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trée septentr. de l’Europe qui occupe toute la partie orientale de la presqu’île Scandinave, a pour bornes : à l’O. la Norvége, dont elle est séparée par les Dofrines, au S. le Skager-Rack et le Sund, à l’E. la Russie, le golfe de Botnie et la mer Baltique, et va de 8° à 21° pour la long. E., de 55° à 70° pour la lat. N. : 1550 kil. du N. au S. sur 330 de moyenne largeur ; 3 860 000 hab. ; capitale, Stockholm. Avec la Norvége, à laquelle elle est unie sous un même roi pour former le Royaume de Suède et Norvége, elle possède un total de 5 460 000 hab. On divise la Suède en 3 régions : la Suède propre, la Gothie et le Norrland, comprenant la Laponie. La Suède propre se subdivise en 9 lans ou préfectures : Stockholm, Upsal, Sœdermanland, Westmanland, Œrebro, Warmland, Stora-et-Kopparberg, lac Maalar, lac Hielmar (Pour les subdivis. de la Gothie et du Norrland, V. ces noms). Outre ses États européens, ce royaume possède une colonie, l’île St-Barthélemy, aux Antilles.

La Suède est un pays très-montagneux, surtout vers l’O., où s’étendent les Dofrines. Les lacs et les marais y sont nombreux. Nul cours d’eau considérable : au N. pourtant, plusieurs rivières de 200 à 300 kil. Climat très-froid, surtout au N. Sol peu fertile (à peine peut-on en cultiver la 24e partie). Riches mines de fer, cuivre, plomb, etc. (le fer de Suède est sans rival au monde). Pêche considérable ; industrie et commerce assez actifs. Nombreux canaux, plusieurs lignes de chemin de fer. Le suédois est une langue teutonique voisine de l’ancien norvégien. La religion dominante est le Luthéranisme (1 archevêché à Upsal ; 11 évêchés) ; 2 universités (Upsal, Lund). Le gouvernement est une monarchie héréditaire dans la descendance mâle, tempérée par une diète. La population forme 4 ordres : noblesse, clergé, bourgeoisie, paysans, dont chacun a ses représentants à la diète. La Suède a produit un grand nombre d’hommes illustres, entre autres Gustave Vasa, Gustave-Adolphe, Charles XII, Gustave III, les naturalistes Linné, Celsius, Bergmann et Hasselquist, le chimiste Berzélius, l’historien Geyer.

