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cousin germain de la reine Catherine de Médicis, entra au service de la France, fut nommé général des galères, puis maréchal de France, conduisit en 1554 et 55 une expédition au secours de Sienne, assiégée par Côme I, mais fut battu à Marciano et à Lucignano. Il commanda deux ans plus tard, mais sans grands succès, l'armée du pape Paul IV, et fut tué en 1558 au siège de Thionville. — Léon, frère du préc., 1515-54, entra dans l'ordre de Malte, fut chef d'escadre au service de la France, fut envoyé en Écosse avec 20 galères pour secourir la reine Marie de Lorraine, dirigea des expéditions sur les côtes d'Espagne et en Italie, investit le fort de Scarlino (principauté de Piombino), et y fut blessé mortellement. — Philippe, fils de Pierre, né à Venise en 1541, fut enfant d'honneur du Dauphin (depuis François II), devint colonel des gardes-françaises (1563), fit des prodiges de valeur aux batailles de La Roche-Abeille, de Moncontour et au siége de La Rochelle, commanda les secours fournis par Catherine de Médicis au prieur de Crato, reconnu roi de Portugal, mais fut pris à la bat. navale des Açores par l'amiral espagnol Santa-Cruz, qui eut la barbarie de le jeter à la mer (1582).

STROZZI (Titus Vespasien), poëte latin moderne, né en 1422 à Ferrare, m. en 1501, fut chargé de diverses missions par les ducs de Ferrare, et présida le conseil des Douze, mais se rendit odieux au peuple. Il a laissé des poésies érotiques, des satires, des épigrammes : ces poésies se font remarquer par leur élégance. — Son fils, Hercule, 1471-1508, partagea avec lui la présidence du conseil des Douze à Ferrare et encourut aussi la haine du peuple. Au moment de se marier, il périt assassiné : on soupçonna le duc Alphonse I qui aimait sa fiancée. Il a laissé des poésies latines (imprimées avec celles de son père, Venise, 1513).

STRUENSÉE (Jean Fréd.), homme d’État, né en 1737, à Halle, en Prusse, était fils d'un théologien danois. Il se fit recevoir médecin, puis tenta la profession d'écrivain, mais sans grand succès, et ne se distingua longtemps que comme homme de plaisir. Couvert de dettes, il songeait à quitter son pays et à passer aux Indes quand il fut présenté à la cour de Danemark (1768). Il plut au roi Christian VII, qui le nomma son médecin particulier, devint bientôt son favori, l'accompagna dans ses voyages, fut chargé de l'éducation du prince royal, acquit un pouvoir sans bornes sur la jeune reine Caroline-Mathilde, réussit par elle à renverser le ministre Bernstorf (1770), fut nommé en 1771 premier ministre et accomplit une révolution complète dans l'État en abolissant le conseil privé et rendant à la royauté le pouvoir qu'avait usurpé l'aristocratie, en donnant la liberté de la presse, en faisant d'utiles réformes dans les finances, l'industrie, les lois pénales, et en diminuant l'influence de la Russie. Mais ces changements ne furent point opérés avec assez de prudence : la reine douairière Julie et le comte de Rantzau-Aschberg se mirent à la tête de ses ennemis, l'accusèrent de conspirer, et obtinrent du roi son arrestation, ainsi que celle de la reine Caroline, avec laquelle on l'accusait d'entretenir un commerce criminel. Mis aussitôt en jugement, il fut promptement condamné par des juges passionnés et eut la tête tranchée en 1772. Son ami Brandt, qui avait partagé son étonnante fortune, périt avec lui. — Son frère, Ch. Auguste, partagea sa disgrâce, mais échappa à la mort et retourna en Prusse, où le roi lui confia le ministère des finances (1791); il mourut en 1804. Il avait écrit sur l'art militaire et l'architecture militaire.

STRUVE (George Adam), Struvius, jurisconsulte, né en 1619 à Magdebourg, m. en l692. Ses principaux ouvrages sont le Juris feudalis syntagma, et le Jurisprudentiæ civilis syntagma. — Son fils, Burckhard Gotthelf Struve, 1672-1738, archéologue et bibliographe, a donné : Antiquitates romanæ, 1701; Bibliotheca juris selecta, 1703; Bibl. librorum rariorum, 1711, et le Corpus historiæ Germanicæ, 1730.

