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la France (926-27) et les Normands qui avaient pénétré jusqu'en Bourgogne; mais il perdit la Lorraine, qui se plaça sous la suzeraineté du roi de Germanie et resta depuis province germanique. Il mourut en 936.

RAOUL de Caen, suivit en Palestine Tancrède de Hauteville (1096), et rédigea les Faits et gestes du prince Tancrède pendant l'expédition de Jérusalem, ouvrage publié par Martène, Anecdotes, t. III, et par Muratori, Scriptores rerum italicarum, et mis en lançais par M. Guizot dans les Mémoires relatifs à l'histoire de France.

RAOUL DE COUCY, DE PRESLE, etc. V. COUCY, etc.

RAOUL-ROCHETTE. V. ROCHETTE.

RAPALLO, v. et port d'Italie, dans les anc. États sardes (Gênes), à 28 kil. S. E. de Gênes, sur un petit golfe dit g. de Rapallo; 2500 hab. Les Français y firent une descente en 1494.

RAPHAËL (S.), archange, dont le nom signifie Remède de Dieu, est un des sept anges qui sont toujours en présence de Dieu. Il prit la forme d'un jeune voyageur pour guider Tobie le fils dans son voyage de Ninive à Ragès, lui fit épouser Sara, fille de Raguel, le ramena dans sa patrie, et lui enseigna le moyen de rendre la vue à son père. On le fête le 12 sept.

RAPHAEL SANZIO, le plus grand des peintres modernes, né en 1483, à Urbin, eut d'abord pour maître son propre père, puis alla recevoir à Pérouse les leçons du Pérugin, qu'il ne tarda pas à surpasser. Il peignit dès l'âge de 17 ans pour l'église de Citta di Castello un St-Nicolas de Tolentino, qui commença sa réputation; entra de bonne heure en concurrence avec les premiers artistes de l'époque (Léonard de Vinci, Masaccio, Bartolomeo di San-Marco), et partagea bientôt leur gloire. En 1508, le Bramante, son oncle, architecte de Jules II, l'appela à Rome et le fit charger par le pape de décorer de peintures à fresque les salles du Vatican : cet immense travail l'occupa plusieurs années. Dans le même temps Michel-Ange achevait la grande voûte de la chapelle Sixtine, et il s'établit entre ces deux grands maîtres une rivalité qui dura toute leur vie. Sans être inférieur à son rival pour le grandiose des idées et de la composition, Raphaël le surpassait pour le naturel et la grâce de ses figures. A la mort du Bramante (1514), Léon X mit Raphaël à la tête de presque tous les grands travaux qu'il faisait exécuter à Rome : non moins habile dans l'architecture que dans la peinture, il fit construire la cour dite des Loges, au Vatican, et donna pour la basilique de St-Pierre des plans magnifiques qui malheureusement n'ont pas été exécutés. François I tâcha d'attirer Raphaël en France; n'ayant pu y réussir, il voulut du moins avoir plusieurs ouvrages de sa main: l'artiste exécuta pour ce prince St-Michel terrassant l'ange des ténèbres et une Ste-Famille (1518), qui est le chef-d'œuvre du genre (on les voit encore au Louvre). Son dernier tableau fut la Transfiguration du Seigneur, le plus bel ouvrage qu'ait produit la peinture (au Vatican). Raphaël fut un des fondateurs de l'école romaine et forma plusieurs peintres du premier ordre, entre autres Jules Romain. Ces illustres élèves le secondaient dans ses travaux, et exécutaient en partie ses conceptions sous ses yeux. Raphaël mourut en 1520, à peine âgé de 37 ans : sa fin fut hâtée par des travaux excessifs, mais aussi par l'abus des plaisirs : il avait eu pour maîtresse la célèbre Fornarina (la boulangère), qui figure dans plusieurs de ses tableaux. Ce grand maître réunissait tous les genres de perfection : composition, dessin, couleur, grâce et élégance, vigueur, naturel, idéal; on l'a justement surnommé l’Homère de la peinture. On distingue dans sa manière trois périodes : une 1re, qui va jusqu'en 1504, où il ne fait guère qu'imiter le Pérugin; une 2e, jusqu'en 1514, où il devient original; une 3e, jusqu'à sa mort, où il se surpasse lui-même. Outre les tableaux que nous avons nommés, on admire surtout : l'École d'Athènes, le Parnasse, les Sibylles et les Prophètes, dans l'église della Pace à Rome; différentes vierges (la Vierge de Foligno, la Vierge au poisson, la Vierge à la chaise, la Vierge à la perle, la Vierge aux quatre pères de l'Église) ; Héliodore chassé du Temple, l'Ange délivrant S. Pierre, Attila arrêté par le pape S. Léon, l'histoire de Psyché, Ste Cécile, Galatée, et son propre portrait. La Vie de Raphaël a été écrite par Quatremère de Quincy, 1824, et par Passavant, 1844 (en allem.), ouvrage trad. en franç. avec notes de P. Lacroix, 1860. La plupart de ses compositions ont été gravées sous ses yeux par Marc-Antoine Raimondi.

