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THAMYRIS, ancien aède ou poëte grec, fils de Philammon et d'Arsinoé, né en Thrace chez les Édones, inventa, dit-on, le mode dorien, et remporta le prix de la lyre aux jeux pythiques. Ayant osé défier les Muses, il fut vaincu par elles et frappé de cécité. On lui attribuait plusieurs poëmes, auj. perdus.

THANE, nom donné par les Anglo-Saxons au chef d'une bande ou d'un canton. Après l'établissement des Anglo-Saxons dans la Grande-Bretagne, ce nom fut donné à tout vassal immédiat de la couronne : le thane était au-dessus de l’earl ou comte.

THANET (île), île d'Angleterre (Kent), formée par la Tamise à son embouch. et par les deux bras de la Stour, a 16 kil. sur 12 et 20 000 h. Cette île fut cédée en 449 par les Bretons aux Saxons lorsqu'ils appelèrent ceux ci contre les Pictes : bientôt après ils voulurent les en chasser, mais ils furent battus, 463.

THANN, v. d'Alsace-Lorraine, à 33 kil. N. E. de Béfort, sur la Thur, dans une vallée qui se lie à celle de St-Amarin: 8854 hab. Collége, station. Belle église de St-Théobald surmontée d'une jolie tour de 100m; ruines du château d'Engelbourg. Amidon, poudre, produits chimiques; filatures de coton, toiles peintes, machines à filer et à tisser; entrepôt des salines de l'Est. Aux environs, bon vin blanc dit de Ranzen. — La ville se forma au XIIe s. autour du château d'Engelbourg et d'une chapelle de S. Théobald; elle fut comprise dans le Sundgau. Pendant la guerre de Trente ans, elle fut prise par les Suédois en 1632, par Bernard de Saxe-Weimar en 1634 et 1639. — A l'E. de Thann est le village dit Vieux-Thann; 500 h.

THAPSAQUE, Thapsacus, auj. Deir, v. de la Palmyrène, sur la r. dr. de l'Euphrate, à l'O. de Circesium, était la dernière ville de l'empire de Salomon au N. E. Alexandre traversa l'Euphrate à Thapsaque.

THAPSE, Thapsus, auj. Demsas, anc. v. d'Afrique, dans la Byzacène, à l'E., est célèbre par la victoire décisive que César y remporta sur Métellus Scipion, Pétréius et Juba, victoire qui anéantit en Afrique le parti de Pompée, l'an 46 av. J.-C.

THARGÈLIES, fêtes athéniennes en l'honneur du Soleil et des Heures, considérées comme produisant les fruits de la terre, se célébraient le 6 et le 7 du mois qui prenait de là le nom de Thargélion (avril ou mai). Le nom de Thargélies venait lui-même de vases nommés thargélos, dans lesquels on offrait au dieu les prémices de la saison.

THARSIS, contrée lointaine où les vaisseaux de Salomon allaient chercher des métaux précieux. On est incertain sur la position de cette contrée : les uns ont pensé que c'était le Zanguebar, d'autres croient qu'il s'agit de Tartesse en Hispanie; quelques-uns identifient Tharsis avec Ophir. — Il existe auj. en Andalousie, près d'Huelva, un lieu nommé Tharsis ou se trouvent de riches mines de cuivre exploitées.

THASOS (île), dite aussi Æthria et Chrysa, île de la mer Égée, à 4 kil. E. de la Thrace, était célèbre par ses vins, ses mines d'or et ses marbres. Patrie du peintre Polygnote. Elle fait auj. partie de la Turquie d'Europe (eyalet des îles) ; 28 kil. sur 20; ch.-l., Volgaro (600 hab.) Sol montagneux, mais fertile.

THAU (Étang de), vaste étang salé du dép. de l'Hérault, s'étend le long des côtes de la Méditerranée depuis Agde jusqu'aux limites du dép. du Gard, sur une longueur de 65 kil. Il n'est séparé de la mer que par une langue de terre fort étroite, et sur laquelle est bâtie Cette. Il communique avec les étangs de Frontignan, Maguelonne, Mauguio, Balaruc, est traversé par le canal du Languedoc et communique avec la mer par le canal de Cette.

THAUMANTIAS, surnom d'Iris, tiré de son père Thaumas, fils de l'Océan et de la Terre.

THAUMAS. V. LA THAUMASSIÈRE.

THÉAKI. V. ITHAQUE.

THÉANO, fille de Pythagore, était habile dans la philosophie. Son père en mourant lui avait donné ses manuscrits : Théano, malgré sa pauvreté, ne consentit jamais à les vendre.

