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STEVIN (Simon), mathématicien du XVIe s., natif de Bruges, m. en 1635, enseigna les mathématiques à Maurice de Nassau, stathouder de Hollande, qui le nomma ingénieur des digues. Il résolut d'une manière neuve une foule de questions de mécanique, et eut avant Descartes l'idée de noter les puissances par des exposants numériques. Il connaissait aussi la conversion des quantités radicales en puissances fractionnaires, dont on fait honneur à Newton. Il inventa des chariots à voiles ; on lui attribue la découverte de la pesanteur de l'air. Ses ouvrages, écrits en flamand, ont été recueillis et publiés à Leyde, 1605, 2 vol. in-fol., et trad. en latin par Snellius, et en français par Alb. Girard, Leyde, 1634.

STEWART (DUGALD), philosophe écossais, né en 1753 à Édimbourg, mort en 1828, avait pour père Mathieu Stewart, professeur distingué de mathématiques à Édimbourg. Il étudia dans l'université de sa ville natale et à celle de Glascow, où il eut pour maître le docteur Reid (1771), fut chargé dès l'âge de 19 ans de suppléer son père dans sa chaire de mathématiques, suppléa en 1778 Ferguson, prof. de philosophie morale à l'Univ. d’Édimbourg, et obtint lui-même cette chaire en 1785. Il la remplit avec le plus grand succès et la conserva jusqu'en 1810 ; il se fit alors suppléer par Thomas Brown, et vécut depuis dans la retraite, occupé de la rédaction de ses ouvrages. On a de lui : Éléments de la Philosophie de l'esprit humain, en trois parties, 3 vol. in-4, 1792, 1814 et 1827 (la 1re a été trad. par Prévost de Genève, 1818; la 2e par Farcy, 1825; la 3e par L. Peisse, 1842) ; des Esquisses de philosophie morale (1793), trad. par Jouffroy, avec une préface remarquable (1826); des Essais philosophiques (1810), trad. en partie par Ch. Huret (1828), un Discours sur l'histoire des sciences métaphysiques et morales, trad. par Buchon (1820-23), la Philosophie des facultés actives et morales (1828), trad. par L. Simon, 1834, et d'intéressantes notices sur Adam Smith, W. Robertson et Th. Reid. Ses Œuvres complètes ont été publ. après sa mort par W. Hamilton en 11 vol. in-8. Stewart, sans vouloir bâtir de système, a fait faire des progrès à la philosophie, surtout à la psychologie, en appliquant aux sciences métaphysiques les méthodes d'observation et d'induction qui avaient si bien réussi dans les sciences naturelles. Plusieurs de ses ouvrages sont devenus classiques.

STEWART-DENHAM (sir James), économiste, né à Édimbourg en 1713, m. en 1780, étudia la jurisprudence, parcourut le continent, s'attacha au prince Charles-Édouard, le prétendant, fut obligé par suite de s'exiler (1745), vint en France et ne put rentrer en Angleterre qu'en 1767. Il publia cette même année des Recherches d'économie politique, qui le placent auprès d'Adam Smith.

STEYER, v. de l'Autriche propre, jadis capit. de la Styrie, au confluent de l'Ens et de la Steyer, à 160 kil. S. O. de Vienne ; 12 000 h. Manufact. impériale d'armes ; faux, faucilles, rasoirs ; draps, cotonnades ; grand commerce d'exportation. Anc. résidence des margraves de Styrie; vieux château bâti au Xe s. par le margrave Ottokar. Moreau y signa, après la victoire d'Hohenlinden, un armistice avec l'Autriche (25 déc. 1800).

STHÉNÉLUS, un des fils de Persée et d'Andromède, eut pour lot Mycènes à la mort de son père, vainquit et fit prisonnier Amphitryon, son neveu, sous prétexte de venger la mort d'Électryon, qu'Amphitryon avait tué par mégarde, et fut tué par Hyllus, fils d'Hercule. Il eut pour fils Eurysthée. — Un autre Sthénélus, fils de Capanée, l'un des sept chefs qui assiégèrent Thèbes avec Polynice, fut un des Épigones qui prirent et assiégèrent cette ville. Il alla aussi au siége de Troie à la suite de Diomède. A son retour en Grèce, il fit avec ce prince la guerre au roi d'Étolie, Agrius, et le chassa du pays.

