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furent ensuite visitées par Bougainville, puis par Cook (1769), qui les nomma Archipel de la Société en l'honneur de la Société royale de Londres.

SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES. V. ACADÉMIES.

SOCIN (Lélio), hérésiarque, né à Sienne en 1525, fils de Marianus Socin, savant jurisconsulte, étudia le droit, puis la théologie, commença dès 1546, à Vicence, à s'élever contre la Trinité et la divinité du Christ, fut forcé de s'enfuir (1547), parcourut la Suisse et l'Allemagne, se liant avec les plus fameux réformateurs, passa trois ans (1548-51) à Wittemberg auprès de Mélanchthon, alla ensuite (1557) en Pologne, y fit goûter ses idées au confesseur de la reine, et y forma de nombreux prosélytes, revint en Suisse, et mourut à Zurich en 1562. Ses manuscrits, passèrent à son neveu Fauste, qui propagea sa doctrine. — Fauste S., 1539-1604, reçut sa première éducation de son oncle, étudia le droit, les sciences, remplit pendant douze ans (1562-74) divers emplois à la cour de Toscane, puis quitta l'Italie afin de professer plus librement ses opinions religieuses, habita Bâle et y publia plusieurs écrits anonymes, passa en Transylvanie (1578), puis se fixa en Pologne (1579). Il ne put d'abord se faire admettre parmi les Unitaires de Rakow parce que ses opinions différaient des leurs sur des points essentiels, mais il finit par attirer à lui presque tous ces sectaires, au point qu'au nom d’Unitaires fut substitué celui de Sociniens. Ses écrits sont insérés dans la Bibliotheca fratrum polonorum, Amst. 1656, 6 vol. in-fol., publiée par André Wissowatius, son petit-fils.

SOCINIENS, secte qui nie la Trinité et la divinité de J.-C., le péché originel, la prédestination, la grâce, prit naissance au milieu du XVIe s., et eut pour chefs les 2 Socin. Après avoir inutilement tenté de propager leur doctrine en Italie, ils se répandirent en Pologne et eurent leur principal établissement à Rakow. Traités avec rigueur en Pologne, les Sociniens se révoltèrent plusieurs fois et cherchèrent l'appui de l'étranger. Chassés de Pologne en 1658, ils se retirèrent en Transylvanie, puis en Autriche, en Hollande, en Angleterre, où ils comptèrent de nombreux partisans. De nos jours, il y a encore beaucoup de Sociniens aux États-Unis. La doctrine socinienne est surtout consignée dans les deux Catéchismes de Rakow, rédigés, l'un par Schoman en 1574, l'autre par Fauste Socin, et publié après sa mort, en 1608. Leur Histoire a été écrite par Fock, Kiel, 1847.

SOCORRO, v. de la Nouv.-Grenade (Boyaca), ch.-l. de la prov. de Socorro, sur le flanc d'une montagne, à 120 kil. N. N. E. de Tunja; 12 000 hab. (en partie goîtreux). Étoffes de coton, chapeaux de paille. — La prov., bornée par celles de Pamplona au N., de Tunja au S., a env. 18 000 kil. carr., et 160 000 hab. Sol très-fertile et bien cultivé; mines d'or (à Velez). Elle fait partie de l'État de Santander.

SOCOTORA (île), Dioscoridis insula, île de la mer des Indes, entre 50° 45'-52° 10' long. E. et 11° 50'-12° 30' lat. N., sur la côte E. de l'Afrique et à 170 kil. E. du cap Gardafui : 115 kil. sur 40; env. 6000 hab.; ch.-l. Tamarida (sur la côte N. E.). Aloès (le meilleur connu), encens, melons, sang-dragon; corail sur les côtes. Les habitants sont tributaires de l'imam de Maskate; quelques-uns sont chrétiens (Nestoriens). — Connue des anciens et mentionnée par Pline, cette île était depuis longtemps oubliée lorsque les Portugais s'y établirent en 1509. En 1835, les Anglais l'ont achetée du sultan d'Adramaut : ils y ont établi une station de la navigation entre Suez et Bombay.

