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d'York : accusé par suite d'avoir pris part avec Monmouth au complot de Rye-House (1683), il fut condamné à mort. Il périt avec un courage stoïque : sa mort est une tache pour le règne de Charles II ; il fut réhabilité aussitôt après la révolution de 1688. On a de lui des Discours sur le gouvernement, 1698 (trad. par Samson, La Haye, 1702).

SIDNEY-SMITH, amiral. V. SMITH (SIDNEY).

SIDOINE APOLLINAIRE, C. Sollius Sidonius Apollinaris, poëte latin, né à Lyon vers 430, m. en 489, sortait d'une grande famille des Gaules. Il fut en faveur à Rome sous Avitus, dont il était gendre, sous Majorien et Anthémius, fut préfet du prétoire, patrice, sénateur, et remplit diverses ambassades. De retour en Gaule, il fut, quoique laïque et marié, choisi pour évêque de Clermont par les Arvernes (472) : il reçut alors les ordres sacrés. Il eut la douleur de voir sa ville épiscopale, après un long siége, prise par les Goths et d'en être chassé par ces barbares; mais il y fut rétabli dans la suite. Il a été canonisé : l'Église l'honore le 21 août. On a de lui 24 poëmes (panégyriques, épithalames, etc.), et 9 livres de Lettres en vers. Son style est obscur et souvent barbare ; cependant ses écrits sont très-importants pour l'histoire du temps. Ses Œuvres ont été publiées à Utrecht en 1473, et rééditées par Sirmond, Paris, 1614, et par Labbe, 1652. Elles ont été trad. en franc, par Sauvigny en 1787, mais d'une manière incomplète et peu satisfaisante ; MM. Grégoire et Collombet en ont donné en 1836 une traduction bien préférable, avec le texte, 3 vol. in-8. On doit à M. Germain un Essai historique et littéraire sur Sidoine, 1840. — Les Polignac prétendaient descendre de la famille de Sidoine Apollinaire.

SIDON, auj. Saïde, v. et port de Phénicie, un peu au N. de Tyr, formait un petit État qui fut longtemps riche et puissant par la navigation, le commerce et l'industrie, mais qui finit par être éclipsé par Tyr. Sa pourpre était fameuse comme celle de Tyr. Cyrus la soumit ; en 351, elle se révolta contre le grand roi, mais elle fut prise et brûlée et perdit 40 000 de ses habitants. Elle ouvrit ses portes à Alexandre le Grand et lui fournit des vaisseaux pour le siège de Tyr. Depuis, elle appartint tantôt à la Syrie, tantôt à l’Égypte; finalement elle tomba au pouvoir des Romains quand Pompée réduisit la Syrie et la Phénicie. Les Français la prirent à l'époque des croisades.

SIDRE (Golfe de la), la Grande Syrte des anciens, Syrtis major, golfe de la Méditerranée, sur la côte sept. d'Afrique (Tripoli), s'étend du cap Mesurata au cap Bengazi : 560 kil. sur 280. Il renferme des bancs de sable. Si son nom n'est pas une corruption de Syrte, il peut venir de l'arabe Sidr, jujubier, parce qu'en effet ses côtes abondent en jujubiers.

SIÈCLE de Périclès, d'Auguste, de Léon X, de Louis XIV, etc. V. les personnages qui ont donné leur nom à chacun de ces siècles.

SIEDLEC, v. de Russie (Pologne), ch.-l. de voïvodie, sur la Muchowice, à 105 kil. E. de Varsovie; 3000 hab. Château. Prise et reprise par les Russes et les Polonais en 1831. — La voïvodie de Siedlec est la même que la Podlaquie. V. ce nom.

SIEG, riv. des États prussiens, naît en Westphalie, dans la régence d'Arensberg, arrose le cercle de Siegen, puis la Prov. Rhénane, et tombe dans le Rhin vis à vis de Bonn, après un cours, de 145 kil.

SIEGEN, v. murée des États prussiens (Westphalie), ch.-l. de cercle, sur la Sieg, à 70 k. S. d'Arensberg; 7500 hab. Toiles, lainages, cotonnades; quincaillerie. Aux env., fer, pierres à ardoises. — Elle appartint longtemps à la maison de Nassau, et a donné son nom à une branche de cette maison.

SIEGFRIED. V. NIEBELUNGEN.

