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fit bientôt distinguer par son talent, fut chargé, avec Gérard Van Spaëndonck, de dessiner les plantes pour le cabinet du roi, devint en 1792 dessinateur de l'Académie des sciences, et enseigna le dessin des fleurs au Jardin des Plantes à partir de 1822. Entre autres collections, il a publié les Liliacées, 8 vol. in-f.; les Roses (228 pl.); la Flora altantica, de Desfontaines, la Flora borealis Americana, les Plantes de la Malmaison ; la Flore de Navarre, l’Histoire des champignons, l’Histoire des plantes grasses, etc. Passionné pour son art, Redouté étudia la physionomie des plantes et des fleurs, ainsi que leurs poses dans la nature, et, pour en mieux rendre toute la délicatesse et la fraîcheur, il imagina de les peindre à l'aquarelle au lieu de la gouache jusqu'alors en usage, procédé qui obtint le plus grand succès. On l'a surnommé le Raphaël des fleurs.

REDOUT-KALÉ, port et forteresse russe (Iméréthie), sur la mer Noire, à l'embouch. du Kopi, à 373 kil. de Tiflis ; 2000 h. Ses fortifications ont été détruites en 1856 et la navigation rendue libre.

REES (Abraham), savant anglais, né dans le pays de Galles en 1743, mort en 1825, était fils d'un ministre dissident. Il fut vingt ans professeur de mathématiques à l'institut d'Hoxton près de Londres, puis eut la chaire de théologie et de sciences naturelles au collège d'Hackney. Après avoir donné une nouvelle édition de l’Encyclopédie de Chambers, il publia lui-même un ouvrage du même genre, la New Cyclopœdia (Londres, 1803, etc., 44 vol. gr. in-8), monument d'une immense érudition, dans l'exécution duquel il eut de nombreux collaborateurs.

RÉFÉRENDAIRE, titre de dignité. V. ce mot dans notre Diction. univ. des Sciences.

RÉFORME. On donne ce nom à la révolution opérée dans la Chrétienté au XVIe s., et qui sépara de l'Église romaine une grande partie de l'Europe. Déjà plusieurs fois les Albigeois en France, Arnauld de Brescia en Italie, Wiclef en Angleterre, Jean Huss en Bohême s'étaient élevés contre l'Église romaine, et avaient refusé de se soumettre à son autorité ; mais ils avaient échoué, et leurs partisans avaient disparu peu à peu. Luther, marchant sur leurs traces, commença à dogmatiser en 1517, et entraîna une partie de l'Allemagne. La Réforme fut alors favorisée, non-seulement par l'esprit d'examen développé depuis la Renaissance, mais aussi par la cupidité des princes qui convoitaient les riches bénéfices du clergé. Zwingle introduisit la Réforme en Suisse ; Calvin la répandit à Genève et dans une grande partie de la France ; Knox en Écosse ; Henri VIII l'établit en Angleterre. Aujourd'hui les partisans de la Réforme se sont répandus dans la plus grande partie de l'Amérique septentrionale. Ils sont subdivisés en un nombre infini de sectes particulières : Zwingliens, Luthériens, Calvinistes, Presbytériens, Anglicans, Arminiens, Quakers, Méthodistes, etc. (Voy. ces noms). — Quoique le nom de Réformés convienne à tous ceux qui, depuis le XVIe siècle, adoptèrent les idées nouvelles, les Calvinistes le prenaient plus particulièrement que les Luthériens. On doit à M. Charpenne une Hist. de la Réforme (écrite au point de vue catholique), 1803, et à M. F. Puaux l’Hist. de la Réformation française, 1860-64.

RÉGALE (La), droit qu'exerçait le roi de France de percevoir les fruits des évêchés et monastères vacants et de pourvoir pendant la vacance aux bénéfices qui étaient à la collation de l'évêque. Ce droit fut presque toujours contesté par les papes, surtout le droit de collation, qui était appelé la régale spirituelle. Ce fut l'occasion de vifs débats entre Louis XIV et Innocent XI en 1682 et d'une scission dans le clergé.

REGEN (la), riv. de Bavière, sort des monts Bœhmerwald à 22 kil. N. E. de la ville de Regen, coule généralement au S. O. et tombe dans le Danube, vis-à-vis de Ratisbonne (Regensburg), après un cours de 160 kil. — Elle donnait son nom au cercle bavarois de la Regen, appelé auj. Ht-Palatinat.

