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chants, qui offre, avec les défauts de la littérature du temps, des beautés supérieures ; l’Achilléide, autre poëme épique, qu'il n'a conduit que jusqu'au milieu du IIe chant, et 5 livres de poésies diverses ou Sylves (c.-à-d. Mélanges) : la plupart se composent de petites pièces adressées à ses amis pour célébrer leur habitation, leurs travaux ou leur fortune. On trouve dans Stace une facilité, une abondance extraordinaires, mais aussi beaucoup d'exagération. Les meilleures éditions de ce poëte sont celles de Gronovius, Amst., 1653 ; de Markland, Londres, 1728 ; de Ferd. Hand, Leips., 1817 ; de Dübner, Paris, 1837, et d'Imhof, Halle, 1860. Cormiliolle l'a traduit en français, 1778 et 1802 (réimp. en 1820), 5 vol. in-12. Il en a paru deux traductions nouvelles, l'une dans la collection Panckoucke, par MM. Rinn, Achaintre, et Bouteville, l'autre dans la collect. Nisard, par MM. Guiard, Arnould et Wartel. Luce de Lancival a imité l’Achilléide en vers.

STADE, mesure itinéraire des anciens. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

STADE, v. forte et port du Hanovre, ch.-l. du gouvt de Stade, sur la Schwinge, près de la r. g. de l'Elbe, à 10 kil. N. de Hanovre, à 32 k. O. de Hambourg ; 6000 h. Siège des États provinciaux, consistoire luthérien, cour d'appel, gymnase, école normale, école de cavalerie, arsenal, bagne. Armements pour la pêche de la morue. — Anc. ville libre impériale et hanséatique, puis ch.-l. du comté de Stade. Elle fut cédée aux Suédois par la paix de Munster, fut prise par le duc de Brunswick (1676), par le roi de Danemark (1712), et reprise par le duc de Brunswick. Sous l'empire français, Stade fut le ch.-l. d'une sous-préfecture du dép. des Bouches-de-l'Elbe. Le gouvernement hanovrien a longtemps perçu à Stade un droit de navigation, qui a été aboli en 1861. — Le gouvt de Stade est borné au N. et à l'E. par l'Elbe, à l'O. et au S. O. par le Weser, au S. par l'Aller, au N. O. par la mer du Nord ; 270 000 hab. Il est divisé en 3 parties, duché de Brême, duché de Verden, pays de Hadeln.

Il y a eu un Comté de Stade, qui relevait du duché de Saxe au moyen âge. Son 1er comte connu fut Luther I, qui périt en 931. Sa postérité subsista jusqu'au XIIe s.; Hartwig, le dernier de cette race, ayant testé en faveur de l'archevêque de Brême, le duc de Saxe Henri le Lion s'empara du comté par force. L'empereur Frédéric II confirma dans cette possession le petit-fils de ce prince (Othon l'Enfant) en 1236. Cependant les archevêques de Brême parvinrent à se mettre en possession du comté de Stade, qui depuis ce temps a suivi le sort de ce grand fief ecclésiastique. — On a nommé parfois Marche de Stade l'ancienne marche de Brandebourg, parce que Luther Odo I, comte de Stade, avait été nommé en 1056 margrave de Brandebourg.

STADION (Phil., comte de), diplomate, né à Mayence en 1763, m. en 1824, avait été ambassadeur de l'Empereur d'Allemagne en Suède et à Londres, quand il se brouilla avec l'Autriche, et entra comme grand trésorier au service de l'évêque de Wurtzbourg. S'étant ensuite réconcilié avec l'Autriche, il obtint les ambassades de Berlin et de St-Pétersbourg, négocia la 3e coalition contre la France, devint ministre des affaires étrangères en 1806, et excita l'Autriche à combattre la France en 1809. Napoléon, après Wagram, exigea son renvoi ; mais il reparut comme plénipotentiaire au traité de Tœplitz (1813), aux conférences de Francfort et de Châtillon (1813 et 1814), au congrès de Vienne (1814 et 1815), et se montra partout l'adversaire violent de la France.

STADT-AM-HOF, Riparia, v. murée de Bavière (Hte-Bavière), sur la r. g. du Danube, vis-à-vis de Ratisbonne, à laquelle elle est unie par un pont ; 12 000 hab. Hôpital. Brûlée en 1809 par les Français.

