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av. J.-C., était issu de l'antique maison des Cornélius, mais d'une branche obscure. Nommé questeur l'an 107, il alla servir en Afrique sous Marius, sut gagner la confiance de ce général, fut chargé de négocier avec Bocchus, roi numide, et réussit à se faire livrer par lui Jugurtha ; mais dès ce moment il devint pour Marius un objet de jalousie. Préteur en 92, il alla en 91, en qualité de propréteur, rétablir Ariobarzane sur le trône de Cappadoce, d'où Mithridate l'avait renversé, et fit alliance avec le roi des Parthes. De retour en Italie, il eut part à la guerre sociale, prit Stabies, Pompéies (89), réduisit le Samnium et mit ainsi fin à la lutte. Nommé consul en 88, il obtint du sénat la conduite de la guerre contre Mithridate ; mais Marius, qui convoitait cette mission, fit annuler le sénatus-consulte par un plébiscite emporté tumultueusement. A cette nouvelle, Sylla, qui était déjà parti de Rome, revient brusquement à la tête de son armée, entre en vainqueur dans la ville, fait annuler le plébiscite, force ses adversaires à fuir, et met à prix la tête de Marius. Marchant ensuite contre Mithridate, il commence par lui disputer la Grèce, s'empare d'Athènes (87), remporte les victoires décisives de Chéronée et d'Orchomène en Béotie (86), et porte la guerre en Asie. Bientôt Mithridate vaincu est contraint de demander la paix : impatient de retourner à Rome, où Marius était rentré en son absence (87) et répandait le sang de ses partisans, Sylla consent à traiter avec le roi de Pont (85), et, après avoir replacé sur leurs trônes Ariobarzane, roi de Cappadoce, et Nicomède, roi de Bitbynie, il débarque en Italie (84). Il s'y voit bientôt suivi d'une foule de partisans, reçoit de Pompée le secours de trois légions, bat le jeune Marius à Sacriport et à Préneste, puis Carbon en Étrurie, remporte une victoire décisive sous les murs de Rome, et entre en triomphe dans cette ville (82). Il s'y baigne dans le sang, fait mettre à mort treize généraux du parti de Marius, égorge dans le cirque sept mille soldats prisonniers, dresse des tables de proscription, met à mort cinq mille citoyens pour distribuer leurs biens à ses partisans, et se fait nommer par le sénat dictateur perpétuel. Devenu maître absolu, il change la constitution de la république, relève l'aristocratie, augmente la puissance du sénat dont il porte le nombre à 400, lui rend l'autorité judiciaire, et affaiblit la démocratie par tous les moyens. Sylla exerça ainsi pendant deux ans un pouvoir sans bornes, puis il abdiqua (79), et rentra dans la vie privée, sans que personne osât lui demander compte de tout le sang qu'il avait versé. Il se retira près de Putéoles, où il vécut encore un an. Il mourut l'an 78 av. J.-C., à 59 ans, de la maladie pédiculaire, fruit des infâmes débauches auxquelles il s'était livré toute sa vie. Ses restes, rapportés à Rome en grande pompe, furent inhumés au Champ-de-Mars. On plaça sur son tombeau cette épitaphe : a Nul n'a fait plus de bien à ses amis et plus de mal à ses ennemis. » Sylla réussit dans toutes ses entreprises : aussi mérita-t-il le surnom de Felix (heureux), qu'il avait pris lui-même. Plutarque a écrit sa Vie. Ce général avait lui-même rédigé des Mémoires, qui sont perdus. On doit à Jouy une belle tragédie de Sylla.

SYLPHES, SYLPHIDES, génies qui, dans la mythologie poétique du moyen âge, peuplaient l'air, comme les Ondines peuplaient l'eau. On les représentait sous une forme svelte et légère, avec des ailes transparentes aux épaules. Ces inventions paraissent dues à la théosophie juive ; c'est dans les livres cabalistiques qu'on en trouve les premières traces.

SYLT, île du Danemark (Slesvig), dans la mer du Nord, sur la côte O. du Slesvig, a 964 k. de superficie et 3000 hab., presque tous marins ou pêcheurs. Cette île appartenait jadis à la Frise.

SYLVAIN, Sylvanus, dieu des forêts (sylva) chez les Latins, était le père ou le chef d'une foule de génies semblables à lui, nommé Sylvains, tous représentés avec des jambes et des oreilles de bouc. On l'a parfois confondu avec Faune ou avec le dieu Terme. Comme Pan, Sylvain passait pour apparaître brusquement au coin des bois et sur les routes ; la nuit, il épouvantait les voyageurs de sa voix rauque.