SIENNE, Sena Julia en latin, Siena en italien, v. forte de Toscane, ch.-l. de la prov. de Sienne, à 60k. S. de Florence; 22 000 hab. Archevêché, université (fondée en 1540 et jadis célèbre), collége des nobles, école de beaux-arts, bibliothèque, académie des sciences. Citadelle, belle cathédrale, dite Duomo (très-ornée), palais public (avec haute tour), palais du grand-duc; fontaine Branda, théâtre; superbe place del Campo, en forme de coquille. Peu d'industrie et de commerce. Environs délicieux. On parle à Sienne l'idiome le plus pur de l'Italie; les femmes y sont très-belles. Le pape Alexandre III, Ste Catherine de Sienne, les deux Socins étaient de cette ville. — Fondée par les Étrusques, Sienne reçut une colonie romaine sous Auguste. Au moyen âge, ce fut une république puissante, longtemps rivale de Florence et de Pise : elle compta plus de 100 000 hab. Charles-Quint, profitant des dissensions intestines de cette république, l'assujettit en 1540, et la transmit à son fils Philippe II, qui la céda au grand-duc de Toscane Cosme I (1557). Réunie à la France en 1808, elle fut jusqu'en 1814 le ch.-l. du dép. de l'Ombrone.

SIERCK, v. d'Alsace-Lorraine, sur la r. dr. de la Moselle, à 2 kil. de la frontière du Luxembourg, à 22 kil. N. E. de Thionville; 2238 hab. Vieux château, anc. couvent de Franciscains. Chapeaux feutrés, eau de Cologne, colle forte. Commerce de vins blancs, cuirs, bois de construction, etc. Important bureau de douanes. — Ville ancienne. Elle eut d'abord des seigneurs particuliers, puis passa aux ducs de Lorraine. Occupée par les Français en 1631, 1635, prise par Condé en 1643, perdue par la France en 1871.

SIERRA, c.-à-d. Scie, mot espagnol employé pour désigner une chaîne de montagnes. Les noms des montagnes doivent être cherchés au mot qui suit.

SIERRA-LEONE, c.-à-d. Monts-aux-Lions, nom donné à la partie de la côte de Guinée qui s'étend de 6° 30' à 11° lat. N. et de 16° 45' à 12° 55' long. O., au S. de la Sénégambie, lui vient d'une longue chaîne de montagnes qui suit cette côte: elle a env. 640 k. de long. — Les Anglais nomment Colonie de Sierra-Leone un district qu'ils possèdent entre 7° et 8° 50' lat. N., et qui a pour ch.-l. Freetown. Elle fut fondée en 1787 par le philanthrope Granville-Sharp, dans le but de détruire la traite des nègres et de propager la civilisation parmi les Noirs. On y établit des nègres devenus libres : leur nombre est auj. d'env. 70 000. Le sol est très-fertile, mais le climat malsain. — On donne le nom de Rivière de Sierra-Leone à une rivière qui arrose ce pays, et qui est plus connue sous le nom de Rokelle.

SIEYÈS (l'abbé), homme d'État, né en 1748 à Fréjus, m. à Paris en 1836, était vicaire général de Chartres, lorsque la convocation des États généraux fut discutée; il fit paraître à cette occasion plusieurs brochures favorables aux idées nouvelles, qui exercèrent une puissante influence sur l'opinion, et fut envoyé aux États généraux par les électeurs de Paris. La noblesse et le clergé refusant de se joindre au Tiers état, il proposa aux représentants du peuple de passer outre et de se constituer en assemblée nationale. Quoiqu'il jouît de beaucoup de considération dans cette assemblée, son peu de facilité à parler en public et le nuage métaphysique qui obscurcissait ses pensées l'empêchèrent d'y exercer un grand ascendant : un projet de constitution qu'il avait élaboré ne fut pas même discuté. Lors de l'établissement de la constitution civile du clergé, les électeurs voulaient le nommer évêque de Paris, mais il n'accepta point ce titre. Il vota la suppression de la dîme, mais à la condition qu'elle serait rachetable; cette condition ayant été rejetée, il prononça ce mot fameux : « Ils veulent être libres, et ne savent pas être justes. » Appelé à la Convention, il vota la mort de Louis XVI (mais sans prononcer ce mot qu'on a tant répété : la mort, sans phrase); présenta un projet sur l'instruction publique, qui fut rejeté par l'Assemblée, bien qu'adopté par le comité; devint, après le 9 thermidor, membre du comité de Salut Public, et eut part aux négociations qui amenèrent le traité de Bâle (1795). Adversaire déclaré de la constitution de l'an III, il refusa une place dans le Directoire lors de sa création, mais il entra au conseil des Cinq-Cents, où il fut très-influent; il se déclara au 18 fructidor contre les direc-