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en 1309 par les chevaliers de Rhodes, auxquels les Turcs l'enlevèrent en 1523. Elle fait maintenant partie de l'eyalet des Iles. Autrefois fertile en blé et en vins et bien cultivée, elle est auj. pauvre et misérable : ses habitants vivent de la pêche des éponges, qui se trouvent en abondance sur ses côtes.

SYMMAQUE, Q. Aurelius Anicius Symmachus, orateur et homme d'État romain, était fils de L. Aurelius Avianus Symmachus, préfet de Rome en 364, et fut lui-même, sous Valentinien I et ses successeurs, questeur, préteur, pontife, intendant de la Lucanie, proconsul d'Afrique, et préfet de Rome (384-86). Païen zélé, il réclama de Gratien, puis de Valentinien II, le maintien du paganisme, ou au moins le rétablissement de la statue et de l'autel de la Victoire, enlevés du Capitale, mais il ne put l'obtenir. Sous Théodose I, il fut banni de l'Italie, soit pour avoir renouvelé ses instances au sujet de l'autel de la Victoire, soit pour avoir fait le panégyrique de l'usurpateur Maxime, mais il rentra en grâce et fut même nommé consul en 391. On sait qu'il fut encore employé sous Honorius, mais on ignore l'époque précise de sa mort (vers 409 ou 410). Symmaque jouit dans son temps de la plus haute réputation comme orateur ; on le comparait à Cicéron. Ses harangues (parmi lesquelles on remarquait les panégyriques de Maxime et de Théodose) n'existent point en entier, mais l'abbé Mai en a découvert et publié des fragments (Milan, 1815). On a de lui 965 Lettres, adressées à 130 correspondants, parmi lesquels Constance II, Gratien, Valentinien II, Théodose I, Arcadius, Honorius, et qui jettent un grand jour sur l'histoire du temps. On doit à M. E. Morin une Étude sur la Vie et les écrits de Symmaque, 1847. — Un autre Symmaque, descendant du précéd., était sénateur, et fut consul désigné en 485. Il était étroitement uni avec Boëce, à qui il donna sa fille en mariage, et fut consul avec lui en 522. Ayant exprimé son indignation après l'exécution de Boëce, il fut mandé à Ravenne par Théodoric, et mis à mort à Rome, en 525 ou 526. On dit que Théodoric, en proie aux remords après ce nouveau meurtre, croyait voir sans cesse l'ombre menaçante de sa victime.

SYMMAQUE (S.), Cœlius Symmachus, pape de 498 à 514, Sarde de naissance, triompha de l'anti-pape Laurent par l'appui du roi goth Théodoric. Accusé de crimes horribles par les adhérents de son rival, il fut absous parle concile de Palma. Il déploya beaucoup de zèle contre l'Eutychianisme et le Nestorianisme, et combattit l’Hénoticon de Zenon. C'est lui, dit-ou, qui ordonna de chanter le Gloria in excelsis à la messe des dimanches. L'Église l'hon. le 19 juillet.

SYMPHÉROPOL. V. SIMFÉROPOL.

SYMPHORIEN (S.), né à Autun au IIe s., souffrit le martyre dans sa ville natale en 178, pour avoir refusé d'adorer Cybèle. L'Église l'honore le 22 août.

SYMPLÉGADES (îles). V. CYANÉES.

SYNAGOGUE, lieu où les Juifs se réunissent pour pratiquer leur culte. V. le Dict. univ. des Sciences.

SYNCELLE, officier de l'Église grecque qui demeurait constamment auprès du patriarche de Constantinople pour témoigner de ses actions. Cet office finit par n'être plus qu'un titre de dignité.

SYNCELLE (George le), historien. V. GEORGE.

SYNCRÉTISTES. En Philosophie, on nomme ainsi ceux qui admettent plusieurs opinions contradictoires et inconciliables, et qui font un système de ce mélange confus. On a appliqué à tort ce nom aux Alexandrins, qui se disaient Éclectiques. — En Théologie on donne ce nom à des hérétiques plus connus sous le nom de Calixtins. V. CALIXTE (George).

SYNERGISTES, nom donné à des théologiens protestants qui, contrairement à la doctrine de Luther et de Calvin, regardent l'homme comme coopérant à la grâce et comme ayant en conséquence quelque mérite dans la justification. Cette opinion, que Mélanchthon avait déjà laissée percer, fut mise en avant par Pfeffinger en 1555, et soutenue par Strigel ; mais elle fut violemment combattue par Flacius, ce qui causa une scission dans le Luthéranisme.