STRUVE (F. G. Wilhelm), astronome russe, né à Altona (Holsteln) en 1793, m. en 1864; dirigea pendant vingt-six ans l'Observatoire de Dorpat, établit celui de Poulkova; présida au levé topographique de la Russie, auquel se rattache une des grandes opérations géodésiques de ce siècle, la mesure d'un arc de 25° entre le Danube et la mer Glaciale; enfin s'entendit avec les principaux astronomes de l'Europe pour la mesure d'un arc qui traverse le continent depuis l'Oural jusqu'à l'O. de l'Irlande. Il a publié de nombreux travaux insérés pour la plupart dans les Mémoires de l'Académie de Saint-Pétersbourg.

STRY, v. murée de Galicie, ch.-l. de cercle, sur le Stry (affluent du Dniester), à 65 kil. S. de Lemberg; 6000 hab. — Le cercle a pour bornes ceux de Brzezany au N., de Stanislavov à l'E., de Sambor à l'O., et la Hongrie au S. ; 220 000 hab.

STRYMON, auj. Strouma ou Kara-sou, fleuve de Thrace et de Macédoine, sortait de l'Hémus, coulait au S. et tombait, un peu au-dessous d'Amphipolis, dans un golfe de la mer Égée, appelé de là Strymonicus sinus (auj. G. d'Orfano ou de Contesta). Son cours était jadis compris tout entier dans la Thrace ; plus tard, la partie inférieure de ce fleuve forma la limite entre la Thrace et la Macédoine.

STUART, famille royale qui régna d'abord sur l’Écosse, puis sur toute la Grande-Bretagne, avait pour chef un certain Walter, issu, dit-on, de Banquo, thane ou chef de Lochaber, qui avait été assassiné par Macbeth. Accueilli vers 1060 à la cour de Malcolm III, roi d’Écosse, Walter y devint sénéchal du prince (en écossais, stuart); ses descendants conservèrent depuis ce nom. Un d'entre eux, Walter IV, ayant épousé Marjaria, fille du roi d’Écosse Robert I, devint père d'un prince qui régna sur l’Écosse sous le nom de Robert II (1370-90); il fut ainsi le chef de la dynastie des Stuarts. Les descendants de Robert régnèrent sur l’Écosse jusqu'à Jacques VI qui, en 1603, fut appelé au trône d'Angleterre sous le nom de Jacques I, et réunit ainsi les deux couronnes. Ses droits sur la couronne d'Angleterre étaient fondés sur le mariage de Jacques IV, son grand-père maternel, avec Marguerite, fille de Henri VII. Le règne de cette dynastie finit dans les mâles en la personne de Jacques II, exclu du trône par la révolution de 1688. Toutefois Marie, épouse de Guillaume d'Orange qui venait d'être appelé au trône d'Angleterre par cette révolution, était fille de Jacques II, et Anne, qui succéda à Guillaume (1702-1714), était sœur de Marie. Après cette dernière, et pendant que la maison de Hanovre occupait le trône, plusieurs prétendants issus de Jacques II firent de vains efforts pour ressaisir la couronne; enfin la famille s'éteignit en 1807 en la personne de Henri-Benoît Stuart (V. ci-après). — Pour les princes de cette maison qui ont régné, V. JACQUES, CHARLES, MARIE, ANNE.

STUART (Jacques Édouard), dit le Chevalier de St-George, fils de Jacques II, né en 1688, m. à Rome en 1766, fut reconnu, en 1701, à la mort de son père, roi d'Angleterre, sous le nom de Jacques III, par Louis XIV, et espéra longtemps que la reine Anne, sa sœur, le nommerait son successeur. En 1715 eut lieu une tentative en sa faveur; le duc d'Argyle la rendit inutile en battant à Sherifmoor le comte de Mar, qui était à la tête de ses partisans; Jacques-Édouard parut lui-même en Écosse en 1716, mais sans plus de succès; Albéroni songeait à le rétablir, mais les plans de ce ministre échouèrent (1719). Enfin, son fils Charles-Édouard tenta de nouveau la fortune en 1745, pendant la guerre de la succession d'Autriche, et le fit proclamer en Écosse; mais cette fois encore, Jacques vit son espoir déçu. Il passa le reste de sa vie en Italie. C'était un prince pieux, pacifique, mais sans talents. Il avait épousé en 1719 la petite-fille du grand Sobieski, dont il eut 2 fils.

STUART (Ch. Édouard), dit le Prétendant et le Comte d'Albany, fils aîné du préc., né à Rome en 1720, vint en France en 1744, comptant y trouver des secours