STAËL-HOLSTEIN (Anne Louise Germaine NECKER, baronne de), née à Paris en 1766, m. en 1817, était fille de Necker, et conserva toujours pour son père une admiration qui allait jusqu'à l'idolâtrie. Elle épousa en 1785 le baron de Staël-Holstein, ambassadeur de Suède en France (qui résida à Paris jusqu'en 1799 et m. en 1802); mais cette union ne fut pas heureuse et fut bientôt suivie d'une séparation. Elle débuta comme écrivain, en 1788, par des Lettres sur J. J. Rousseau, qui sont pleines d'enthousiasme. Lors de la Révolution, elle s'associa aux idées nouvelles, mais en condamnant les excès. Eh 1792, après l'arrestation de Louis XVI, elle rédigea un plan d'évasion pour ce prince ; en 1793, elle ne craignit pas d'adresser au gouvernement révolutionnaire une défense de la reine. Sous le Directoire, elle exerça par son salon et par ses écrits une grande influence : elle soutint les Directeurs, et fit rentrer Talleyrand aux affaires (1796). Sous le Consulat, elle fit de l'opposition, et fut exilée à 40 lieues de Paris (1802). Elle préféra se retirer en Allemagne, se rendit à Weimar, où elle étudia la littérature allemande avec Gœthe, Wieland et Schiller, passa un an (1805) à Genève et dans sa terre de Coppet (canton de Vaud), puis revint en France, où sa présence fut tolérée ; mais elle déplut de nouveau à la police impériale par les allusions dont fourmillait son Allemagne, alors sous presse (1810) : l'édition fut saisie et mise au pilon, et il fut enjoint à l'auteur de ne plus s'écarter de Coppet. Elle s'évada en 1812 de ce séjour, devenu pour elle une prison, habita successivement Vienne, Moscou, St-Pétersbourg, la Suède, enfin Londres, travaillant partout à la coalition contre Napoléon, et ne revint à Paris qu'après la chute définitive de l'Empereur, en 1815. Elle obtint de Louis XVIII deux millions de francs à titre de restitution de sommes dues à son père. Elle mourut deux ans après, au retour d'un voyage en Italie. Elle s'était remariée en 1810, mais secrètement, avec un officier distingué, M. de Rocca, auteur de mémoires sur la Guerre des Français en Espagne et sur la Campagne de Walcheren en 1809. Mme de Staël est la plus célèbre des femmes auteurs : ses admirateurs n'ont pas craint de dire qu'elle fut profonde comme Montesquieu et passionnée comme J. J. Rousseau. On trouve en effet dans la plupart de ses écrits une hauteur de génie et une profondeur bien rares chez les personnes de son sexe, une érudition variée, unies à une extrême finesse et à une grande connaissance du monde ; mais sa prose est trop souvent lyrique, son style guindé et fatigant. Elle parlait encore mieux qu'elle n'écrivait : son salon était rempli des hommes les plus illustres dans les lettres, les arts, les sciences, l'industrie et la politique ; elle embrassait dans ses entretiens tous les genres de questions et les traitait avec supériorité. Elle a beaucoup contribué à l'introduction des nouvelles idées littéraires en France. Ses principaux écrits sont : Delphine (1802), Corinne (1807), deux romans célèbres, surtout le second, dans lequel on pense qu'elle a voulu se peindre elle-même ; l’Allemagne, 1814 : elle y décrit l'esprit, les mœurs, la littérature et la philosophie d'un pays alors très-mal apprécié en France ; Considérations sur la Révolution française, ouvrage posthume, qui parut en 1818, et dans le quel elle préconise les principes de la Révolution. Ses Œuvres complètes ont été publiées en 1821, 17 vol. in-8. Son Éloge, par M. Baudrillart, a été couronné par l'Académie française en 1850. — Son fils, le baron Auguste de Staël, né à Coppet en 1790, mort en 1827, s'est surtout occupé d'agronomie et d’œuvres philanthropiques. On lui doit des édit. des Œuvres de sa mère et de celles de Necker. — Une fille de Mme de Staël épousa le duc de Broglie.

STÆUDLIN (Ch. Fréd.), théologien protestant, né en 1761 à Stuttgard, m. en 1826 à Gœttingue, fut professeur de théologie et conseiller du Consistoire à Gœttingue. On a de lui d'importants travaux sur la théologie, la philosophie, et l'histoire de ces deux sciences, notamment : Histoire et esprit du Scepticisme, Leips., 1794 ; Manuel de la morale et du dogme, 1798 ; Hist. universelle de l'Église chrétienne,