STHÉNOBÉE, fille d'Iobate, roi de Lycie, et femme de Prœtus, roi d'Argos, conçut pour Bellérophon une passion criminelle, qui fut méprisée, et poussa son mari à faire périr ce héros.

STILICON, Flavius Stilico, général et favori de Théodose, Vandale d'origine, épousa Séréna, nièce de l'empereur, devint à la mort de ce prince, en 395, tuteur du jeune Honorius, son fils, et régent de l'empire d'Occident, prétendit aussi à la régence de l'empire d'Orient, et crut y parvenir en faisant égorger Rufin, tuteur d'Arcadius, qui régnait à Constantinople, mais se vit déçu dans cet espoir par l'astuce d'Eutrope. Il exerça du moins tout pouvoir en Occident, et fit épouser sa fille par Honorius. Stilicon fit quelque temps respecter les frontières de l'empire par les Barbares, contint les Francs, enleva un de leurs rois, Marcomir, en fit tuer un autre, Suénon ; repoussa les Goths à plusieurs reprises, battit leur roi Alaric à Pollentie (403) et anéantit devant Florence Radagaise, chef des Germains (406); mais il laissa envahir la Gaule par une armée barbare qui mit tout à feu et à sang. Il songeait à faire passer la couronne dans sa famille, lorsqu'Honorius, instruit de ses intrigues, donna l'ordre de le mettre à mort : un de ses lieutenants, Olympius, le fit égorger à Ravenne en 408. Stilicon avait été, au temps de sa toute-puissance, chanté par Claudien, dans un poëme intitulé : De laudibus Stiliconis. Th. Corneille l'a pris pour héros d'une de ses tragédies (1660).

STILLING (J. Henri JUNG, dit), mystique allemand, né en 1740 à Grund (duché de Nassau), m. en 1817, lutta longtemps contre la misère, fut successivement tailleur, maître d'école, instituteur privé, professeur d'économie politique à Lautern (1778), à Marbourg, Heidelberg, enfin conseiller aulique du grand-duc de Bade. D'une piété exaltée, il tomba dans un mysticisme superstitieux et fit partager ses erreurs à un certain nombre d'adeptes, notamment à la célèbre Mme Krudner. Il croyait au commerce des esprits avec le monde sublunaire, et publia dans ce sens : Scènes du règne des Esprits, Francfort, 1803 ; Théorie de la connaissance des Esprits (1808); Apologie de la Théorie des Esprits (1809) ; Théobald le rêveur, etc. On lui doit aussi des ouvrages sur l'économie politique, et une Méthode d'opérer la cataracte, Marbourg, 1781 (il opérait avec succès la cataracte par extraction, d'après la méthode de Lobstein). Il a laissé d'intéressants mémoires, Berlin, 1777-79.

STILLINGFLEET (Édouard), controversiste anglais (1635-99), fut nommé en 1681 par Guillaume III évêque de Worcester, et fut chargé de reviser la liturgie anglicane. Il attaqua dans ses écrits et dans ses sermons les Catholiques, les Presbytériens, les Sociniens, les Déistes, les philosophes, notamment Locke, et finit, au dire de Locke, par tomber lui-même dans une sorte de scepticisme, fruit de l'abus de la controverse. Ses principaux ouvrages sont : Origines sacræ (1662) sur les fondements de la religion naturelle et révélée ; Origines britannicæ (1685), sur la fondation des églises de son pays. Ses Œuvres forment 6 v. in-f., 1710, Londres.

STILO, Consulinum, v. d'Italie (Calabre Ultérieure 1re), à 35 kil. S. de Squillace ; 1800 h. Fonderie pour l'armée. Patrie de Campanella. — Fondée par les Ausoni. Jadis évêché. Dévastée par un tremblement de terre en 1783.

STILPON, philosophe de Mégare, disciple de Diogène et maître de Zénon le Stoïcien, florissait vers 310 av. J.-C. Ce philosophe, ainsi que tous ceux de l'école de Mégare, s'occupait principalement de la logique et du raisonnement. Il niait la réalité des idées abstraites, et faisait consister la sagesse dans l'apathie ou impassibilité.

STIRBEY (le prince Barbo-Dimitri-Bibesco), né en 1794, m. en 1869 ; vint à Paris (1817) étudier le droit et les sciences morales et politiques, qu'il entreprit de répandre dans son pays, la Valachie ; devint hospodar (1849) et fit de sages réformes administratives, abdiqua en 1854, et vécut depuis dans sa retraite.