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y trouver, et on en fit un nouveau recueil. Ce recueil fut livré aux flammes en 399 par Stilicon, par ordre d'Honorius. — Nous avons, sous le titre d’Oracles sibyllins, un recueil de vers grecs où sont prédits, non-seulement les destins de Rome, mais même les principaux événements de la vie du Christ : c'est évidemment un livre supposé. Ces Oracles sibyllins ont été publiés, d'abord par Betuleius (Birken) en 1545; puis par Seb. Castalio (Chateillon) en 1555, par Opsopæus, Paris, 1599; par Servatius Gallæeus, Amst., 1689. Angelo Mai en a publié de nouveaux fragments en 1817 et en 1828; M. Alexandre a donné le texte grec complet, avec traduct. en vers latins et commentaire, Paris, 1841-57, 2 vol. in-8. M. Friedlieb l'a publié en 1853 à Leipsick, avec traduction allemande.

SICAMBRES, Sicambri, peuple belliqueux de Germanie, habitait près de la r. dr. du Rhin, au N. de la Lippe; il s'étendit ensuite jusqu'au Visurgis (Weser). Drusus les battit, puis en établit des corps entiers dans la Gaule belgique. Au IIIe s., ils se mêlèrent aux Francs, avec lesquels on les confond quelquefois.

SICANIE, nom primitif de la Sicile, lui venait des Sicanes, peuple Ibérien, qui émigra de l'Hispanie Tarraconaise, passa en Italie et de là en Sicile.

SICARD (le P.), missionnaire jésuite, né en 1677 à Aubagne, parcourut la Syrie, 1706, puis l’Égypte, apprit l'arabe et visita les monuments des peuples chez lesquels il exerçait son ministère, mais mourut de la peste au milieu de ses travaux (1726). On lui doit d'intéressantes observations sur l’Égypte (dans les Lettres édifiantes).

SICARD (l'abbé), instituteur des sourds-muets, né en 1742 à Fousseret, près de Toulouse, m. en 1822, fut envoyé à Paris par l'archevêque de Bordeaux pour étudier la méthode de l'abbé de l’Épée, dirigea à son retour (1786) une école de sourds-muets à Bordeaux, remplaça en 1790 l'abbé de l’Épée à Paris, fut incarcéré en 1792 comme royaliste, malgré les efforts de ses élèves qui tinrent présenter à l'Assemblée nationale une pétition en sa faveur, et faillit être massacré aux journées de septembre ; fut nommé en 1795 professeur de grammaire générale à l'École normale et fit ce cours avec succès, fut proscrit par le Directoire au 18 fructidor comme rédacteur des Annales catholiques, reprit ses fonctions auprès des sourds-muets après le 18 brumaire, et fut admis à l'Institut en 1799. D'un caractère simple et facile, l'abbé Sicard fut dans sa vieillesse dupe d'intrigants qui le dépouillèrent. On a de lui, entre autres écrits : Mémoires sur l'art d'instruire les sourds de naissance (1789); Catéchisme à l'usage des sourds-muets (1796) : Éléments de grammaire générale appliqués à la langue française (l799); Cours d'instruction d'un sourd-muet (1800); Théorie des signes pour l'instruction des sourds-muets (1808). Ses ouvrages sont écrits avec quelque diffusion ; cependant ses livres sur l'éducation des sourds-muets servent encore de guides à tous les instituteurs.

SICCA-VENEREA, auj. el Kef, v. de Numidie, à l'E., près du Bagradas, entre Zama au S. et Madaure à l'O. Marius y battit Jurgurtha, en 109 av. J.-C.

SICELEG, v. de Palestine, dans le pays des Philistins, fut donnée par le roi de Geth à David pour asile pendant qu'il fuyait la persécution de Saül.

SICHÉE, mari de Didon. V. DIDON.

SICHEM, ensuite NÉAPOLIS, auj. Naplouse, v. de Palestine, dans la tribu d'Ephraïm, puis dans la Samaritide, au S. de Samarie et près du mont Garizim. Les fils de Jacob tuèrent tous les habitants de cette ville parce qu'ils avaient insulté leur sœur Dina. Abimélech, fils de Gédéon, la dévasta; mais elle fut rebâtie par Jéroboam. C'est à Sicham que les dix tribus se révoltèrent contre Roboam, et cette ville fut la 1re capitale du roy. d'Israël. Elle est la patrie de S. Justin. Vespasien en fit une colonie romaine sous le nom de Flavia Neapolis (d'où par corruption Naplouse).

