’acide acétique, le protoxyde de fer, le sulfure d’arsenic, les éthers ; ses recherches (avec Gay-Lussac) sur le potassium, le sodium, le bore, sa découverte de l’eau oxygénée, ses expériences sur le phosphore, l’invention du bleu dit de Thénard (à base de cobalt) et d’un mastic hydrofuge. Ayant entrepris de réunir en un seul corps toutes les connaissances éparses qu’on possédait sur la science à laquelle il s’etait voué, il fit paraître, de 1813 à 1816, un grand Traité de chimie, qui eut de nombreuses éditions. Thénard a rendu d’éminents services en prêtant à l’administration et à l’industrie les lumières de la science. Comme administrateur de l’Université, il a laissé les meilleurs souvenirs, tant par la réforme qu’il porta dans les finances que par sa fermeté, sa justice et sa bienveillance. Ami du travail, il l’encourageait par tous les moyens en son pouvoir : dans sa sollicitude pour les savants qui pouvaient devenir victimes de leur ardeur, il fonda, dans la dernière année de sa vie, une Société de Secours des Amis des sciences, et s’inscrivit le premier pour une somme de 20 000 francs. M. Flourens a lu une Notice historique sur Thénard à l’Académie des sciences en 1860.

THENEZAY, ch.-l. de cant. (Deux-Sèvres), à 22 k. N, E. de Parthenay: 2282 hab. Vin blanc.

THENON, ch.-l. de c. (Dordogne), à 33 kil. S. E. de Périgueux ; 1898 hab.

THÉOBALD. V. THIBAUT.

THÉOCRITE, poëte bucolique grec, né à Syracuse vers 290 av. J.-C., quitta de bonne heure la Sicile à cause des troubles politiques qui l’agitaient ; passa une partie de sa vie en Égypte, à la cour des deux premiers Ptolémées, revint ensuite dans sa patrie, jouit de la faveur de Hiéron II, et mourut très-âgé. On n’a de ce poëte que 30 idylles et 23 épigrammes ou inscriptions. Il avait laissé encore des hymnes, des élégies, des ïambes, qui sont perdus. Théocrite porta la poésie bucolique au plus haut point de perfection. Des grâces simples et naïves, un naturel exquis, un dialogue vif, serré, varié, piquant, des descriptions ravissantes, le placent parmi les modèles du genre ; on regrette cependant que ses peintures soient trop souvent nues et blessent la décence. On trouve dans ses idylles des morceaux d’un ordre plus relevé : la Magicienne, les Syracusaines, les Pécheurs, le Petit-Hercule, l’Épithalame d’Hélène, les Dioscures. Ses poésies pastorales ont été souvent imitées, notamment par Virgile. Les meilleures éditions de ce poëte sont celles de Reiske, Leips., 1765 ; de Valckenaer, Leyde, 1779 ; de Heindorf, Berlin, 1810 ; de Kiessling, 1819: de Jacobs, 1824 ; d’Ahrens, 1856, et celle de la collection Didot, par M. Ameis. Il a été traduit en prose par Gail, 1792 ; Geoffroy, 1800 ; Gin, 1801 ; L. Renier, 1842 ; Leconte de Lisle, 1861 ; et en vers par Longepierre, 1688 ; Servan de Sugny, 1822, et Firmin Didot, 1833.

THÉODAT, roi des Ostrogoths, neveu de Théodoric I, épousa en 534 sa cousine Amalasonte, après la mort d’Euthéric, premier époux, et d’Athalaric, fils de cette princesse, mais il la fit bientôt périr pour s’emparer de tout le pouvoir. Justinien, sous prétexte de venger Amalasonte, fit envahir l’Italie par Bélisaire (535 et 36), et enleva à Théodat la Sicile, la Basse-Italie et Naples. Les Goths, mécontents de leur roi, qui avait offert les conditions de paix les plus humiliantes, le déposèrent et le remplacèrent par Vitigès. Théodat voulut fuir, mais il fut tué sur la route de Ravenne. Ce personnage a été mis sur la scène par Corneille (1672), mais sans succès.

THÉODEBALD, roi d’Austrasie de 548 à 553, fils de Théodebert I, avait 14 ans à peine quand son père mourut. Une fit rien d’important par lui-même ; mais deux de ses généraux, Leutharis et Bucelin, allèrent, avec une partie des Austrasiens, guerroyer en Italie contre les Grecs.

THÉODEBERT I, 2e roi de Metz ou d’Austrasie (534-48), était fils de Thierri I. Il se fit céder la Bavière par l’Ostrogoth Vitigès (538) pour prix des secours qu’il lui promit contre Justinien ; mais, ayant reçu en même temps de l’argent de Justinien pour trahir Vitigès, il franchit les Alpes, pillant à la fois amis et ennemis. Il se préparait à marcher sur Constantinople, lorsqu’il mourut d’une chute de cheval, au milieu de ses projets ambitieux. Ce fut le plus brillant et le plus brave des descendants de Clovis. — II, 6e roi d’Austrasie (596-612), fils de Childebert II, lui succéda à 11 ans. Il se gouverna d’abord par les conseils de Brunehaut, son aïeule, puis il l’expulsa à la sollicitation de sa femme et des leudes, que Brunehaut avait voulu éloigner du conseil du roi (599). Après diverses querelles avec Clotaire II et avec Thierri II, son frère, roi de Bourgogne, il fut battu par ce dernier à Toul et à Tolbiac, en 612, fut pris et livré à Brunehaut, qui le fit mettre à mort.

THÉODELINDE, femme d’Autharis, roi des Lombards, qu’elle avait épousé en 589, se maria plus tard avec Agilulphe, duc de Turin, le fit parvenir au trône de Lombardie (591), et le détermina à em-