THÉATINS, congrégation de Clercs réguliers établie en 1524 à Rome par S. Gaétan de Tiene et J. P. Caraffa, évêque de Chieti (en lat. Teate ou Theate) et depuis pape sous le nom de Paul IV. Ce prélat en fut le ler supérieur : comme on l'appelait l'Évêque théatin, du nom de son diocèse, le nom de Théatins resta à tous ses religieux. Le but de l'institution était de réformer les mœurs du clergé en faisant revivre la vie apostolique. Les Clercs réguliers vécurent d'abord sans fonds, sans revenus, s'interdisant même la quête et comptant uniquement sur les aumônes volontaires. Ils prêchent, visitent les malades, assistent les condamnés. Ils se sont aussi signalés par leur zèle contre les hérétiques et dans les missions étrangères. Les Théatins portent une soutane noire, un manteau noir et des bas blancs. — Cet ordre, introduit en France en 1644, par Mazarin, y avait une seule maison (à Paris, quai Malaquais). Il fut supprimé en France, avec tous les autres, en 1790.

THÉÂTRE. V. ce mot dans notre Dictionnaire des Sciences, des Lettres et des Arts.

THÉAULON (G.), auteur dramatique, né en 1787 à Aigues-Mortes, m. en 1841, a composé seul ou en société plus de 250 pièces de divers genres, qui ont été jouées sur presque tous les théâtres de Paris, et qui brillent par l'esprit et la gaieté. Les principales sont : le Petit Chaperon rouge, la Clochette, opéras-comiques; l’Indiscret, comédie en 5 actes et en vers; le Bénéficiaire, le Chiffonnier ou le Philosophe nocturne, le Père de la Débutante, M. Jovial, la Mère au bal et la Fille à la maison, vaudevilles.

THÉBAÏDE, Thebaïca regio, auj. le Saïd et partie S. de l’Ouestanieh; région de l’Égypte mérid. dans laquelle on comprend, tantôt seulement les 7 nomes de l’Égypte supérieure (Tentyra, Coptos, Thèbes, Hermonthis, Latopolis, Apollinopolis la Grande, Ombos), tantôt en outre les 8 qui forment la partie S. de l’Égypte moyenne (Diospolis-la-Petite, Abydos, This, Chemmis, Aphroditopolis, Antæopolis, Hypselis, Lycopolis), ainsi que la Grande Oasis, qui sous les Romains formait aussi un nome. Elle avait pour capit. Thèbes, d'où son nom. Cette partie de l’Égypte fut la première habitée et civilisée : c'est là qu'ont résidé les plus anciennes dynasties des rois d’Égypte. La partie habitée de la Thébaïde était entourée à l'E. et à l'O. de déserts dans lesquels se retirèrent les premiers ermites et anachorètes chrétiens, S. Macaire, S. Pacôme, S. Antoine, etc.

THÉBÉENNE ou THÉBAINE (Légion), légion romaine toute composée de Chrétiens, et commandée par S. Maurice, se laissa massacrer tout entière plutôt que de sacrifier aux idoles. Cet événement se passa sous Dioclétien, à Octodurus (Martigny) en Helvétie. On ne sait si cette légion prend son nom de la Thèbes d’Égypte ou de celle de Grèce.

THÈBES, Tapé ou Tpé en vieil égyptien, la Theba hecatompylos (aux cent portes) et la Diospolis magna des Grecs et des Latins, v. de l’Égypte supérieure, qui prit d'elle le nom de Thébaïde, sur les deux rives du Nil, par 25° 42' lat. N., fut fondée à une époque très-reculée, mais inconnue, par une tribu sacerdotale venue de l’Éthiopie. Elle fut pendant un temps comprise dans le roy. de This, puis devint elle-même la capitale d'un État qui embrassa, tantôt une forte partie de l’Égypte, tantôt l’Égypte entière (sous la 18e dynastie). Sous la 21e dynastie, les monarques d’Égypte quittèrent Thèbes pour Memphis, mais, en perdant le rang de capitale, Thèbes n'en resta pas moins une ville importante : sa vaste enceinte, fermée par 100 portes, sa situation sur le Nil et non loin de l’Éthiopie dont elle conservait le commerce, ses superbes monuments, la sainteté qu'on lui attribuait comme centre du culte d'Ammon, la maintinrent pour longtemps encore au rang de 1e ville de l’Égypte supérieure. Elle fut prise et saccagée par Cambyse, livrée au pillage par Ptolémée Lathyre, contre qui elle s'était révoltée ; presque entièrement détruite par Cornélius Gallus, gouverneur