SYNÉSIUS, écrivain grec, né vers 370 à Cyrène, fréquenta les écoles d'Alexandrie et d'Athènes, suivit les leçons de la célèbre Hypatie, fut envoyé par ses compatriotes à Constantinople pour y présenter à l'empereur Arcadius leurs doléances et solliciter du secours contre les incursions des tribus de la Libye, se maria vers 403, et finit, après une longue résistance, par accepter en 410, l'évêché de Ptolémaïs (auj. Tolometa), près de sa ville natale. On croit qu'il mourut vers 431. Il chercha à concilier le Platonisme et le Christianisme. On a de lui un Discours à Arcadius sur les devoirs de la royauté, Dion ou De l'Institution de soi-même, l’Égyptien ou De la Providence, un traité des Songes, un curieux Éloge de la Calvitie, de belles Hymnes religieuses, des Homélies et un assez grand, nombre de Lettres, fort intéressantes. Son style est généralement pur, mais pompeux. Ses Œuvres ont été publ. par le P. Pétau, Paris, 1612-33, in-f. (grec-latin); par Krabinger, Leips., 1852, 2 vol. in-8, et reproduites dans la collection Migne, 1859. Les Hymnes ont été mises en vers français par J. Courtin, Paris, 1581, et traduites en prose, avec le texte grec, par Grégoire et Collombet, Lyon, 1839. On doit à M. Druon une savante Étude sur Synésius, 1860.

SYNNADE, Synnada, v. de Phrygie, vers le centre, dans une plaine, était célèbre par ses marbres blancs tachetés de pourpre. Elle devint au IVe s. le ch.-l. de la Phrygie Salutaire. Il s'y tint en 235 un concile qui déclara que le baptême conféré par des hérétiques n'était pas valable. On en voit les ruines à Eski-kara-hissar près d'Afioum-kara-hissar.

SYNODE, du grec Synodos, réunion, nom donné 1° dans l'Église catholique aux assemblées de curés d'un même diocèse, et plus, anciennement aux conciles nationaux et provinciaux ; — 2° chez les Calvinistes aux réunions de ministres de leur culte où sont mis en délibération les points litigieux. On connaît surtout le Synode de Dordrecht (V. DORDRECHT).

En Russie on appelle le S. Synode un conseil imparti d'ecclésiastiques et de laïcs qui préside à toutes les affaires religieuses, sous l'inspection d'un grand procureur représentant l'empereur. Ce conseil, qui remplace l'ancien patriarche de Russie, dont la puissance rivalisait avec celle des czars, fut institué en 1723 par Pierre le Grand.

SYNTIPAS ou SENBEBAD, auteur de fables, était selon les uns Indien, et du ler s. av. J.-C., selon les autres Persan et postérieur au VIIIe s. de J.-C. Quoi qu'il en soit, nous avons sous son nom 62 fables traduites en grec, dont le recueil fut publié la 1re fois en 1781, à Moscou, par Mattæi, et réédité en France en 1828, par Boissonade.

SYOUAH, Amman, Ammonium, oasis d’Égypte, dans le N. E. du désert de Libye, est formée par une longue vallée qui a de 2 à 3 kil. de large et près de 200 de long.; env. 8000 h., professant l'Islamisme ; ch.-l., Syouah, par 23° 46' long. E., 29° 12' lat. N., à 500 k. S. O. du Caire ; 2000 hab. (la ville est bâtie sur un rocher de forme conique ; la plupart des rues sont des galeries couvertes). Dans l'oasis, vingt sources d'eau douce, plusieurs lacs salés, sol très-fertile bien que sablonneux ; dattes et olives renommées. — Alexandre le Grand visita cette oasis (V. AMMON). Ses habitants, qui avaient reçu le Christianisme dès le IIe s. s., embrassèrent l'Islamisme au VIIe. Ils étaient en quelque sorte indépendants lorsqu'en l820, Méhémet-Ali les soumit au tribut. A 2 kil. de Syouah était le fameux temple de Jupiter-Ammon, dont les ruines se nomment Oumm-Beidah.

SYOUT, Lycopolis, v. de la Hte-Égypte, capit. de la prov. de Syout, sur la r. g. du Nil et sur un canal, à 300 k. S. du Caire, par 28 ! 53' long. E., 27° 13' lat. N.; env. 25 000 hab. Résidence d'un pacha et d'un évêque copte. Très-peu de maisons, dont la plupart ne sont que des huttes ; ruines d'un