SYLVESTRE I (S.), pape de 314 à 336, né à Rome, jouit de la faveur de Constantin. Son pontificat est remarquable par la fin des persécutions, par la tenue du 1er concile œcuménique, qui eut lieu à Nicée (325), et par la naissance de l'hérésie des Donatistes, qu'il condamna. C'est sous son pontificat qu'on place la donation qui aurait été faite au St-Siége par Constantin et sur laquelle on a longtemps fondé la puissance temporelle des papes. L’Église l'honore le 31 déc.

SYLVESTRE II, Gerbert, né vers 930 à Aurillac en Auvergne, d'une famille obscure, m. en 1003, reçut une éducation solide à l'abbaye d'Aurillac, alla se perfectionner en Espagne près du savant Hatton, évêque de Vich, puis entra dans l'ordre des Bénédictins. Il s'attacha à l'empereur Othon I, qui lui confia l'éducation de son fils (Othon II) et lui donna l'abbaye de Bobbio ; il revint plus tard en France, où Hugues Capet le nomma précepteur de son fils Robert et l'éleva à l'archev. de Reims (992). Cette nomination ayant déplu au pape Jean XV, Gerbert retourna en Allemagne. Othon III, maître de l'Italie, lui donna l'archev. de Ravennes (997), et le fit élire pape en 999 : c'était le premier pape français. Il administra fort sagement. Gerbert possédait des connaissances prodigieuses pour son siècle, ce qui le fit accuser de magie ; il savait la géométrie, la mécanique, l'astronomie, et même la musique ; on lui doit l'introduction en Europe des chiffres dits arabes et l'invention de l'horloge à balancier. Ses Lettres et Discours, publiés par Duchesne (1636). ont été traduits en latin par Barse (1849, Riom). M. Olléris a donné une excellente édition de ses Œuvres, d'après les manuscrits, avec biographie et notes (1867, in-4) et une Vie de Gerbert (1867, in-12) ; C. F. Hock une Histoire de Silvestre II, trad. de l'allemand par J. M. Axinger (1859). Une statue lui a été élevée en 1851 par la ville d'Aurillac.

SYLVESTRE III, anti-pape, était d'abord évêque de la Sabine. Il fut élu pape en 1043, après l'expulsion de Benoît IX; mais il fut lui-même chassé du palais de Latran par son rival trois mois après.

SYLVESTRE (Ordre de S.-). V. ÉPERON D'OR.

SYLVIUS, fils posthume d'Énée et de Lavinie, régna sur Lavinium, mais seulement après la mort d'Ascagne ; Iule, fils de ce dernier, lui disputait la couronne, mais le peuple prononça pour Sylvius. Dans la suite, Sylvius lui céda Lavinium, et alla fonder Albe. On lui donne 29 ans de règne (de 1210 à 1181 av. J. C.). De lui descendirent les rois d'Albe, qui ajoutent à leur nom spécial le nom générique de Sylvius, et qui, d'après une liste du reste peu authentique, sont au nombre de douze.

SYLVIUS (Franç. DE LE BOE ou DU BOIS, en latin), savant médecin, né en 1614 à Hanau (Hesse), m. en 1672, pratiqua son art avec succès à Leyde, à Amsterdam, et devint en 1658 professeur à l'Université de Leyde. On lui doit quelques découvertes anatomiques, mais il est surtout connu pour avoir introduit dans la médecine des hypothèses chimiques, qui pendant longtemps eurent une grande vogue : son système était fondé sur les propriétés acides ou alcalines des humeurs, dont l’âcreté engendrait la plupart des maladies. Sa doctrine a été nommée Chimiatrique. On a imprimé à Amsterdam ses Opera omnia, 1679 ; on y remarque le traité intit. Praxeos medicæ idea nova, où se trouve exposée sa doctrine.

SYMÉ, auj. Simia, petite île de l'Archipel, sur la côte O. de l'Asie-Mineure, entre Rhodes et la péninsule de Cnide, n'est éloignée de la côte que de 5 kil. et a env. 8 kil. de long. Dans l'antiquité, elle fut occupée successivement par des colonies de Cariens, de Lacédémoniens et d'Argiens. Elle avait pour roi, au temps de la guerre de Troie, Nirée, le plus beau des Grecs après Achille. Elle fut conquise