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etc. Le gouvernement est le despotisme le plus complet; le pouvoir est partagé entre deux rois, dont l'un est supérieur à l'autre ; la garde particulière du roi se compose d'un bataillon de femmes; l'armée renferme un grand nombre d'éléphants. La religion dominante est le Bouddhisme : Bouddha y est représenté par un éléphant blanc. Le Christianisme y a quelques partisans, mais il est vu avec défiance et persécuté. — Le roy. de Siam, longtemps indépendant, devint en 1759 tributaire des Birmans; mais en 1768 il recouvra son indépendance sous Piatak, qui conquit le Youngama, le Cambodje siamois et la partie de Malacca qui est encore auj. sujette de Siam. Les successeurs de ce prince ont marché sur ses traces. Dans le XVIIe s., des relations avaient commencé entre la France et le roy. de Siam : des ambassadeurs siamois avaient même été envoyés à la cour de Louis XIV en 1680, à l'instigation d'un aventurier grec, nommé Constantin Phalcon, qui était devenu le favori du roi de Siam, mais ces relations n'eurent pas de suite; elles ont été renouées en 1856 et ont abouti à un traité de commerce. On doit à Mgr Pallegoix une Description du roy. de Siam, 1854.

SIAM, dite aussi Youdra, Juthia, Si-yo-Thy-ya et Douaraouaddi, v. du roy. de Siam, jadis capitale, dans une île de Meïnam, par 98° 9' long. E., 14° 45' lat. N., à 70 kil. N. de Bankok (la capitale actuelle) ; env. 50 000 hab. Murs en briques, flanqués de tours, canaux; ruines nombreuses. — Dévastée en 1766 par les Birmans; très-grande et très-belle avant ce désastre : on y compta, dit-on, jusqu'à 600 000 h.

SIAM (Golfe de), golfe formé par la mer de Chine, entre le roy. de Siam au N., la presqu'île de Malacca à l'O. et l'empire d'Annam à l'E. Il reçoit le Meïnam.

SIBÉRIE, vaste région de l'Asie, qui en occupe toute la partie septentr. et qui compose à elle seule presque toute la Russie d'Asie, a pour bornes à l'O. la Russie d'Europe, au N. l'Océan Glacial arctique, à l'E. le Grand Océan, au S. le Turkestan et l'Empire chinois, s'étendant de 62° long. E. à 173° long. O., et de 44° à 76° lat. N.; elle peut avoir 7000 kil. de l'E. à l'O. sur 1750 du N. au S.; env. 2 500 000 hab. ; villes principales : Tobolsk, Tomsk, Irkoutsk (Pour les divisions, V. RUSSIE D'ASIE). Très-vastes systèmes de montagnes, surtout au S. (grand et petit Altaï, monts Daouriens, Stanovoï, etc.); grands fleuves : l'Obi (avec l'Irtyche, son affluent), la Lena, l'Iénissei, la Kolima, la Katanga, etc.; grands lacs (Baïkal, Altanhoor, Palkacha, Alaktougoul, etc.). Froid extrême, insupportable dans les régions polaires, où l'on ne trouve que des mousses et des lichens; climat moins rigoureux dans les contrées du S., où la culture est développée ; ciel serein, air pur et salubre. Riches mines d'or, cuivre, fer, pierres précieuses, platine, etc. Steppes immenses et inhabitées; le pays abonde cependant en animaux à fourrure (hermine, marte, zibeline, renard noir, etc.); on y trouve aussi le renne, le chien de Sibérie. Les habitants sont de races diverses : Tatars et Iakoutes, possesseurs du sol, Finnois, Samoïèdes, Tongouses, Tchoutchis, Kalmouks, Kasaks, etc. Ils professent les uns le Chamanisme, les autres l'Islamisme ou la religion grecque. La Sibérie sert au gouvernement russe de lieu d'exil; on y envoie tous les ans 3 ou 4 mille criminels, surtout des condamnés politiques. — La Sibérie, dont le nom rappelle les Sabires ou Sévériens (V. SÉVÉRIE), forma dès le XIIIe s. un khanat, fondé vers 1242 par les Tatars, et qui eut pour capit. Sibir sur l'Irtyche. Les Russes ne connurent guère cette contrée qu'en 1580, époque à laquelle le cosaque Iermak en commença la conquête pour Ivan IV, et s'empara de Sibir, capitale du principal khan du pays, dont le nom, aurait été, dit-on, étendu dans la suite à tout le pays.