RAPHELENG (Franç.), orientaliste, né en 1539 à Launoy près de Lille, m. en 1597, était gendre de l'imprimeur Plantin. Il enseigna le grec en Angleterre, l'hébreu et l'arabe à l'université de Leyde, eut part à la Bible polyglotte de 1571, et laissa un Lexique arabe, Leyde, 1613, et un Dictionn. chaldaïque (dans l’Apparat de la Bible polyglotte). Il remplaça Plantin dans la direction de l'imprimerie d'Anvers, et dirigea à partir de 1585 celle de Leyde.

RAPHIA, auj. Réfah, v. forte, sur les confins de la Syrie et de l’Égypte, au S. de Gaza. Ptolémée IV y battit en 217 av. J.-C. Antiochus le Grand, à qui cette défaite fit perdre la Palestine et la Cœlésyrie.

RAPHIDIM, lieu de l'Arabie Pétrée, près du mont Horeb, fut le 11e campement des Hébreux dans le désert. C'est la que Moïse fit jaillir l'eau d'un rocher. Josué y vainquit les Amalécites.

RAPHOE, Rapotum, bg et paroisse d'Irlande (Donegal), à 38 kil. N. E. de Donegal; 8400 hab. Anc. évêché, supprimé en 1835. Cathédrale remarquable.

RAPIN (Nic.), écrivain du XVIe s., né vers 1540 à Fontenay-le-Comte, m. en 1608, fut avocat au parlement de Paris, puis lieutenant de robe courte et grand prévôt de la connétablie. Plein de zèle pour Henri III et pour Henri IV, il combattit vaillamment à la bataille d'Ivry, et fut un des auteurs de la Satire Ménippée. Il a laissé de plus 2 livres d’épigrammes latines, des odes, stances, sonnets, épîtres, et a chanté les Plaisirs du gentilhomme champêtre. Il fit, mais avec peu de succès, la tentative de composer des vers français mesurés comme ceux des Grecs et des Latins. Un recueil de ses Œuvres latines et françaises a paru en 1610, in-4.

RAPIN (René, dit le P.), poëte latin moderne, né à Tours en 1621, m. en 1687, entra chez les Jésuites, et se distingua à la fois comme théologien et comme littérateur ; on disait de lui qu'il servait Dieu et le monde par semestre. Il a composé un grand nombre de poésies latines : odes, églogues sacrées, poëmes; son ouvrage le plus estimé est le poëme des Jardins (Hortorum libri IV), 1665, que l'on place à côté du Prædium de Vanière : il fut traduit en français (par Dourxigné, 1773, et par Voyron et Gabiot, 1782), en anglais, en italien, et a été imité par Delille. On a en outre de lui un poëme sur la Passion, Christus patiens. Ses poésies latines furent réunies en 1681, 2 vol. in-12. Rapin s'exerça aussi comme critique; on a de lui : Comparaison d'Homère et de Virgile, 1668; — de Démosthène et de Cicéron, 1670; — de Platon et d'Aristote, 1671; Réflexions sur l'éloquence, 1672 ; — sur la Poétique d'Aristote, 1674; — sur la Philosophie ancienne et moderne, 1676. Il a laissé plusieurs écrits théologiques, et des Mémoires sur l'Église et la société de 1644 à 1669, publiés en 1865, 3 vol. in-8, par Aubineau.

RAPIN-THOYRAS (Paul), historien, né à Castres en 1661, mort en 1725, était neveu de Pélisson. D'abord avocat, il embrassa ensuite la carrière militaire. Professant le Calvinisme, il fut forcé de quitter la France après l'édit de 1685; il se retira en Angleterre, puis en Hollande, d'où il retourna en Angleterre avec le prince d'Orange, qui devint Guillaume III, fut aide de camp du général Douglas, eut part au siège de Limerick, fit l'éducation du jeune duc de Portland, et se retira à Wesel, où il mourut. Il y rédigea une Histoire d'Angleterre, 8 v. in-8, La Haye, 1724, souvent réimprimée, ouvrage savant et pour lequel il avait amassé d'immenses matériaux, mais hostile au Ca-