Histoire. La Suède, dont on fait dériver le nom des Suiones, peuple Scandinave d’origine germaine, fut primitivement habitée par des Finnois, puis conquise par les Goths, qui en occupèrent surtout la partie méridionale, à laquelle leur nom est resté. Elle fut longtemps partagée en plusieurs États indépendants, qui au Xe s. se réduisirent à deux : Suède propre et Gothie. Ces deux États n’en firent plus qu’un au commencement du XIIe s. : c’est Olaus Skotkonung qui opéra cette réunion et qui le 1er prit le titre de roi de Suède. Le pays était alors gouverné par des rois de la race de Lodbrog, dont l’origine est peu connue, et qui prétendaient remonter jusqu’à Odin. Le Christianisme avait été dès le IXe s. introduit en Suède par des missionnaires de divers pays, dont le principal fut Anschaire : le roi Éric le Saint assura son triomphe (1155-60). En 1389, l’élection au trône de Suède de Marguerite de Waldemar, déjà reine de Danemark et de Norvége, amena la réunion des trois royaumes Scandinaves, qui fut confirmée par le traité de Calmar, dit Union de Calmar (1397) ; mais plusieurs fois la Suède, impatiente du joug danois, se souleva et elle fut de fait indépendante sous des administrateurs particuliers (Charles Canutson et les Sture, 1448-1520) ; enfin Gustave Vasa chassa le roi de Danemark Christian, et délivra complètement la Suède de la domination danoise (1523). Avec les Vasa, la Réforme s’établit dans la Suède, qui depuis a toujours été luthérienne. Sous ces princes (1523-1654), la Suède prit rang parmi les puissances prépondérantes de l’Europe : elle donna 3 rois à la Pologne, intervint en Allemagne avec éclat pendant la guerre de Trente ans (V. GUSTAVE-ADOLPHE), et fut dans le Nord l’alliée de la France. À la Finlande, conquise dès le XIIe s. par Éric le Saint, aux provinces de Livonie, d’Ingrie et de Carélie, conquises par Gustave-Adolphe, Christine, fille de ce dernier, joignit une partie de la Poméranie, les duchés de Brême et de Verden, ainsi que les embouchures de l’Oder. Après le règne de cette princesse, qui abdiqua volontairement en faveur de son cousin Charles X, de la maison de Deux-Ponts, la nouvelle dynastie (qui régna de 1654 à 1720) soutint pendant quelque temps l’honneur de la Suède : Charles XI conclut avec la Pologne le glorieux traité d’Oliva (1660), qui assurait à la Suède la Livonie et l’Esthonie ; la même année, le Danemark lui cédait la Scanie, avec les provinces de Halland, Blekinge et Bohus ; mais l’aventureux Charles XII, après avoir obtenu contre les Russes dès succès inouïs, fût vaincu à Pultawa par le czar Pierre le Grand, ne put rentrer dans ses États, et ruina pour jamais sa patrie, qui bientôt après fut, par le traité de Nystad (1721), dépouillée de presque toutes ses conquêtes. Après le règne de Frédéric de Hesse, époux d’Ulrique-Éléonore (1721-1751), Adolphe-Frédéric commence une nouvelle dynastie, celle de Holstein-Gottorp. Les querelles des Bonnets et des Chapeaux et les empiétements de la diète sur l’autorité royale, l’assassinat de Gustave III par Ankarstrœm (1792), une folle guerre entreprise par Gustave IV contre la Russie et la France, et qui amène la perte de la Finlande, de la Botnie orientale et d’une partie de la Poméranie suédoise, enfin la déposition de ce roi (1809), affaiblissent de plus en plus la Suède. Charles XIII, oncle de Gustave IV, est élu à la place de ce prince ; il se fait remarquer par sa sagesse, signe la paix avec la France, et choisit pour son successeur le général français Bernadotte (1811). Dès 1813, la Suède se joint aux Alliés pour agir contre Napoléon, et en récompense elle reçoit la Norvége, dont le Danemark est dépouillé. En 1818, Charles XIII étant mort, Bernadotte lui succéda sans difficulté sous le nom de Charles XIV. Sous ce prince et ses successeurs, la Suède a beaucoup gagné, surtout sous le rapport de l’instruction, de la législation, de l’agriculture et de l’industrie.

Souverains de la Suède depuis le XIe siècle.
Temps mythologiques : Birger, 1290
Race d’Ynglinga. Magnus II, le Norvége, 1319-63
Temps historiques : Éric XII, 1350-59
I. Race d’Ivar et Sigurd.
Sigurd Ring, 717 Haquin II, 1361-63
Ragnard Lodbrog, 779 Albert, 1363-89
Biörn, Côte de fer, 794 V. Période de l’union de Calmar.
Éric Biörnsson et Refil 802
Éric Refilsson, 814 Marguerite de Waldemar, 1389
Émund et Biörn, 829
Éric Emundsson, m., 885 Éric XIII, 1412
Biörn Ériksson, 935 Christophe, 1440
Éric Segersäll, 993 Charles VIII, Canutson, 1448
Olaüs III Skotkonung, 1001 Christian I, 1456
Anund Jacques, 1026 Sténon I Sture, administrateur, 1471
Émund III, 1051-56
II. Race de Stenkill. Jean II, 1497
Stenkill, 1056 Sténon I, de nouv., 1501
Éric VII et VIII, 1066 Svante-Sture, administrateur, 1504
Haquin I, 1067
Inge I, 1080-1112 Sténon II Sture, administrateur, 1512
Halstan, 1080-90
Philippe, 1112 Christian, roi de Danemark, 1520-23
Inge II, 1118-29 VI. Dynastie des Vasa.
III. Races de Sverker et d’Éric alternativement. Gustave I, Vasa, 1523
Sverker I, 1129 Éric XIV, 1560
Éric IX, le Saint, 1155 Jean III, 1568
Charles VII, 1161 Sigismond, roi de Pologne, 1592
Canut, 1168
Sverker II, 1199 Charles IX, 1604
Éric X, 1210 Gustave II, ou Gustave-Adolphe, 1611
Jean I, 1216
Éric XI, 1222-50 Christine, 1632-54
IV. Folkungiens, VII. Dynastie de Deux-Ponts.
Waldemar, 1250
Magnus I, 1275 Charles X, Gustave, 1654