RÉGENCE, dignité de celui qui gouverne pendant la minorité ou l'absence du roi. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences. — On appelle spécialement la Régence l'époque qui s'écoula depuis la mort de Louis XIV jusqu'à la majorité de Louis XV (1715-1723), et pendant laquelle Philippe, duc d'Orléans, fut chargé de gouverner avec le titre de régent : ce fut une époque de corruption et d'agiotage. V. ORLÉANS (Philippe II, duc d'), DUBOIS, LAW, etc.

RÉGENCES BARBARESQUES. On désignait souvent ainsi les États du N. O. de l'Afrique : Tripoli, Tunis, Alger.

RÉGENT, celui qui exerce le pouvoir souverain à la place du roi absent, mineur ou incapable. On applique plus spécialement ce nom dans l'histoire à Philippe, duc d'Orléans, régent pendant la minorité de Louis XV ; et à Georges, prince de Galles (Georges IV), qui gouverna pendant la démence de son père Georges III, de 1811 à 1820.

REGGIO, nom commun à deux villes d'Italie.

La 1re, Rhegium Lepidi, ch.-l. de prov., est dans le Modénais, sur le Tassone, à 23 kil. N. O. de Modène, et compte 18 000 hab. Évêché, faculté de droit, chemin de fer, château fort, cathédrale, belle église de Notre-Dame de la Giara, beau théâtre, gymnase, bibliothèque, cabinet d'histoire naturelle. Patrie de l'Arioste et de Panciroli. — Ce Rhegium était dans la Gaule cisalpine, chez les Boïens ; Æmilius Lepidus la colonisa, d'où son nom distinctif. Détruite par les Goths en 409, elle fut relevée par Charlemagne. L'une des républiques lombardes au moyen âge, elle finit par tomber sous la domination de la maison d'Este (1290). Elle fut prise par les Français en 1702, par le prince Eugène en 1706 et par le roi de Sardaigne en 1742. Elle fut le ch.-l. du dép. du Crostolo dans la républ. Cisalpine (depuis roy. d'Italie) ; le congrès de Vienne la donna au duc de Modène. Une révolte qui y éclata en 1831 fut aussitôt comprimée par les Autrichiens. — Napoléon donna le titre de duc de Reggio au maréchal Oudinot.

La 2e, dite aussi Santa-Agata delle Galline, Rhegium Julii chez les anciens, sa trouve dans l'anc. roy. de Naples, et est le ch.-l. de la Calabre Ultér. Ire ; elle est sur le détroit de Messine, à la pointe S. O. de l'Italie ; 10 000 hab. Archevêché, tribunaux, collége. Belle cathédrale, quai remarquable. Soieries, damas, byssus, eaux de senteur, essences, etc. — Rhegium est, dit-on, une colonie de Chalcis en Eubée ; elle reçut des Messéniens l'an 723 av. J.-C. Elle fut le plus souvent république, mais eut quelques tyrans (entre autres Anaxilas), fut soumise par Denys le Tyran, servit d'asile à Denys le Jeune dans son 1er exil ; redevint indépendante après la chute définitive du tyran, fit alliance avec Rome vers la fin de la lutte samnite, et reçut, l'an 280 av. J.-C., une garnison romaine. Cette garnison ayant égorgé les habitants mâles pour rester maîtresse des femmes et des biens des victimes, l'attentat fut sévèrement puni par Rome même (271). Rhegium devint ensuite colonie romaine et ville municipale. Jules César la restaura et lui donna son nom. Cette ville resta une des dernières possessions de l'empire grec eh Italie; elle tomba au XIe s. sous la domination des Normands : leur chef Robert Guiscard y fut élu duc de Pouille et de Calabre en 1059. Gonsalve de Cordoue la réunit au royaume de Naples au commencement du XVIe s. Barberousse, en 1544, et Mustapha-Pacha, en 1558, la saccagèrent ; elle s'était relevée de ses ruines, lorsqu'un tremblement de terre l'anéantit presque en 1783. Rebâtie sur un meilleur plan et sous le nom de Sta-Agata delle Galline, elle a éprouvé en 1841 un nouveau tremblement de terre.

RÉGILLE, Regillum, petite v. de l'Italie ancienne, chez les Sabins, à 20 milles E. de Rome (31 kil.). Aux env. était le lac Régule, auj. di Sta-Prasseda, où le dictateur Posthumius Albinus (dit depuis Regillensis) remporta en 496 une victoire décisive sur les Latins, qui s'étaient révoltés en faveur de Tarquin.