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Henri, il fut amené par des intrigues à se démettre de ses charges de surintendant des finances et de gouverneur de la Bastille ; cependant il conserva le gouvernement du Poitou avec la grande maîtrise de l'artillerie et des forêts. Il se retira dans sa terre de Sully. Bien que mécontent de la reine mère, il n'eut qu'une très-faible part aux troubles de la régence, et refusa de prendre les armes avec les Protestants. Louis XIII le fit maréchal en 1634. Né calviniste, Sully ne voulut jamais abjurer, bien qu'il eût lui-même donné à Henri IV le conseil d'embrasser le Catholicisme. Il avait été fait duc par Henri IV (1606), et avait pris à cette occasion le nom de la terre de Sully, qu'il venait d'acheter. On connaît l'étroite amitié qui unissait Henri IV et Sully : en plus d'une occasion, ce ministre dévoué ne craignit pas de heurter le roi, au risque de se brouiller avec lui, en lui faisant de sévères reproches sur ses égarements et en s'opposant avec énergie à ses prodigalités. Du reste, Sully n'était rien moins que désintéressé, et il ne s'était pas montré fort scrupuleux sur les moyens de faire fortune. On a de Sully des mémoires très-précieux, mais rédigés sous une forme bizarre (il suppose que ses secrétaires lui racontent sa propre vie). Ils parurent pour la 1re fois de 1634 à 1662, en 4 vol. Ils ont été réimprimés dans les collections des Mémoires relatifs à l'histoire de France de Petitot, et de Michaud et Poujoulat. L'abbé de L'Écluse en a donné en 1745 une édition remaniée, refondue, mais trop altérée pour qu'on y attache du prix.

SULLY (H.), horloger anglais, mort en 1728 à Paris, où il était venu se fixer, a fait d'excellentes recherches sur les longitudes. Il exécuta une pendule à levier pour mesurer le temps en mer, et contribua au progrès de l'horlogerie. On a de lui : Description d'une horloge pour mesurer le temps sur mer, 1726.

SULMO, auj. Solmona, v. d'Italie, chez les Peligni, dans les montagnes, à 16 kil. S. E. de Corfinium, fut détruite par les troupes de Sylla, mais se releva dans la suite. C'est là que naquit Ovide.

SULPICE (S.), évêque de Bourges, fut sacré en 584 et mourut en 591. Il joignait à la piété l'esprit, l'érudition et cultivait la poésie. On le fête le 29 janv. — Autre évêque de Bourges (624-644), fut aumônier de Clotaire II et supérieur d'une communauté de clercs qui étaient à la cour du roi. On le fête le 17 janv. C'est à celui-ci qu'est dédiée l'église St-Sulpice de Paris. — Cette église, une des plus vastes et des plus belles de la capitale, a été élevée sur les ruines d'une chapelle du XIIe s. dédiée à S. Pierre. Elle s'annonce par un superbe portail de deux ordres d'architecture différents : le bas est dorique et le haut ionique. On y remarque deux tours de structure différente, celle du nord a 68m 21 de haut ; celle du sud est un peu moins haute. L'intérieur de l'église se compose d'une triple nef en arcades et offre, outre l'autel du chœur, une série de chapelles latérales; derrière le chœur est une très-belle chapelle de la Vierge. Commencée en 1665, sur les dessins de Levau, cette église n'a été terminée que dans le siècle suivant : le portail, achevé en 1745, est de Servandoni. C'est à l'initiative du curé Olier qu'on doit l'idée de l'édifice et aux persévérants efforts de Languet qu'on en doit l'achèvement.

SULPICE-SÉVÈRE, Sulpicius Severus, historien ecclésiastique, né vers 363 en Aquitaine, d'une famille noble et riche, suivit d'abord la carrière du barreau et fut avocat à Toulouse. La mort de sa femme le détermina à quitter le monde, vers 392 : il se retira, pour vivre dans la prière, à Primuliac, près de Biterræ (Béziers), et de là, vers 409, dans un monastère de Marseille. On présume qu'il s'était fait prêtre ; il fut le disciple de S. Martin. Il mourut en 410 selon les uns, en 429 suivant les autres. On a de lui une Histoire sacrée, en 2 livres, qui s'étend de la création du monde à l'an 410, et dont le style élégant et concis lui a valu le nom de Salluste chrétien; une Vie de saint Martin (trad. par Duryer), et des Lettres. Ses Œuvres ont été souvent imprimées, notamment à Leyde, 1635 et 1643, et à Vérone, 1741-55. L’Hist. sacrée a été trad. en franç. par J. Filleau, L. Giry, l'abbé Paul, et par Herbert et Riton, dans la collection Panckoucke, 1848.