SICILE, Sicilia, Sicania, Trinacria, la plus grande île de la Méditerranée, à la pointe de l'Italie, dont elle n'est séparée que par un détroit d'env. 30 kil. (le détroit de Messine). Elle a 300 k. de l'E. à l'O. sur une largeur qui varie de 50 à 190, et env. 2 240 000 h.; capit., Palerme. Elle se divisait autrefois en trois parties (val di Demona, val di Mazzara, val di Noto); elle est divisée auj. en sept provinces (Palerme, Messine, Catane, Syracuse ou Noto, Caltanisetta, Girgenti, Trapani). Cette île, remarquable par sa forme triangulaire, est terminée à chaque angle par un promontoire (les caps Passaro, Faro, Boeo des modernes, Pachynum, Pelorum, Lilybæum des anciens), d'où son nom de Trinacria, qui veut dire l'île aux trois caps. Hautes montagnes, dont la principale est l'Etna, si célèbre par ses éruptions volcaniques; superbes vallées. Rivières nombreuses, mais petites : Giaretta, Salso, Platani, Calatabellota, Termini, Fiume-Grande, etc. Chaleurs extrêmes, sauf dans les montagnes ; le climat est cependant pur et sain; le sol est très-fertile (on appelait la Sicile le grenier du peuple romain), mais la culture est négligée. Palmiers, cannes à sucre et autres plantes tropicales; abeilles qui donnent un miel exquis (surtout au mont Hybla); soie, coton, sucre, safran. Fer, cuivre, soufre (en abondance), plomb, alun, porphyre; sources minérales et thermales. Industrie peu active. Le commerce intérieur est faible ; le comm. extérieur est aux mains des étrangers. — La Sicile paraît avoir fait originairement partie de l'Italie; ses montagnes semblent un prolongement des Apennins. Elle eut pour premiers habitants des Pélasges, dits Sicules, venus d'Italie, et des Sicanes, venus de l'Hispanie; la mythologie y place les Cyclopes et les Lestrygons. A partir du XIe s. av. J.-C., mais surtout depuis le VIIIe, il y vint de nombreuses colonies grecques, tant doriennes qu'ioniennes : Syracuse, Agrigente, Sélinonte, Catane sont les plus célèbres; les indigènes furent refoulés vers les montagnes de l'intérieur. Les villes grecques parvinrent bientôt à une grande prospérité, mais elles furent en proie à beaucoup de révolutions intérieures; pour échapper aux excès de la démagogie, la plupart acceptèrent le joug de tyrans. Les tyrans les plus fameux furent Phalaris et Théron dans Agrigente; Gélon, Hiéron, les deux Denys, Agathocle, à Syracuse. En 415, Athènes entreprit la conquête de la Sicile, mais elle échoua honteusement devant Syracuse (413). Les Carthaginois ensuite envahirent ce pays : Denys Le Tyran, Agathocle, et plus tard Pyrrhus, ne retardèrent qu'un instant leurs progrès : ils possédaient déjà la partie occidentale et allaient faire la conquête de toute l'île, quand Rome vint la leur disputer (266). La 1re guerre punique valut à cette dernière puissance toute la partie que possédaient les Carthaginois (241); la 2e guerre punique lui donna le reste (212) : toute la Sicile fut réduite en province romaine. Elle eut souvent à souffrir des exactions des préteurs : de 73 à 71 av. J.-C., Verres y exerça un véritable brigandage. De 44 à 36, elle fut le siége de la puissance de Sextus Pompée : la victoire navale de Nauloque la livra à Octave. Après cinq siècles de paix, elle fut envahie par les Vandales, 440, puis par les Goths, 493. Bélisaire la reprit en 535 pour les empereurs grecs et en fit la base de ses opérations contre l'Italie. Dès le VIIe s., les Musulmans commencèrent à envahir la Sicile : en 827, les Aglabites en ravirent la plus grande partie aux Grecs; les Fatimites leur succédèrent en 917 et en restèrent maîtres jusqu'au XIe s. De 1058 à 1090, Roger le Normand chassa les Grecs et les Arabes, et prit le titre de grand-comte de Sicile. Au siècle suivant, en 1130, l'île devint une partie du roy. normand des Deux-Siciles, mais elle en fut détachée à diverses reprises, notamment en 1282, à la suite des Vêpres siciliennes et de l'expulsion de la maison d'Anjou. Elle forma alors un État à part sous le titre de Roy. de Sicile (V. ci-après). Quand Naples eut été occupé par les armes françaises, le roi Ferdinand IV se réfugia en Sicile. C'est cette île qui, en 1848 et 1859, commença le mouvement insurrectionnel qui aboutit en 1860 à l'expulsion des Bourbons.