SOCRATE, célèbre philosophe grec, né à Athènes l'an 470 av. J.-C., fils d'un sculpteur nommé Sophronisque et d'une sage-femme nommée Phénarète, exerça d'abord la profession de sculpteur, mais la quitta de bonne heure pour se livrer aux sciences. Il crut avoir reçu la mission spéciale de réformer ses compatriotes, et se vit bientôt entouré d'un grand nombre de jeunes gens qu'il formait par ses leçons. Remplissant tous ses devoirs de citoyen, à la guerre comme à la paix, il se distingua par son courage en plus d'une occasion, notamment à Tanagre, à Potidée, où il sauva la vie à Alcibiade, à Délium, où il sauva également la vie à Xénophon; il donna l'exemple de toutes les vertus, soit publiques, soit privées, et se signala par son désintéressement, sa générosité, son égalité d'âme : on sait que sa femme Xantippe mit plus d'une fois sa patience à l'épreuve; il mérita enfin d'être proclamé par l'oracle de Delphes le plus sage des hommes. Néanmoins, il se fit par la hardiesse de ses censures de nombreux ennemis, à la tête desquels étaient les sophistes et les partisans des vieilles croyances : dès l'année 424, Aristophane l'avait traduit sur la scène dans sa comédie des Nuées; enfin trois de ses ennemis, Anytus, homme puissant et populaire, Mélitus, poëte obscur, et Lycon, orateur politique, se réunirent contre lui et l'accusèrent de corrompre la jeunesse et d'introduire des divinités nouvelles. Il refusa de se défendre, et fut, malgré son innocence, condamné à boire la ciguë. Pendant qu'il était en prison, ses amis lui offrirent les moyens de s'évader, mais il repoussa leurs offres, ne voulant pas désobéir aux lois. Il subit la mort avec une résignation admirable (400). Ce philosophe disait avoir un génie particulier qui le dirigeait dans sa conduite : on ne sait si c'était là une ruse employée pour donner plus de poids à ses conseils, ou si ce n'était pas plutôt une illusion qui lui faisait prendre pour une inspiration divine les aperçus rapides et sûrs de sa conscience ou de sa haute raison. Socrate marque dans l'histoire de la philosophie une époque nouvelle : il détourna les philosophes des spéculations oiseuses ou trop élevées auxquelles ils s'étaient livrés jusqu'à lui, et les engagea à ne s'occuper que de l'homme et de la morale, répétant sans cesse cette maxime : Connais-toi toi-même; il combattit les sophistes qui discouraient sur toutes choses et prétendaient ne rien ignorer : il disait que, pour lui, tout ce qu'il savait, c'est qu'il ne savait rien. Il créa la science de la morale, distingua les différentes sortes de vertus (prudence, tempérance, force, justice), recommanda la pratique du bien comme le plus sur moyen d'arriver au bonheur, et démontra par de nouveaux arguments l'existence d'un Dieu, d'une Providence et l'immortalité de l'âme. Il employait dans ses entretiens une méthode d'interrogation connue sous le nom d’ironie socratique, qui lui servait tantôt à confondre sas adversaires en les conduisant de réponses en réponses à de ridicules absurdités, tantôt à instruire ses disciples en leur faisant découvrir par eux-mêmes des vérités qui étaient cachées dans leur intelligence : il se disait en cela l'accoucheur des esprits, par allusion à la profession de sa mère. Du reste, il ne tenait point d'école proprement dite et ne recevait aucun salaire. Socrate compta parmi ses disciples Xénophon, qui se borna à reproduire fidèlement ses doctrines; Platon, qui créa un système entier de philosophie; Antisthène, père des Cyniques; Aristippe, qui prêcha une morale relâchée; Phédon, Euclide, Criton et une foule d'autres. Xénophon nous a conservé dans ses Memorabilia de précieux détails sur Socrate; Platon le met en scène dans tous ses dialogues, mais il lui prête le plus souvent ses propres idées; l’Apologie, le Criton et le Phédon nous font bien connaître les derniers moments du philosophe. La Vie de Socrate a été écrite par Diogène Laërce, dans l'antiquité ; par Charpentier (1699), par Chaignet. (1870), Plutarque a laissé un petit traité Du démon de S., sujet traité de nos jours par Lélut, 1856. La mort de Socrate a fourni le sujet d'une tragédie à Sauvigny, d'un poëme à Lamartine (1823), et de beaux tableaux à David et à West.

SOCRATE, le Scholastique, écrivain ecclésiastique, né à Constantinople à la fin du IVe s., continua l’Histoire ecclésiastique d'Eusèbe, et y ajouta 7 livres, qui conduisent de l'an 306 à l'an 439. Bien que l'auteur soit impartial, il n'a pas porté dans cet ouvrage toute l'exactitude désirable. On le trouve à la suite d'Eu-