SULPICIENS, congrégation de prêtres destinés à l'instruction de jeunes ecclésiastiques, fondée en 1641 par Olier, curé de St-Sulpice. V. OLIER.

SULPITIA, Romaine qui cultivait avec succès la poésie, était femme d'un certain Calanus, et vivait vers l'an 90 de J.-C., sous-Domitien. Il ne nous reste d'elle qu'une satire intitulée : De edicto Domitiani, qui roule sur l'exil des philosophes ordonné par ce prince. Elle est ordinairement imprimée à la suite de Juvénal ou de Pétrone, et se trouve dans le Corpus poetarum de Maittaire et dans les Poetæ latini minores de Wernsdorf. Elle a été trad. en vers par Ch. Monnard, 1816, et en prose (dans la collect. Panckoucke), par Perreau, à la suite du Perse.

SULPITIUS GALLUS (C.), préteur l'an 173 av. J.-C., tribun militaire sous Paul-Émile, dans la campagne de Macédoine, consul en 166, était un orateur distingué et un savant astronome. Il prédit une éclipse de lune pour la veille du jour où l'on devait livrer bataille à Persée, et prévint ainsi la frayeur qu'auraient pu éprouver les soldats.

SULPITIUS RUFUS (P.), fougueux partisan de Marius, tribun du peuple l'an 88 av. J.-C., fit rendre, par des moyens illégaux, la loi qui chargeait Marius de la guerre contre Mithridate à l'exclusion de Sylla, gagna les Alliés à son parti en leur faisant des concessions dangereuses, et attaqua plusieurs fois les consuls eux-mêmes dans le Forum à la fête de ses partisans. Proscrit par Sylla, il fut décapité, et sa tête attachée à la tribune aux harangues. — Serv. Sulpitius Rufus, orateur distingué, contemporain et rival d'Hortensius et de Cicéron, mérita d'être surnommé le Prince des jurisconsultes. Cicéron, admirateur de son talent, lui fit élever une statue.

SULTAN (de l'arabe selatat, puissant, ou salatha, dominer), titre que portaient au Xe, XIe, XIIe et XIIIe s. les lieutenants généraux des califes, et en général ceux qui affectaient l'indépendance, comme par exemple les chefs gaznévides et les princes seldjoucides de Bagdad, de Konieh, d'Alep, de Damas; c'est auj. la principale dénomination du monarque des Ottomans. — Les femmes, les sœurs et les filles du sultan sont dites sultanes; la mère du Grand Seigneur régnant est appelée sultane-validé.

SULTAN-EUNI, sandjakat de la Turquie d'Asie, dans le N. de l'Anatolie, entre ceux de Boli au N., d'Angora à l'E., de Kara-hissar et de Kutaïeh au S., de Kodavenkiar et de Kodjah-ili au N. O.; ch.-l., Eski-chehr. Il répond à la Galatie et à une partie de la Phrygie-Épictète des anciens.

SULTANIEH, v. de Perse (Irak-Adjémi), à 105 k. N. O. de Kazbin. Fondée par le chah Khoda-Bend, cette ville fut longtemps la résidence des rois de Perse, et était alors très-étendue et très-florissante; elle fut ruinée par Tamerlan ; auj. ce ne sont que des ruines.

SULTANIEH-HISSAR ou SULTANIEH-KALESSIE, v. de la Turquie d'Asie (Anatolie), à l'entrée des Dardanelles, à 60 k. S. O. de Gallipoli; 13 000 h. Château fort, dit Château d'Asie, situé vis-à-vis du Château-d'Europe, et qui commande l'entrée du détroit.

SULZ, v. du Wurtemberg (Forêt-Noire), sur le Neckar, à 56 k. S. O. de Stuttgard; 2400 hab. Riche saline. C'est, dit-on, près de cette ville, qu'en 368 l'emp. Valentinien battit les Allemands. — V. SOULTZ.

SULZBACH, v. de Bavière (Regen), à 45 k. E. N. E. de Nuremberg ; 3000 hab. Jourdan y battit les Autrichiens en 1796. Titre d'une principauté palatine.

SULZMATT, bourg du Ht-Rhin. V. SOULTZMATT.

SULZER (J. George), né en 1720 à Wintherthur, en Suisse, m. à Berlin en 1779, embrassa l'état ecclésiastique, fut pendant quelques années vicaire d'un pasteur de campagne et instituteur, obtint en 1747 une chaire de mathématiques à Berlin, entra en 1750 à l'Académie de cette ville, et fut nommé