SIBÉRIE (NOUV.), ou îles LIAIKHOV, groupe d'îles de l'Océan Glacial arctique, par 71°—74° lat. N. et 131°—153° long. E., près de la côte N. de la Sibérie; on y distingue 3 îles principales, Kotelnoï, Fadevskoï, Atrikanskoï. Froid glacial : souvent toute la mer, entre la côte et les îles, est prise. Os de cétacés, mammouths, etc.; vastes couches de bois pétrifié. Pas d'habitants. — Ces îles n'ont été découvertes qu'au commencement du XVIIIe s.

SIBERT (Gautier de). V. GAUTIER.

SIBIR ou ISKER, anc. v. de Sibérie, sur l'Irtyche, à 24 kil. N. du lieu où fut bâtie depuis la ville de Tobolsk, était la capit. du khanat de Touran; elle fut prise en 1581 par le cosaque Iermak pour les Russes. On croit que cette ville a donné son nom à la Sibérie.

SIBOUR (Aug.), archevêque de Paris, né en 1792 à St-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), était en 1848 évêque de Digne et s'était signalé par des tendances gallicanes et libérales, lorsqu'il fut choisi pour remplacer Mgr Affre, victime de l'insurrection de juin. Il justifia ce choix par ses vertus évangéliques, par ses efforts constants pour pacifier les esprits et par sa sollicitude pour les classes pauvres, en faveur desquelles il fonda plusieurs œuvres charitables; il tint à Paris en 1849 un concile où furent rendus d'importants décrets, augmenta le nombre des paroisses, encouragea de tout son pouvoir les études ecclésiastiques, et institua, comme gage de conciliation, la Fête des Écoles. Malgré ses généreuses intentions, ce vertueux prélat rencontra, surtout dans une partie de la presse religieuse, une violente opposition, et finit par devenir victime d'un abominable attentat : le 3 janvier 1857, un prêtre interdit le frappa d'un coup mortel dans l'église St-Étienne du Mont au moment où il venait d'y officier. Mgr Sibour a rédigé des Institutions diocésaines, recueil de règlements ecclésiastiques remarquables par leur sagesse, et des Mandements qui attestent, avec une véritable éloquence, un esprit versé dans la philosophie aussi bien que dans la religion. On remarqua surtout ses Mandements sur la Justice et sur la Charité (1851-1852). Poujoulat a écrit sa Vie, 1857.

SIBTHORP (Joseph), botaniste, né en 1758 à Oxford, m. en 1796, professa la botanique à l'Université d'Oxford (1784), parcourut, dans un premier voyage, l'Archipel, Candie, Chypre, la Livadie, la Thessalie, la Macédoine, les côtes de l'Asie-Mineure (1787, etc.), et, dans un 2e, la Morée, Céphalonie, Zante, l'Albanie, etc. (1794), et revint avec de riches collections en Angleterre. Il publia lui-même en 1794 la Flora oxoniensis et légua des fonds à l'Université d'Oxford pour publier sa Flora græca, qui parut en 10 vol. in-fol., avec 1000 figures.

SIBYLLE, fille d'Amauri I, roi de Jérusalem, épousa d'abord Guillaume Longue-Épée, marquis de Montferrat, dont elle eut un fils, qui fut reconnu roi de Jérusalem en 1185 sous le nom de Baudouin V; cet enfant étant mort au bout d'un an, elle épousa Guy de Lusignan, et le fit monter avec elle sur le trône de Jérusalem (1186).

SIBYLLES, Sibyllæ, nom donné par les Grecs et les Romains à des femmes auxquelles ils attribuaient l'inspiration divine. On venait en foule les consulter; elles rendaient leurs oracles en termes ambigus, ou les écrivaient sur des feuilles volantes, qui souvent devenaient le jouet des vents. Les anciens ne sont pas d'accord sur leur nombre; on en compte jusqu'à 10 : les plus célèbres étaient celles d'Érythres et de Cumes. On contait que cette dernière, à laquelle on donne les différents noms de Démophile, Hérophile, Manto, Amalthée, vint à Rome du temps de Tarquin l'Ancien, et lui vendit des livres qui renfermaient tout l'avenir de Rome (livres sibyllins) ; que ce prince déposa ces livres au Capitole, et en confia la garde à deux prêtres nommés duumvirs, dont le nombre fut depuis porté à 15 (quindécemvirs). On consultait ces livres dans les occasions importantes, et on y trouvait toujours, disait-on, d'utiles révélations. Les livres sibyllins furent brûlés dans un incendie du Capitole, qui eut lieu un an avant la dictature de Sylla (83 av. J.-C.). Le sénat envoya aussitôt dans les villes de l'Italie et de la Grèce pour recueillir les prédictions des sibylles qu'on pourrait