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SCOR
SCOT
— 1730 —


de Tib. Gracchus. Dégoûté du séjour de Rome, il se retira à Caïète. Il ne revint à Rome que l’an 129 av. J.-C., lors des troubles excités par C. Gracchus, et se vit attaqué violemment par le tribun Fulvius. Le sénat avait résolu, dit-on, de le créer dictateur pour faire cesser ces troubles, lorsque, au grand étonnement de tous, il fut trouvé mort dans son lit. On soupçonna un crime et l’opinion accusa Sempronie, sa femme, sœur des Gracques, et C. Gracchus lui-même. Scipion Émilien avait autant de vertus que le 1er  Africain. Il entretint avec Lélius une amitié célèbre. Il aimait aussi beaucoup les lettres, et admettait Térence dans son intimité ; on a même prétendu qu’il avait eu quelque part aux comédies de ce poëte.

SCIRON, brigand de la Grèce, fils d’Éaque et beau-frère de Télamon, désolait la route qui conduit de Corinthe à Mégare, dépouillait les voyageurs, les précipitait dans la mer ou les faisait dévorer par des tortues qu’il engraissait ainsi pour en faire sa nourriture. Thésée purgea la terre de ce monstre.

SCIROPHORION, le 12e mois de l’année athénienne, répond à peu près à juin. Pendant ce mois, on célébrait en l’honneur de Minerve les Scirophories, fêtes où l’on portait par la ville les statues de la déesse, sous une espèce de dais appelé en grec skiron.

SCLAVOCHORI, Amyclæ, v. du roy. de Grèce (Laconie), à 9 kil. E. de Misitra. Évêché.

SCODRA, Scutari, anc. v. d’Illyrie, chez les Labéates, était la place forte du roi Gentius. Prise par les Romains, elle devint dans les derniers temps de l’Empire le ch.-l. de la Prévalitane.

SCOLASTIQUE. V. scholastique.

SCOMBI. V. tobi.

SCONE, bg d’Écosse (Perth), sur la Tay, à 3 kil. N. de Perth ; 2 500 hab. Anc. résidence des rois d’Écosse, qui s’y faisaient couronner.

SCOPAS, sculpteur grec, né à Paros vers 460 av. J.-C., remplit l’Ionie, l’Attique, la Béotie et le Péloponèse de ses ouvrages, fraya la route à Lysippe, à Praxitèle, et mérita d’être surnommé l’Artiste de la vérité. Ses chefs-d’œuvre étaient un Mercure et une Bacchante ivre et les sculptures d’une des faces du tombeau de Mausole. Il eut aussi du talent pour l’architecture ; on cite de lui un temple de Minerve Alea, à Tégée, en Arcadie. Quelques-uns lui attribuent, mais sans preuve, le groupe de Niobé et ses enfants, qu’on voit à Florence.

SCOPELOS, c.-à-d. Rocher, île de l’anc. Grèce et du roy. actuel de Grèce, dans les Sporades septentr., entre Sciathos à l’O. et Halonèse à l’E., a env. 12 000 h. ; ch.-l., Scopelo, qui compte 5 000 h. Sol peu fertile, mais bien cultivé : vignes, olives, fruits.

SCOPI, anc. v. de la Mésie supér., auj. Ouskoub.

SCOPPA (l’abbé Ant.), né à Messine en 1762, m. en 1817, vint en France en 1801, fut chargé avec Cuvier et Delambre en 1810 d’examiner l’état des écoles en Italie, revint à Naples après la chute de Bonaparte et y établit des écoles à la Lancastre. On lui doit quelques écrits où se trouvent des idées ingénieuses, mais souvent paradoxales. Le principal, rédigé en français, a pour titre : Les vrais principes de la versification, développés par un examen comparatif entre la langue italienne et la langue française, Paris, 1811-14, 3 vol. in-8 : il y soutient que le français est aussi harmonieux et aussi musical que l’italien.

SCORDISQUES, Scordici, peuple qui, après avoir formé quelques établissements en Pannonie, au S. de la Save et du Danube, et en Thrace, se fixa sur le revers des monts qui bornent au N. la Macédoine. Le Romain Asconius les battit en 135 av. J.-C. En 114, ils égorgèrent le consul Caton et toute son armée et envahirent la Dalmatie ; mais les Romains les refoulèrent bientôt au delà du Danube, et dès lors ils n’eurent plus d’importance.

SCORFF, riv. du Morbihan, naît dans l’arr. de Napoléonville, à 5 kil. de Guéménée, coule au S. O., devient navigable à Pont-Scorff, et se jette avec le Blavet dans la rade de Lorient, après un cours de 63 k.

SCOT (Jean) surnommé Érigène, en latin, Scotus Erigena, c.-à-d. natif d’Érin (anc. nom de l’Irlande), savant moine irlandais du ixe s., l’un des fondateurs de la scolastique, fut appelé en France par Charles le Chauve, et vécut longtemps à la cour de ce prince. Forcé de quitter la France à la demande du pape Nicolas, qui l’accusait d’hérésie, il passa, en 877, sur l’invitation d’Alfred le Grand, à Oxford, où il mourut vers 886. On a de lui un traité de la Prédestination, qu’il composa contre Gotescalc à la prière d’Hincmar, une trad. latine de S. Denys l’Aréopagite, et quelques traités philosophiques, un entre autres De divisione naturæ, où il expose un système voisin du néoplatonisme et du panthéisme, M. St-René Taillandier a composé une savante thèse sur Scot Érigène et la philosophie scolastique, 1843.

scot (Michel), écrivain du xiiie s., né vers 1210 dans le comté de Fife en Écosse, sous le règne d’Alexandre II, m. en 1291 étudia toutes les sciences connues de son temps (philosophie, médecine, chimie, astrologie et autres sciences occultes), et passa pour magicien. Il habita successivement la France, l’Allemagne, où il jouit de la faveur de l’empereur Frédéric II, et l’Angleterre, où Édouard I lui confia diverses missions. On a de lui : Phsysiognomia, Rome, 1477 ; Mensa philosophica, Francfort, 1602 ; Theatrum chimicum, Strasb., 1622. On lui attribue une des plus anciennes traductions latines d’Aristote.

scot (Jean duns-), philosophe scolastique, surnommé le Docteur subtil, né vers 1276 à Dunse près de Berwick en Écosse (d’où ses noms de Duns et de Scot), ou, selon d’autres, à Dunston près d’Almwich dans le Northumberland, pays qui portait aussi le nom de Scotia, étudia à Oxford, entra dans l’ordre des Cordeliers (Franciscains), enseigna avec éclat à Paris et à Cologne, et mourut dans cette dernière ville, en 1308, à peine âgé de 33 ans. Quelques-uns le font naître en 1266 et lui donnent 42 ans. Duns Scot fut un des plus habiles disputeurs de son temps, ce qui lui mérita le surnom sous lequel il est connu. Quoique mort jeune, il laissa une étonnante quantité d’écrits, qui ont été réunis par L. Wadding en 12 v. in-fol., Lyon, 1639 : ce ne sont guère que des commentaires sur Aristote et sur Pierre Lombard. Duns Scot fut en théologie et en philosophie l’adversaire de S. Thomas, et toute l’École, attentive à leurs débats, se partagea en Thomistes et Scotistes. Il admettait le réalisme et disait que les universaux, seuls êtres réels, forment les individus par l’intervention d’un principe particulier qu’il nommait principe d’individuation ou hæccéité ; il soutenait la liberté d’indifférence et faisait dépendre les distinctions morales de la volonté arbitraire de Dieu. On lui a en outre reproché, ainsi qu’à son école, l’abus des distinctions. Sa Vie a été écrite par Wadding, 1644.

SCOTIE, Scotia, nom que les anciens donnèrent d’abord à l’Hibernie, puis à la région septentrionale de l’île de Bretagne, venait des Scots qui habitèrent successivement les deux pays.

SCOTISTES. V. scot (duns-) et thomistes.

SCOTS, Scoti, nation sortie de l’Hibernie, vint habiter de bonne heure le nord de l’île d’Albion ou la Calédonie, et en disputa longtemps la possession aux Pictes, jusqu’à ce que ces deux peuples se confondissent en un seul, vers le ive s. (V. pictes). Toutefois les Scots seuls eurent l’honneur de donner leur nom à l’Écosse (Scotia).

SCOTT (Walter), poëte et romancier, né en 1771 à Édimbourg, m. en 1832, suivit d’abord la carrière du droit, devint shérif du comté de Selkirk (1799), puis greffier des sessions à Édimbourg (1806). Cet emploi, en assurant son existence, le mit à même de se livrer à ses goûts d’antiquaire et de conteur. Il mit en vers de vieilles légendes, et prit bientôt une place honorable parmi les poëtes de la Grande-Bretagne, mais il ne tarda pas à abandonner les vers pour la prose, et c’est surtout alors que son génie prit un libre essor. Waverley, son premier roman,